Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a affirmé, jeudi 18 janvier, que son agence était comme "prise en otage" en Iran. Selon lui, la montée des tensions avec la guerre Israël-Hamas incite Téhéran à renforcer les restrictions de son personnel.

L’Iran restreint "d’une manière sans précédent" la coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, laquelle est comme "prise en otage", déplore son directeur général Rafael Grossi à l’AFP.

L’instance peine depuis 2021 à contrôler le programme nucléaire iranien qui ne cesse de monter en puissance, bien que Téhéran nie toute intention de fabriquer une bombe atomique.

"C’est une situation très frustrante. Nous continuons nos activités là-bas, mais au minimum", décrit Rafael Grossi dans un entretien accordé jeudi à l’AFP en marge de la réunion du Forum économique mondial à Davos. "Ils restreignent la coopération d’une manière sans précédent."

En particulier, "certains de nos inspecteurs ont été exclus des équipes à cause de leur nationalité", raconte-t-il. "Ce sont certains de nos meilleurs inspecteurs.  C’est donc une façon de nous punir pour des raisons extérieures – quand il y a quelque chose qui ne leur plaît pas, quand la France, le Royaume-Uni ou les États-Unis disent quelque chose qui ne leur plaît pas."

"C’est comme s’ils prenaient l’AIEA en otage en fonction de leurs disputes politiques avec d’autres" pays, une situation "inacceptable", dénonce-t-il. Les Iraniens "doivent laisser à l’agence tous les accès dont elle a besoin".

"Diplomatie, diplomatie, diplomatie"

L’Iran avait ralenti, au cours de l’année dernière, son rythme de production d’uranium enrichi à 60%, ce qui avait été vu comme un geste positif, alors que des pourparlers informels avaient repris avec les États-Unis. Mais, fin 2023, il a de nouveau accéléré.

"Il y a un plateau en ce moment", selon M. Grossi, "mais cela peut changer dans quelques jours, on ne sait jamais".

L’animosité entre Washington et Téhéran est remontée d’un cran avec le conflit entre Israël et le Hamas, que Washington et Téhéran s’accusent mutuellement d’aggraver.

"La détérioration de la situation politique là-bas a des répercussions directes, en ce sens que les tensions sont exacerbées, que les positions se cristallisent et deviennent plus tendues, qu’il y a moins de flexibilité. Et c’est un cercle vicieux", regrette M. Grossi.

"Diplomatie, diplomatie, diplomatie": cela reste pourtant pour lui la solution. "Nous devons continuer à parler, nous devons empêcher la situation de se détériorer jusqu’à parvenir au point où il sera impossible de s’en extraire."

"Je n’exclurais pas de retourner en Iran", dit-il, mais la situation doit, selon lui, se discuter à "un très haut niveau".

Avec AFP