Paris a dénoncé l’exode " massif " des Arméniens du Haut-Karabakh, " sous l’œil complice de la Russie ". D’éventuelles sanctions à l’encontre de l’Azerbaïdjan ont également été évoquées à l’Assemblée nationale. 

La France a estimé mardi que l’exode " massif " des Arméniens du Nagorny Karabakh, après l’offensive victorieuse de l’Azerbaïdjan, se déroulait " sous l’œil complice de la Russie ", qui avait déployé en 2020 une force de maintien de la paix dans cette région sécessionniste.

" Nous constatons avec beaucoup de préoccupations un départ massif des populations arméniennes du Haut-Karabakh qui s’effectue sous l’œil complice de la Russie ", a déclaré Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors d’un point presse. Elle a rappelé que Paris tiendrait " pleinement responsable l’Azerbaïdjan du sort de la population arménienne ".

La Russie avait parrainé un accord de cessez-le-feu qui a mis fin aux hostilités en 2020 et déploie depuis des soldats de la paix, qui n’ont pas empêché l’offensive de l’Azerbaïdjan contre les séparatistes.

La porte-parole a par ailleurs indiqué que la France apportait " son soutien à l’Arménie ", qui s’efforce d’accueillir plus de 19.000 personnes venant du Nagorny Karabakh.

Elle a rappelé que Paris avait déjà fourni une aide humanitaire de 3 millions d’euros et se tenait prête " à envoyer une aide médicale et une aide d’urgence ".

La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a appelé mardi à " une action diplomatique internationale " face " à l’abandon de l’Arménie par la Russie ". " L’abandon de l’Arménie par la Russie et la complicité de la Russie avec les opérations militaires engagées par l’Azerbaïdjan rendent encore plus nécessaire une action diplomatique internationale ", a estimé la cheffe de la diplomatie lors des questions à l’Assemblée nationale.

L’Union européenne " doit prendre acte de cette réalité, agir avec nous pour le respect de l’intégrité territoriale de l’Arménie et préserver les droits des Arméniens du Haut Karabakh à vivre, s’ils le souhaitent, dans le respect de leurs droits historiques " dans l’enclave, a souligné Catherine Colonna.

Interrogée à l’Assemblée nationale sur de potentielles sanctions à l’encontre de l’Azerbaïdjan, elle a répondu : " la France prendra, dans les jours qui viennent, des initiatives (…) que ce soit à titre national, à titre bilatéral avec l’Arménie, aux Nations unies en qualité de membre permanent du Conseil de sécurité ou au sein de l’Union européenne ".

Catherine Colonna a par ailleurs mis en garde Bakou contre toute entrave de l’aide. " Nous n’accepterons pas que l’aide humanitaire soit entravée et nous nous opposerons à toute tentative de remise en cause de l’intégrité territoriale de l’Arménie. "

Plus tôt, la porte-parole du Quai d’Orsay avait été interrogée sur une réunion organisée à Bruxelles sur cette crise.

Elle avait jugé la position européenne " claire ", avec une condamnation de l’offensive menée la semaine dernière par Bakou et la demande de faire rouvrir le corridor de Latchine, seule voie reliant le Nagorny Karabakh à l’Arménie.

" Les consultations se poursuivent avec nos partenaires européens ", a-t-elle également souligné. " Nous aurons l’occasion de les poursuivre à Grenade ", dans le sud de l’Espagne, début octobre.

L’Union européenne a reçu mardi des hauts représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan. Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev sont, eux, attendus à une réunion de la Communauté politique européenne, qui regroupe une cinquantaine de pays européens, membres de l’UE ou non, le 5 octobre à Grenade.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP