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- Le ministre yéménite de l’Information fait le procès des Houthis
Le ministre yéménite de l’Information, Mouammar al-Iryani, fait le point pour Ici Beyrouth de la ligne de conduite déstabilisatrice des Houthis en mer Rouge et à Bab el-Mandeb. Pour lui, ces actions n’ont aucun lien avec les événements à Gaza, mais font le jeu de l’agenda iranien.
Quel est le véritable objectif des frappes des Houthis contre le trafic maritime en mer Rouge? Est-il vrai qu’elles ont pour but de soutenir Gaza?
Il est important de préciser que les actes de piraterie et les attaques maritimes menées par la milice houthie contre les navires marchands et les pétroliers en mer Rouge et dans le détroit de Bab el-Mandeb ne sont pas un phénomène nouveau. En 2016, les Houthis avaient lancé des missiles sur la marine américaine près du détroit de Bab el-Mandeb.
En 2017, ils ont eu recours à des navires piégés télécommandés pour attaquer le port d’Al-Mokha en mer Rouge. En 2018, ils ont mené des attaques contre des navires battant pavillon saoudien dans le port d’Al-Hodeida et, le 3 janvier 2022, ils ont saisi le navire émirati Rwabee qui transportait des aides médicales à un hôpital de campagne dans l’archipel de Socotra, au large des côtes sud du Yémen. Ils ont également pris pour cible le terminal pétrolier de Nushayma, dans la province de Chabwa, et le port d’Al-Dabba, dans la province de Hadramaout. Et, à la mi-novembre 2022, ils ont attaqué un pétrolier à Chabwa, comme ils ont planté d’une façon anarchique des centaines de mines maritimes dans les eaux territoriales yéménites.
Ces opérations terroristes n’ont donc aucun lien avec les événements à Gaza, que les Houthis prennent comme prétexte et couverture pour mener leurs actes de piraterie et menacer les intérêts internationaux. Et ce, afin d’exécuter l’agenda iranien et montrer que la mer Rouge et le détroit de Bab el-Mandab sont sous le contrôle de Téhéran.
Nous avons suivi de près les déclarations accordées par des responsables iraniens à des agences de presse, dont celle du ministre iranien de la Défense, le général Mohammad-Reza Gharaei Ashtiani. Ces déclarations, qui ont dévoilé les véritables motifs de ces attaques, ont fait apparaître au grand jour les tentatives des Houthis de présenter une couverture politique et morale à leurs actions terroristes, dans le but de gagner une sympathie populaire.
À votre avis, les frappes aériennes ponctuelles des États-Unis et de la Grande-Bretagne contre des rampes de lancement de missiles vont-elles décourager les Houthis?
Le gouvernement yéménite a fait assumer aux milices houthies la responsabilité entière des frappes militaires contre les territoires yéménites qu’ils contrôlent, du fait du ciblage systématique des couloirs de transport maritime et du commerce international. Cela, à un moment où les Yéménites attendaient un signal de paix, afin de montrer que l’organisation terroriste des Houthis constitue un instrument d’exécution de l’agenda iranien dans sa tentative de déstabiliser la sécurité et la stabilité au Yémen et dans la région.
Soyons clair, les frappes aériennes sont un message de coercition, mais elles ne suffisent pas pour mettre un terme aux agressions terroristes de cette milice, qu’il s’agisse des crimes et des violations à l’encontre des Yéménites ou encore des attaques contre les voies maritimes internationales. Nous avons suivi l’escalade dans les dernières attaques, ainsi que le tir d’un missile balistique iranien que les Houthis ont lancé contre le pétrolier Marlin Luanda à partir des régions placées sous leur contrôle et qui a failli causer une catastrophe écologique et économique.
À votre avis, les États-Unis sont-ils sérieux dans leur action visant à mettre fin au contrôle par les Houthis des couloirs maritimes, principalement le détroit de Bab el-Mandab?
Les dernières mesures prises par l’administration américaine, au nombre desquelles la nouvelle classification des Houthis comme une «entité terroriste», revenant ainsi sur une décision antérieure de lever cette classification, ont été favorablement accueillies par le Yémen au niveau officiel et populaire. C’est une mesure importante qui doit être suivie par d’autres afin que la décision soit définitive.
Depuis le soulèvement au Yémen, en 2015, et jusqu’à la trêve, conclue sous l’égide des Nations unies en 2022, la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen, menée par l’Arabie saoudite, a fait échouer des centaines d’attaques de la milice houthie contre des navires marchands et des pétroliers dans les corridors maritimes internationaux. Elle a également neutralisé ses menaces et sécurisé la navigation en mer Rouge et à Bab el-Mandeb.
De son côté, l’armée, avec le soutien et l’aide de la coalition, a réussi à libérer 80% des territoires yéménites et près de 90% de la côte qui s’étend sur près de 2.200 km le long de la mer d’Arabie, du Golfe d’Aden, de Bab el-Mandeb et de la mer Rouge. Elle était sur le point de libérer l’ensemble de la côte, n’étaient les pressions internationales pour arrêter cette opération militaire initiée pour libérer la ville d’Al-Hodeïda et ses trois ports.
Au lieu d’apprécier ces efforts considérables pour protéger cet important couloir international, la communauté internationale a exercé, tout le long des années de guerre, de fortes pressions sur la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen et du gouvernement yéménite légal pour empêcher de trancher la guerre visant à recouvrer l’État et à faire échec au coup d’État. Un veto a aussi été imposé à la présence de l’armée nationale qui était aux portes de la ville de Sanaa et au port de Houdeïda, prétextant le coût humanitaire de la guerre. De plus, la classification de la milice houthie comme une entité terroriste a été annulée et l’exportation d’armement offensif au royaume a été suspendue.
