Le prix Martin Ennals, une distinction pour la défense des droits humains du nom du premier secrétaire général d’Amnesty International, a pour la première fois été décerné mercredi à trois militants à la fois, issus du Vietnam, de Bahreïn et du Burkina-Faso.
Jusqu’à présent, le jury, composé de représentants de dix des plus importantes organisations de défense des droits humains, n’avait jamais été partagé.
En 2022, il " a choisi trois figures inspirantes du mouvement des droits humains. Le courage est leur point commun ", a expliqué le président du jury, Hans Thoolen, dans un communiqué.
Au Vietnam, le prix revient à la célèbre journaliste Pham Doan Trang qui a lutté pour la liberté d’expression et les droits civils avant d’être arrêtée en octobre 2020, puis " condamnée à neuf ans de prison pour propagande contre l’État ", selon les organisateurs du prix. Son état de santé suscite de " vives inquiétudes ".
" Pham Doan Trang a été une source d’inspiration pour de nombreux autres militants et journalistes au Vietnam, où la liberté d’expression est considérée comme une menace ", a souligné Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie à Human Rights Watch.
Egalement lauréat, le Dr Daouda Diallo, pharmacien de formation, milite pour les droits humains au Burkina Faso et documente sans relâche " les violences commises dans son pays secoué par les affrontements féroces qui opposent les forces gouvernementales, les groupes paramilitaires locaux et les factions islamistes ".
Il a fondé le Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC).
" Le message d’unité porté par Dr Diallo visant à réconcilier les différents groupes ethniques et confessionnels constitue une véritable source d’inspiration dans un pays en proie à l’extrême pauvreté et une faible gouvernance ", estiment les organisateurs du prix.
Enfin, le prix a également été attribué au Bahreïni Abdul-Hadi Al-Khawaja, qui a été condamné à la prison à vie pour avoir voulu renverser la monarchie. Il avait été arrêté avec des responsables de l’opposition en avril 2011, à l’issue d’un mois de protestations visant à obtenir des réformes politiques.
" Sa détermination, son courage et sa résilience m’émeuvent ", a déclaré Guadalupe Marengo, membre du jury et directrice du programme mondial des défenseurs des droits humains à Amnesty International.
Depuis sa création en 1992, le prix Martin Ennals, qui est soutenu par la ville de Genève, a été attribué à plus de 60 défenseurs des droits humains originaires de plus de 35 pays. Les lauréats reçoivent une somme comprise entre 20.000 et 30.000 francs suisses (entre 19.250 et 28.900 euros).