L’Afrique du Sud a accusé Israël, jeudi, d’avoir violé la Convention des Nations unies sur le génocide, affirmant que même l’attaque du Hamas ne pouvait justifier de telles violations présumées à Gaza.

"Aucune attaque armée sur le territoire d’un État, aussi grave soit-elle (…) ne peut justifier une violation de la convention", a ainsi affirmé le ministre sud-africain de la Justice, Ronald Lamola, devant la Cour internationale de justice (CIJ) où se tenait, jeudi, la première audience dans le cadre de la plainte déposée par l’Afrique du Sud devant cette juridiction de l’ONU contre Israël.

Pretoria avait saisi en urgence la Cour qui siège à La Haye pour qu’elle enjoigne à Israël de "suspendre immédiatement ses opérations militaires" dans la bande de Gaza, une confrontation judiciaire historique qualifiée d’"absurde" et d’"atroce" par Israël.

L’Afrique du sud estime, dans ce contexte, qu’Israël rompt ses engagements pris en vertu de la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de l’Holocauste.

La campagne de bombardements menée par Israël vise à "la destruction de la vie des Palestiniens" et pousse les Palestiniens "au bord de la famine", a affirmé à cet égard Adila Hassim, avocate de l’Afrique du Sud. "Les génocides ne sont jamais déclarés à l’avance, mais cette cour bénéficie des treize dernières semaines de preuves qui montrent de manière incontestable un modèle de comportement et d’intention qui justifie une allégation plausible d’actes génocidaires", a-t-elle déclaré.

En tant que cosignataire du traité, l’Afrique du Sud peut poursuivre Israël devant la CIJ, qui statue sur les différends entre États. Dans sa requête de 84 pages, elle a souligné être "consciente" du "poids particulier de la responsabilité" que représente le fait d’accuser Israël de violer la Convention sur le génocide.

À ce stade, "la cour ne déterminera pas si un génocide est en train de se dérouler à Gaza", a souligné Cecily Rose, professeure en droit international à l’université de Leyde aux Pays-Bas. "Elle évaluera seulement s’il existe un risque de préjudice irréparable aux droits garantis par la Convention sur le génocide, en particulier le droit des Palestiniens de Gaza à être protégés contre les actes qui menacent leur existence en tant que groupe", a-t-elle expliqué à l’AFP.

"Bras juridique" du Hamas

Commentant l’audience, le ministère israélien des Affaires étrangères a affirmé que l’Afrique du Sud se comportait comme "le bras juridique de l’organisation terroriste Hamas". "Elle cherche à permettre au Hamas de commettre de nouveau les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les crimes sexuels qu’il a perpétrés de façon répétée le 7 octobre", lit-on dans un communiqué du ministère.

Qualifiant les avocats de l’Afrique du Sud de "représentants du Hamas" à la CIJ, Israël a estimé que cette audience est "l’une des plus grandes démonstrations d’hypocrisie de l’histoire, aggravée par une série d’affirmations fausses et dénuées de fondement".

L’Afrique du Sud "a complètement ignoré le fait que les terroristes du Hamas se soient introduits en Israël et aient assassiné, exécuté, massacré, violé et enlevé des citoyens israéliens uniquement parce qu’ils étaient Israéliens, dans une tentative de commettre un génocide", selon le communiqué. "L’État d’Israël continuera de protéger ses citoyens en conformité avec la loi internationale", a encore écrit le ministère.

Maria Chami, avec AFP