La crise ukrainienne a pris une nouvelle tournure mardi avec de nouvelles déclarations américaines faisant état d’une attaque russe possible " à tout moment " contre l’Ukraine. Pour rendre la situation encore plus explosive, le Département d’Etat américain a annoncé que les troupes russes affluent en grand nombre au Bélarus, une information " confirmée " par Moscou qui annonce à son tour procéder à des " exercices militaires " avec Minsk aux frontières de l’UE et de l’Ukraine. Seule lueur d’espoir d’un possible dénouement diplomatique de cette situation, les Etats-Unis et la Russie ont convenu d’une rencontre des chefs de la diplomatie lundi à Genève.

Par ailleurs, une haute responsable du département d’Etat américain a déclaré tard dans la soirée de mardi à la presse que les Etats-Unis s’inquiètent d’un projet de réforme constitutionnelle au Bélarus qui permettrait un déploiement d’armes nucléaires russes dans ce pays frontalier de l’Ukraine et de la Pologne.

Les exercices militaires russo-bélarusses annoncés mardi par le Bélarus " vont bien au delà du normal " et pourraient annoncer une présence militaire permanente de la Russie dans cette ancienne république soviétique restée un des alliés les plus proches de Moscou, a précisé à la presse cette responsable ayant requis l’anonymat.

" Le fait que nous observions ces mouvements au Bélarus donne clairement aux Russes une nouvelle approche, s’ils décidaient d’entreprendre des actions militaires plus poussées contre l’Ukraine ", a-t-elle jugé.

Dans sa conférence de presse quotidienne, la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki, a exposé les possibles sanctions pouvant être décidées par Washington à l’encontre de Moscou. " Aucune option n’est exclue " côté américain pour répondre à une éventuelle attaque, a averti Jen Psaki, interrogée en particulier, outre sur l’enjeu du gazoduc Nord Stream 2 débouchant en Allemagne, sur une exclusion de la Russie de " Swift ", un système d’échanges bancaires internationaux, qui paralyserait les transactions de ce pays.

En fin de semaine dernière, Washington avait déjà accusé Moscou d’avoir dépêché en Ukraine des agents chargés de procéder à des opérations de " sabotage " afin de créer un " prétexte " pour une invasion.

Ce ton toujours plus alarmiste de la part des Etats-Unis coïncide avec une nouvelle tentative de dialogue avec la Russie.

La diplomatie américaine a ainsi confirmé que le secrétaire d’Etat Antony Blinken rencontrerait son homologue russe, Sergueï Lavrov, vendredi à Genève.

" Il est encore trop tôt pour dire si le gouvernement russe est sincèrement intéressé par la diplomatie, s’il est prêt à négocier sérieusement et de bonne foi, ou s’il utilisera ces discussions comme un prétexte pour affirmer que les échanges diplomatiques n’ont pas tenu compte des intérêts de Moscou ", a commenté une source au département d’Etat sous couvert d’anonymat.

Avant cela, Antony Blinken est attendu mercredi à Kiev où il y était précédé mardi par son homologue canadienne Mélanie Joly, qui a souligné la nécessité de se tenir " aux côtés de l’Ukraine " face à la Russie qui " est l’agresseur ".

" Réponses concrètes "

Le secrétaire d’Etat américain se rendra ensuite à Berlin pour des discussions avec le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne sur l’Ukraine, les Occidentaux ayant prévenu la Russie qu’elle s’exposerait à de graves conséquences en cas d’invasion du territoire ukrainien.

La Russie avait auparavant réclamé mardi des réponses " concrètes " à ses exigences avant tout nouveaux pourparlers sur l’Ukraine.

Des négociations la semaine passée à Genève, Bruxelles et Vienne n’ont jusque-là permis que de constater le fossé séparant Moscou des Occidentaux.

" Nous attendons les réponses qu’on nous a promises (…) afin de poursuivre les négociations ", a dit le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, Moscou exigeant notamment un engagement de l’Otan à ne plus s’élargir.

La Russie nie toute velléité belliqueuse en Ukraine et se dit menacée par le renforcement de l’Otan dans la région.

Mais au cours d’une conférence de presse avec son homologue allemande Annalena Baerbock, M. Lavrov a rejeté la demande occidentale de retirer les dizaines de milliers de soldats russes présents à la frontière ukrainienne, assurant que ces troupes ne menaçaient personne.

" Plus de 100000 soldats russes, équipements et chars ont été déployés près de l’Ukraine sans raison. C’est difficile de ne pas voir cela comme une menace ", a répliqué Mme Baerbock.

Ajoutant aux tensions, Moscou a commencé à envoyer un nombre indéterminé de soldats au Bélarus pour des exercices de préparation au combat aux frontières de l’UE et de l’Ukraine.

Le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomine a signifié aux attachés militaires étrangers en poste dans la capitale russe que ces manœuvres étaient destinées à " repousser une agression extérieure ".

En réponse à une révolution pro-occidentale en Ukraine, la Russie a déjà annexé en 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée et est largement considérée comme étant le parrain militaire de séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, théâtre d’une guerre depuis près de huit ans.

En plus d’un traité bannissant tout élargissement de l’Otan, en particulier à l’Ukraine et la Géorgie, une autre ex-république soviétique, Moscou réclame que les Américains et leurs alliés renoncent à organiser des manœuvres et des déploiements militaires en Europe de l’Est.

Ces revendications sont jugées inacceptables par les Occidentaux, qui veulent néanmoins poursuivre les discussions pour éviter un conflit armé aux conséquences imprévisibles.

Par ailleurs, le Royaume-Uni a annoncé l’envoi d’armements, comme des missiles antichars, à l’Ukraine, tandis que Kiev se plaignait du manque d’empressement des Occidentaux à accroître leur aide militaire. Le Kremlin a dénoncé ces livraisons à venir.

L’UE et Washington ont prévenu la Russie qu’elle serait la cible de sanctions très importantes en cas d’agression de l’Ukraine, une menace balayée par le Kremlin.

Avec AFP

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