Tout au long des années de guerre, la communauté internationale a fait la sourde oreille aux appels lancés par le gouvernement, mettant en garde contre les risques des ingérences iraniennes qui déstabilisent la sécurité et la stabilité du Yémen et de la région, sachant que les Yéménites, les États et les populations de la région en ont payé le prix fort. Le monde s’est ainsi retrouvé en confrontation directe avec le terrorisme iranien et son instrument houthi en mer Rouge, dans le détroit de Bab el-Mandeb et dans le golfe d’Aden. C’est le résultat des faux calculs et de l’attitude qui consistait à faire fi des mises en garde concernant la complaisance à l’égard de la milice et de son maintien en tant que suppôt iranien sur la côte.
Le ministre yéménite de l’Information Mouammar al-Iryani. Photo DR
À votre avis, quelles sont les mesures qui doivent être prises pour mettre un terme au comportement des Houthis? Et que réclamez-vous de la communauté internationale?
Comme nous l’avons déjà mentionné, les opérations militaires ponctuelles ne limiteront pas le danger houthi pour la sécurité et la stabilité au Yémen, dans la région et dans le monde. Il faudrait une action ferme pour mettre un terme au terrorisme systématique exercé par Téhéran et ses instruments dans la région, principalement les Houthis.
Il faudrait développer une stratégie globale pour neutraliser le danger que représente cette milice terroriste sur la sécurité et la stabilité au Yémen, dans la région et dans le monde, la mettre hors d’état de nuire et faire face au terrorisme systématique et à la menace qu’elle représente et dont les pays et les peuples de la région font les frais. Il faudrait aussi lui faire parvenir un message clair, selon lequel son attitude destructrice ne restera pas sans conséquences, en la classant comme une entité terroriste, en asséchant ses sources de revenus, en annihilant ses soutiens politiques et médiatiques et en imposant des contraintes au commerce et aux relations internationales avec cette milice. Il faudrait également élaborer des lois imposant des sanctions aux dirigeants des Houthis, geler leurs avoirs et leur interdire de voyager.
Parallèlement, il faudrait consacrer les efforts pour accorder un soutien véritable au Conseil de commandement présidentiel, sous la conduite du président Rashad Muhammad al-Alimi, et renforcer les capacités du gouvernement légal sur les plans politique, économique et militaire. Cela permettrait de remettre sur pied l’État pour qu’il étende son autorité sur l’ensemble du territoire yéménite.
Comment décrivez-vous la situation au Yémen, aujourd’hui?
La crise au Yémen n’est plus «occultée» comme on avait l’habitude de le dire durant les années 2015-2023. Les vagues d’attaques sur les navires marchands en mer Rouge et à Bab el-Mandeb ont permis de braquer les feux de l’actualité sur le Yémen. Celui-ci ploie sous le poids de la guerre enclenchée par le coup d’État des Houthis et la menace que constitue cette milice appuyée par l’Iran sur la sécurité et la stabilité régionale et mondiale. Une menace que le monde a toujours ignorée, minimisant les mises en gardes lancées à ce sujet.
Depuis leur émergence, en 2004, les Houthis ont eu recours à la force et à la violence illégitimes pour créer un climat de terreur, de soumission et de menaces à l’encontre de l’État et de la société. Après avoir contrôlé le pouvoir à la suite d'un coup d’État en 2014, la milice a utilisé les moyens de l’État contre ses adversaires et ses concurrents dans les régions placées sous son contrôle. Elle a eu recours à la discrimination raciale et sectaire pour réaliser ses objectifs politiques. Durant toute la période du coup d’État, les Houthis se sont impliqués dans des activités terroristes. Les attaques meurtrières contre les civils, l’usage des armes lourdes, des missiles balistiques et des drones fabriqués en Iran pour bombarder les villes, les enlèvements, les prises d’otage, la liquidation des prisonniers, la torture et le viol des prisonnières, la destruction des habitations, le pillage des propriétés, l’enrôlement des enfants, l’installation de mines, la répression des libertés, la restriction de la liberté des femmes, la diffusion d’idées extrémistes… autant d’actions qui montrent une tendance claire à un comportement terroriste.
La communauté internationale a toutefois continué d’ignorer les Houthis, les atrocités qu’ils commettent envers les civils au Yémen, leurs activités terroristes dont l'impact dépasse les frontières yéménites, déstabilisant la sécurité et la stabilité dans toute la région, et qui constituent une menace pour la paix et la sécurité mondiales.
Comment décrivez-vous la relation entre le Yémen et le Liban?
La relation du Yémen avec la République libanaise est étroite et historique. Nous nous sommes adressés au gouvernement libanais et au ministère de l’Information pour qu’ils ferment les chaînes et les médias relevant de la milice houthie, qui émettent des territoires libanais où ils ont établi leur siège. Ces médias œuvrent à l’incitation et à la diffusion d’un discours de discorde et de haine parmi les Yéménites. Nous leur avons demandé le gel des activités terroristes.
Nous sommes conscients de la spécificité de la situation libanaise sur le plan interne. Nos frères du Liban pâtissent des ingérences iraniennes autant que le Yémen. Nous souhaitons que le Liban recouvre sa vitalité et son rôle dans son environnement arabe et musulman et qu’il redevienne le joyau de l’Orient.
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