Le Premier ministre israélien a rejeté, une nouvelle fois, la possibilité d’un cessez-le-feu à Gaza, devenu selon l’ONU "un cimetière pour les enfants". Il a par ailleurs promis de porter la "responsabilité générale de la sécurité" après la guerre qui entre mardi dans son deuxième mois.

"Il n’y aura pas de cessez-le-feu général, à Gaza, sans la libération de nos otages", déclare Benjamin Netanyahou dans un entretien télévisé avec la chaîne américaine ABC News lundi soir, au cours duquel il a aussi affirmé qu’Israël portera "pour une durée indéterminée, la responsabilité générale de la sécurité" dans le territoire palestinien après la guerre.

Car "lorsque nous n’avons pas cette responsabilité en matière de sécurité, nous assistons à l’éruption de la terreur du Hamas", ajoute-t-il.

L’Autorité palestinienne doit prendre le contrôle de la bande de Gaza après la guerre, mais seulement sous la surveillance des forces de sécurité israéliennes, déclare Yaïr Lapid, chef de l’opposition, à KAN Reshet B mardi matin.

Auparavant, Oussama Hamdane, un haut responsable du mouvement islamiste palestinien au Liban, avait affirmé que le Hamas resterait à Gaza et n’accepterait pas "un gouvernement de Vichy" dans ce territoire qu’il contrôle depuis 2007, en référence au régime collaborationniste français sous l’occupation nazie lors de la Seconde Guerre mondiale.

Les propos de Netanyahou interviennent après que le patron de l’ONU Antonio Guterres a réclamé un "cessez-le-feu humanitaire", "plus urgent à chaque heure qui passe" dans le petit territoire palestinien, transformé en "cimetière pour les enfants".

Pour le chef du Croissant-Rouge palestinien, Younis al-Khatib, "nous assistons chaque jour à des crimes contre l’humanité. Des milliers et des milliers de civils sont tués (…) Nos hommes ont été tués. Nos volontaires ont été tués".

Les bombardements israéliens contre le territoire palestinien, lancés en représailles de l’attaque menée le 7 octobre sur son sol par le Hamas, ont fait 10.022 morts, en majorité des civils dont plus de 4.000 enfants, selon le bilan du ministère de la Santé du Hamas lundi.

Guterres a également réitéré sa condamnation des "actes terroristes odieux" du Hamas le 7 octobre et fustigé le mouvement palestinien qui utilise "les civils comme boucliers humains et continue à tirer des roquettes vers Israël sans distinction".

Plus de 1.400 personnes ont péri en Israël d’après les autorités, majoritairement des civils tués le jour de l’attaque du Hamas, la plus meurtrière de l’histoire du pays. Le mouvement islamiste palestinien a également fait plus de 240 otages, emmenés à Gaza.

La Maison-Blanche a annoncé que le président Joe Biden avait évoqué avec Netanyahou la "possibilité de pauses tactiques (des combats) pour donner aux civils la possibilité de quitter en sécurité les zones de combats, s’assurer que l’aide parvienne aux civils dans le besoin et permettre la potentielle libération d’otages".

Les affrontements au sol les plus intenses se déroulent dans le nord du territoire, où se trouve la ville de Gaza, désormais encerclée et qui abrite, selon Israël, le "centre" du Hamas. L’armée a également affirmé avoir coupé en deux le territoire, entre nord et sud.

Les bombardements israéliens éprouvent durement les 2,4 millions de Palestiniens, piégés dans le territoire de 362 km2 et privés de livraisons d’eau, d’électricité et de nourriture, en raison du siège imposé par Israël depuis le 9 octobre. Ils ont aussi poussé sur les routes 1,5 million de personnes, selon l’ONU.

Guterres a déploré lundi l’aide humanitaire insuffisante arrivant par Rafah, point de passage avec l’Égypte. Avec 569 camions depuis le 21 octobre, "le goutte à goutte d’aide n’est rien face à l’océan de besoins".

La bande de Gaza, d’où Israël s’est retiré en 2005 après une occupation de 38 ans, était déjà soumise à un blocus israélien depuis l’arrivée au pouvoir en 2007 du Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël.

Maria Chami, avec AFP