Les organisations internationales critiquent le manque de coordination dans les recherches de survivants et l’incurie des services publics, six jours après la catastrophe de Derna. Les inondations font courir par ailleurs le risque de propagation des épidémies.

Des organisations humanitaires ont mis en garde contre le risque croissant de propagation de maladies après les inondations qui ont fait des milliers de morts et de disparus dans l’Est de la Libye où les espoirs de retrouver des survivants s’amenuisent samedi, six jours après la catastrophe.

La tempête Daniel qui a frappé dans la nuit de dimanche à lundi la ville de Derna a entraîné la rupture de deux barrages en amont, provoquant une crue fulgurante, de l’ampleur d’un tsunami, le long de l’oued qui traverse la cité, emportant tout sur son passage.

Les flots ont laissé un paysage de désolation, et une grande partie de la ville, sur les deux rives de l’oued, apparaît comme foudroyée par un puissant séisme. Des bâtiments entiers ont été emportés par les flots. D’autres sont à moitié détruits, des voitures sont fracassées contre les murs.

Des organisations humanitaires comme le Secours islamique et Médecins sans frontières (MSF) ont mis en garde contre les risques de propagation de maladies, liés à une éventuelle contamination de l’eau. De nombreuses personnes ont été emportées vers la mer Méditerranée qui a rejeté des dizaines de cadavres en décomposition.

Des responsables du gouvernement de l’Est de la Libye touché par les inondations ont avancé des bilans différents, l’un évoquant au moins 3.840 morts. Mais le nombre de victimes pourrait être beaucoup plus élevé compte tenu du grand nombre de disparus, au moins 10.000, selon une estimation de l’ONU.

Le travail des secours et des équipes de recherche est considérablement entravé par le chaos politique qui prévaut dans le pays d’Afrique du Nord depuis la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, avec deux gouvernements rivaux, l’un à Tripoli (ouest), reconnu par l’ONU et dirigé par le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, et l’autre dans l’Est, affilié au camp du puissant maréchal Khalifa Haftar.

Stéphanie Williams, diplomate américaine et ex-représentante de l’ONU en Libye, a appelé à une intervention internationale urgente, préconisant la création d’un " mécanisme conjoint national/international pour superviser les fonds " d’aide ".

Elle a fustigé sur X (ex-Twitter) une classe politique libyenne " prédatrice " qui a tendance, selon elle, à " utiliser le prétexte de la souveraineté " pour diriger les opérations d’aide " selon ses intérêts ".

Georges Haddad, avec AFP