Selon les autorités irakiennes, des assaillants ayant participé à l’attaque du 8 décembre contre l’ambassade américaine à Bagdad auraient des liens avec les forces de l’ordre, selon un communiqué publié jeudi 14 décembre. La présence américaine en Irak est régulièrement visée par des milices pro-iraniennes.

Les autorités irakiennes ont annoncé jeudi avoir interpellé plusieurs des assaillants ayant participé à l’attaque contre l’ambassade américaine à Bagdad, précisant que parmi les auteurs de ces tirs de roquettes "certains ont des liens avec certains services de sécurité".

Des salves de roquettes avaient été tirées à l’aube du 8 décembre contre l’ambassade américaine dans la capitale irakienne sans faire de blessés, dans un contexte de tensions régionales accrues alimentées par la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien.

Jamais revendiquée, cette attaque contre l’ambassade à Bagdad a été la première rapportée depuis que des groupes armés pro-Iran avaient lancé, à la mi-octobre, des frappes similaires contre les soldats américains ou les forces de la coalition internationale antijihadiste, en Irak ou en Syrie voisine.

"Selon des informations préliminaires, certains" des assaillants "ont malheureusement des liens avec certains services de sécurité", a indiqué dans un communiqué un porte-parole du Premier ministre irakien, le général Yehia Rasool, évoquant l’attaque contre l’ambassade américaine.

Les autorités ont arrêté "ceux qui ont aidé les criminels et leur ont apporté un soutien logistique pour arriver à la zone d’où l’attaque a été menée, puis assurer leur fuite", ajoute le communiqué.

Un responsable des services de sécurité à Bagdad, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat en raison de la sensibilité du dossier, a fait état de 13 personnes interpellées, dont des membres des forces de sécurité.

"Coordination étroite"

Les États-Unis ont salué jeudi ces "premières mesures", le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, rappelant à l’occasion que Washington avait exigé que "le gouvernement irakien prenne des mesures pour enquêter sur les attaques contre notre ambassade et que les responsables rendent des comptes".

Le jour même de l’attaque, un porte-parole de l’ambassade américaine avait estimé qu’elle portait la marque "des milices alignées sur l’Iran, qui opèrent librement en Irak".

Les factions pro-Iran sont ulcérées par le soutien apporté par Washington à Israël dans sa guerre contre le Hamas, déclenchée le 7 octobre par une attaque meurtrière sans précédent du mouvement islamiste sur le sol israélien.

Au total, Washington a recensé au moins 92 attaques contre les troupes américaines et les forces de la coalition internationale en Irak et en Syrie depuis le 17 octobre, soit dix jours après le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

La plupart de ces attaques ont été revendiquées par la "Résistance islamique en Irak", nébuleuse formée par des combattants enrôlés dans des groupes affiliés au Hachd al-Chaabi.

Cette coalition d’anciens paramilitaires est intégrée aux forces de l’ordre.

"Sans ingérence étrangère"

Les arrestations interviennent deux jours après une conversation téléphonique entre le Premier ministre, Mohamed Chia al-Soudani, et le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.

M. Soudani avait réitéré "l’engagement de l’Irak à protéger les missions diplomatiques" et les conseillers de la coalition internationale, selon un communiqué de ses services.

"Les forces de sécurité ont toutes les capacités pour effectuer leur devoir et retrouver les auteurs d’attaques contre les missions diplomatiques", avait-il souligné. "Sans aucune ingérence étrangère".

Car en représailles des attaques des groupes pro-Iran, le Pentagone a effectué plusieurs frappes contre des combattants en Irak, de même qu’en Syrie contre des sites liés à l’Iran.

Porté au pouvoir par une majorité parlementaire pro-Iran, le gouvernement Soudani est contraint de se livrer à un délicat exercice d’équilibriste pour préserver les liens stratégiques unissant son pays à Washington.

Vendredi, après l’attaque contre l’ambassade américaine, la coalition pro-Iran du Parlement, le Cadre de coordination, avait dénoncé ces tirs de roquettes et apporté son soutien aux procédures intentées par le gouvernement.

Washington compte environ 2.500 soldats en Irak et près de 900 en Syrie qui combattent l’organisation État islamique (EI) avec une coalition internationale antijihadiste lancée en 2014.

En Irak, la coalition assure que son engagement se limite à un rôle d’assistance et de conseil aux forces locales.

Malo Pinatel, avec AFP