L’ultralibéral Javier Milei, élu dimanche président d’Argentine en proposant une "thérapie de choc" pour la troisième économie d’Amérique latine à l’inflation record, sera confronté à des défis économiques majeurs, mais aussi de gouvernance et de paix sociale.

Avec 55,7% des voix, Javier Milei a battu son rival, le ministre de l’Économie Sergio Massa, qui a obtenu 44% des voix et a rapidement reconnu sa défaite. "Aujourd’hui commence la reconstruction de l’Argentine. Aujourd’hui commence la fin du déclin de l’Argentine", soutient M. Milei dans son discours de victoire. "Le modèle de décadence est arrivé à son terme. Il n’y a pas de retour en arrière possible."

La troisième économie d’Amérique latine a subi des décennies de crises sous des gouvernements interventionnistes qui ont recours à la planche à billets pour financer leurs dépenses, ce qui alimente l’inflation, tout en empruntant massivement pour ensuite faire défaut sur leur dette. L’accès aux dollars est strictement contrôlé, ce qui donne lieu à un marché noir florissant pour les billets verts et les analystes avertissent que le peso est mûr pour une forte dévaluation.

Le "traitement de choc" promis pour équilibrer les comptes vise à réduire à la "tronçonneuse" la dépense publique (de 15%) et les privatisations, pour parvenir à la discipline budgétaire requise par le FMI, auquel le pays s’éreinte à rembourser le prêt de 44 milliards de dollars octroyé en 2018.

Il prône aussi la fin des subventions chroniques (transports, énergie), une libéralisation des prix et la suppression des taxes à l’export. M. Milei préconise "un ajustement beaucoup plus dur" que celui demandé par le FMI.

Cette volonté de tarir la dépense publique soulève le problème de l’impact social, dans un pays où 40% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et 51% reçoivent une forme d’aide ou subside.

Les chefs d’État et personnalités politiques latino-américaines et mondiales ont félicité l’ultralibéral Javier Milei pour son élection à la présidence de l’Argentine dimanche.

Brésil
Le président brésilien de gauche Lula a souhaité "bonne chance et succès" au nouveau gouvernement argentin, sans mentionner le nom de M. Milei, dans un message publié sur le réseau social X.

"Je souhaite bonne chance et succès au nouveau gouvernement. L’Argentine est un grand pays qui mérite tout notre respect. Le Brésil sera toujours disponible pour travailler avec nos frères argentins", a écrit Luiz Inacio Lula da Silva, que M. Milei avait qualifié de "communiste corrompu".

L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro (2019-2022) a félicité dimanche le président élu argentin et estimé que "l’espoir brille à nouveau" dans la région.

L’ancien leader d’extrême droite brésilien a ajouté espérer que les "bons vents atteindraient les États-Unis et le Brésil" afin que "l’honnêteté, le progrès et la liberté reviennent".

Chili
Le président du Chili Gabriel Boric a salué "Javier Milei pour sa victoire et Sergio Massa pour avoir dignement reconnu sa défaite".

"Au peuple argentin, je souhaite le meilleur et je sais que vous aurez toujours notre respect et notre soutien. En tant que président du Chili, je travaillerai sans relâche pour que nos nations sœurs restent unies", a déclaré le président de gauche dans son message de félicitations.

Colombie
Déplorant une victoire de l’extrême droite "triste pour l’Amérique latine", le président de la Colombie Gustavo Petro, issu de la gauche radicale, a néanmoins félicité Javier Milei.

"L’extrême droite a gagné en Argentine, c’est la décision de sa société. C’est triste pour l’Amérique latine et nous verrons (…). Les relations entre la Colombie et l’Argentine, les liens entre leurs peuples seront maintenus dans le respect mutuel. Je félicite Milei. Et nous attendons du progressisme argentin les évaluations qui permettront aux peuples latino-américains de tirer les leçons de l’histoire", a déclaré M. Petro.

Paraguay 
"Au nom du peuple paraguayen, je salue le peuple argentin frère pour cette journée électorale exemplaire", a déclaré le président conservateur du Paraguay Santiago Peña.

"Je félicite Javier Milei pour sa victoire et j’offre la main cordiale et fraternelle du Paraguay pour renforcer les relations entre nos pays. Au grand peuple argentin, salut", a ajouté l’économiste conservateur.

États-Unis 
Les États-Unis "félicitent le président-élu de l’Argentine Javier Milei pour sa victoire aux élections" de dimanche, a déclaré le secrétaire d’État Antony Blinken saluant "la forte participation et le déroulement pacifique du scrutin".

Cette élection est un "témoignage" de la solidité "des institutions électorales et démocratiques de l’Argentine", a mis en avant M. Blinken dans un communiqué, ajoutant que les États-Unis "se réjouissent de travailler avec le président-élu Milei et son gouvernement sur des priorités communes".

L’ex-président américain Donald Trump a félicité dimanche l’ultralibéral Javier Milei pour son élection à la présidence de l’Argentine, estimant qu’il allait "transformer" son pays.

"Je suis très fier de toi. Tu vas transformer ton pays et faire de l’Argentine à nouveau un grand pays", a écrit M. Trump sur son réseau social Truth Social, avant la publication des résultats officiels.

Russie
L’ambassadeur de Russie en Argentine, Dmitry Feoktistov, a déclaré que "la future administration a beaucoup à faire pour surmonter les problèmes sociaux et économiques", selon l’agence d’État Tass.

Feoktistov a également dit espérer "que l’adhésion à la multipolarité, la politique étrangère indépendante et la protection ferme des intérêts nationaux se poursuivront".

Maria Chami, avec AFP