Le prix Nobel de physique a été décerné à trois chercheurs européens pour leurs travaux, mardi 3 octobre. La Franco-suédoise Anne L’Huillier, le Français Pierre Agostini, et l’Austro-hongrois Ferenc Krausz sont ainsi récompensés par l’institution suédoise pour leurs recherches sur les mouvements ultra-rapides des électrons dans les atomes et molécules.

Le Nobel de physique a consacré mardi la Franco-suédoise Anne L’Huillier, le Français Pierre Agostini, et l’Austro-hongrois Ferenc Krausz pour leurs travaux sur les mouvements ultra-rapides des électrons dans les atomes et molécules.

Les chercheurs ont été récompensés pour avoir créé " des impulsions extrêmement courtes de lumière qui peuvent être utilisées pour mesurer les processus rapides au cours desquels les électrons se déplacent ou changent d’énergie ", indique le jury.

Les avancées des trois physiciens " ont permis d’explorer des processus qui étaient tellement rapides qu’ils étaient auparavant impossibles à suivre ", a-t-il ajouté.

Les scientifiques ont réussi à créer des impulsions de lumière de l’ordre de l’attoseconde. " Une attoseconde est si courte qu’il y en a autant en une seconde qu’il y a eu de secondes depuis la naissance de l’univers ", relève l’Académie suédoise royale des sciences.

" Les impulsions d’une attoseconde peuvent être utilisées pour identifier différentes molécules, par exemple dans des diagnostics médicaux ", poursuit-elle.

Cinquième femme à recevoir le Nobel de physique

A 65 ans, Anne L’Huillier, qui enseigne à l’université de Lund en Suède, est la cinquième femme à recevoir le prix Nobel de physique depuis 1901.

Elle a raconté ce mardi qu’elle avait reçu l’appel du jury alors qu’elle était en train de donner un cours.

" Je suis très touchée, il n’y a pas tant de femmes qui ont obtenu le prix, donc c’est très très spécial ", a-t-elle réagi devant l’Académie.

Elle a aussi expliqué que ses travaux avaient des applications concrètes dans l’industrie des semi-conducteurs et l’imagerie.

" Dans mon travail, je vois deux choses fondamentales. L’une est d’observer les électrons et leurs propriétés. L’autre est beaucoup plus pratique : la radiation que nous produisons est aussi utile pour l’industrie des semi-conducteurs que pour l’imagerie. Donc il y a vraiment une application pratique ", a-t-elle expliqué.

Concernant l’observation des électrons, elle a déclaré que " dans ce type de processus, les électrons ressemblent davantage à des vagues, à des vagues d’eau, et ce que nous essayons de mesurer avec notre technique, c’est la position de la crête de la vague ".

La chercheuse franco-suédoise figurait parmi les favorites, elle avait en effet remporté le prestigieux prix Wolf en 2022, parfois précurseur du Nobel, conjointement avec Ferenc Krausz, 61 ans, et le Canadien Paul Corkum.

Pierre Agostini est professeur à l’Ohio State University aux Etats-Unis. Ferenc Krausz est lui directeur de l’Institut Max Planck en Allemagne.

Des journalistes attendent l’annonce des lauréats du prix Nobel de physique 2023 à l’Académie royale des sciences de Suède à Stockholm, le 3 octobre 2023. (Photo Jonathan NACKSTRAND / AFP)
920.000 euros

L’Académie suédoise avait récompensé l’an dernier le Français Alain Aspect, l’Américain John Clauser et l’Autrichien Anton Zeilinger, pionniers des mécanismes révolutionnaires de la physique quantique.

Avant Anne L’Huillier, quatre femmes seulement ont obtenu le prix Nobel de physique depuis sa création en 1901: Marie Curie (1903), Maria Goeppert Mayer (1963), Donna Strickland (2018) et Andrea Ghez (2020).

Le Nobel de chimie sera décerné mercredi, avant le prix Nobel de littérature jeudi et le prix Nobel de la paix vendredi à Oslo. Le prix Nobel d’économie, décerné pour la première fois en 1969, sera dévoilé lundi 9 octobre.

Pour les lauréats du millésime 2023, le chèque accompagnant le prix est désormais de onze millions de couronnes (920.000 euros), soit la plus haute valeur nominale (dans la devise suédoise) dans l’histoire plus que centenaire des Nobel.

Malo Pinatel, avec AFP