Le Synode des évêques, consultation à huis clos entre plusieurs centaines de membres et d’experts et en présence du pape François, débute mercredi 4 octobre au Vatican. Qualifié de " mini-concile ", cet événement est particulièrement scruté en raison des attentes en direction d’une possible ouverture vers les personnes LGBT+, ainsi que sur la place des femmes, attisant ainsi les craintes des conservateurs.

Accueil des personnes LGBT+ et des divorcés, place des femmes: le Synode des évêques, symposium mondial sur l’avenir de l’Eglise catholique, s’ouvre mercredi au Vatican entre fortes attentes d’ouverture et inquiétude des conservateurs qui craignent un dévoiement de la doctrine.

Fruit d’une consultation des catholiques du monde entier pendant deux ans, cette réflexion de fond sur des thèmes sensibles, comme l’ordination des hommes mariés ou la lutte contre la pédocriminalité, est inédite dans l’histoire récente de l’Eglise, au point de voir ce rassemblement historique qualifié de " mini-concile ".

Jusqu’au 29 octobre, 365 membres ayant le droit de vote et une centaine d’experts débattront chaque jour à huis clos pour livrer des propositions au souverain pontife, qui aura toutefois le dernier mot sur leur éventuelle mise en œuvre.

Vue générale de la basilique Saint-Pierre lors de la messe d’ouverture de la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, sur la place Saint-Pierre au Vatican, le 4 octobre 2023. (Photo Andreas SOLARO / AFP)
Offensive conservatrice

Avant même l’ouverture des travaux, le camp conservateur n’a pas hésité à monter au créneau: cinq cardinaux originaires d’Amérique, d’Afrique, d’Asie et d’Europe ont publiquement demandé au pape de réaffirmer la doctrine catholique sur les couples gays et l’ordination des femmes.

Cette interpellation, intitulée " Doutes " et assortie d’une lettre ouverte aux fidèles face au risque de " confusion " et d' "erreur ", s’inscrit dans une série de réserves et critiques voyant dans ce synode un risque d’aliénation et de perte de repères.

Dans sa réponse, le jésuite argentin semble ouvrir la voie à la bénédiction des couples de même sexe par des clercs, jusqu’ici non reconnue par le Saint-Siège mais pratiquée dans certains pays comme la Belgique.

Si le mariage demeure " une union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme ", " nous ne pouvons pas être des juges qui ne font que nier, rejeter, exclure ", a écrit François.

" La prudence pastorale doit donc discerner correctement s’il existe des formes de bénédiction, demandées par une ou plusieurs personnes, qui ne véhiculent pas une conception erronée du mariage ", nuance-t-il.

Le pape François dirige la messe le jour de l’ouverture de la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, sur la place Saint-Pierre au Vatican, le 4 octobre 2023. (Photo Andreas SOLARO / AFP)
Présence de femmes au synode: une première

Depuis son élection en 2013, l’évêque de Rome s’est attelé à réformer la gouvernance de l’Eglise, qu’il souhaite moins pyramidale et plus proche des fidèles, quitte à susciter de fortes résistances internes.

Principale nouveauté pour cette 16e édition d’une institution consultative créée par Paul VI en 1965, des laïcs et une cinquantaine de femmes pourront voter, une première qualifiée de " révolution ".

Un document préparatoire publié en juin par le Vatican a ainsi relevé une préoccupation " unanime " des catholiques concernant le rôle des femmes, mais aussi des " mesures concrètes pour atteindre les personnes qui se sentent exclues de l’Eglise en raison de leur affectivité et de leur sexualité ".

Les consultations ont mis en exergue des visions divergentes parfois éloignées de celles du Vatican, notamment entre les Eglises allemande et américaine, allant jusqu’à faire craindre un schisme au sein de l’Eglise catholique et de son 1,3 milliard de fidèles.

Signe de la sensibilité du sujet, le Vatican a décidé de limiter la communication sur le contenu des débats, tranchant avec la transparence exigée dans les phases précédentes.

Malo Pinatel, avec AFP