Si les employés de l’administration fédérale et les militaires américains se préparent depuis plusieurs jours à un " shutdown ", une suspension des paiements de leurs salaires pour absence de budget, l’approche de l’échéance leur fait couler des sueurs froides. Le dialogue entre démocrates et républicains semble dans l’impasse. Il paraît donc de plus en plus inévitable que les financements soient coupés le 1ᵉʳ octobre à minuit.

Bientôt licenciés temporairement ou contraints de travailler sans salaire, des fonctionnaires aux États-Unis ont commencé jeudi à recevoir des notifications officielles sur la paralysie du budget de l’État fédéral, qui commencera dès dimanche si les élus du Congrès ne parviennent pas à s’entendre.

Certains ministères ont ainsi informé leur personnel, jeudi matin par e-mail, des conséquences possibles.

Le Capitole bouillonne depuis des jours. Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, le speaker républicain Kevin McCarthy, s’entretient avec des journalistes lors d’un point de presse. (AFP)

" Les employés désignés et prénotifiés seraient temporairement mis au chômage technique, ce qui signifie qu’ils ne seraient pas autorisés à travailler ou à utiliser les ressources du ministère ", a ainsi averti le ministère de la Santé, dans un courrier électronique transmis jeudi matin à des employés.

Il leur faudra alors attendre la fin du " shutdown " pour toucher leur salaire, de manière rétroactive. La plus longue période de paralysie budgétaire aux Etats-Unis avait duré 35 jours en décembre 2018 et janvier 2019.

" Certains d’entre vous seront temporairement mis au chômage tandis que d’autres (…) continueront d’exécuter les tâches qui leur sont assignées ", a également indiqué à ses fonctionnaires le ministère de la Sécurité intérieure, dans un courrier électronique cité par le Washington Post.

Seule solution pour les financements des services fédéraux soient coupés le 1er octobre à minuit: un accord de dernière minute entre démocrates et républicains.

Au Sénat, un compromis a pu être trouvé sur une proposition de budget à court terme qui offrirait quelques semaines supplémentaires pour s’entendre. Il est soutenu par la vaste majorité des élus.

La situation est, en revanche, bloquée à la Chambre des représentants. Une poignée d’élus républicains trumpistes refusent d’apporter leur voix à tout texte qui comporterait une aide financière à l’Ukraine.

La Maison-Blanche n’a de cesse de dénoncer ces élus qui bloquent tout accord, à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle.

Si la majorité des Représentants et des sénateurs des deux partis sont d’accord sur un texte de compromis, le blocage vient d’une poignée d’élus républicains trumpistes extrémistes. (AFP)

Le responsable des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, les a aussi pointés du doigt jeudi et s’en est également pris au chef des républicains à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy.

" Une dizaine d’extrémistes, qui ne se soucient pas du tout de gouverner ni de préserver la démocratie ou la force de l’Amérique dans le monde, ont plus d’influence auprès de (Kevin) McCarthy que la majorité de son parti et que la vaste majorité de la Chambre des représentants qu’il préside ", a-t-il dénoncé.

Avec une grande partie des fonctionnaires au chômage technique, les ministères fonctionneront au ralenti pour une période indéterminée.

Les services considérés comme " essentiels " seraient maintenus. Une paralysie aurait néanmoins des conséquences très importantes dans une multitude de domaines, de l’aide alimentaire qui pourrait être réduite aux parcs nationaux qui ne seraient plus entretenus.

Cela risque aussi de fortement perturber le trafic aérien, puisque contrôleurs aériens et fonctionnaires de l’agence de sécurité dans les transports (TSA) seront concernés.

En matière de transports, un " shutdown " pourrait avoir des conséquences " perturbatrices et dangereuses ", a averti mercredi le secrétaire américain aux Transports, Pete Buttigieg.

Georges Haddad, avec AFP