Un centre-ville ravagé, des tirs près des hôpitaux et une population en fuite: Khan Younès était le théâtre, mercredi, de combats acharnés sur fond d’appels de l’ONU à maintenir l’aide à Gaza de son agence pour les réfugiés palestiniens.

Dans la nuit, des témoins ont fait état de frappes nourries sur Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza où les forces israéliennes au sol tentent de défaire les combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Selon le ministère de la Santé de Gaza, 125 personnes ont été tuées de mardi, en fin de journée, jusqu’à mercredi matin.

Les équipes de l’hôpital Al-Amal, un des plus importants de la ville avec le centre médical Nasser, ont rapporté des combats non loin de l’établissement et une pénurie de nourriture.

"Nous avons quitté l’hôpital Nasser sans matelas, sous les bombardements et frappes aériennes. Nous ne savions pas où aller, on ne nous a pas donné d’endroit précis où aller. Nous sommes dans le froid, livrés à nous-mêmes, sans tentes ni rien pour survivre", a dit une Palestinienne ayant fui pour Rafah, plus au sud.

À Khan Younès, un reporter de l’AFP se déplaçant avec les forces israéliennes a témoigné d’un centre-ville détruit, avec des immeubles éventrés sur un sol boueux et de soldats qui s’enfoncent dans des tunnels.

Conséquences catastrophiques

Dans le territoire dévasté et assiégé par Israël, en proie à une crise humanitaire majeure, les bombardements ont poussé 1,7 million de Palestiniens, selon l’ONU, sur un total de 2,4 millions d’habitants, à fuir leur foyer.

Ajoutant à la détresse de la population, les opérations d’aide aux civils de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) sont menacées après qu’Israël a accusé 12 des 30.000 employés régionaux de l’agence onusienne d’implication dans l’attaque du 7 octobre.

À la suite des accusations contre des employés de l’Unrwa, treize pays, dont les États-Unis, le premier bailleur, ont suspendu leur contribution en attendant que l’agence fasse toute la lumière sur l’implication présumée de ses employés dans les attaques.

"Ces décisions (…) vont avoir des conséquences catastrophiques pour la population de Gaza. Aucune autre entité n’a la capacité de fournir une aide de cette ampleur" à une population qui en a "si urgemment besoin", ont fait valoir dans la nuit des chefs d’agences de l’ONU.

Aucune autre organisation n’est "capable de remplacer ou de se substituer à la capacité énorme et au tissu de l’Unrwa", a déclaré de son côté la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour les Territoires palestiniens, Sigrid Kaag, après une réunion à huis clos du Conseil de sécurité.

Le Hamas en Égypte?

En parallèle de cette polémique, les États-Unis, l’Égypte et le Qatar s’activent en coulisses pour tenter de convaincre Israël et le Hamas de s’engager dans une nouvelle trêve, après celle d’une semaine en novembre qui avait permis la libération d’otages à Gaza en échange, entre autres, de prisonniers palestiniens écroués en Israël.

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a confirmé mardi que son mouvement avait reçu une proposition de trêve, résultat d’une réunion à Paris entre le directeur de la CIA, William Burns et des responsables égyptiens, israéliens et qatariens.

"Le Hamas examine la proposition" et prépare sa réponse, a-t-il indiqué, en ajoutant que des dirigeants du mouvement avaient été invités à se rendre en Égypte "pour discuter de l’accord-cadre issu de la réunion de Paris" et de sa "mise en œuvre".

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a cependant affirmé, mardi, qu’Israël ne "retirerait pas l’armée de la bande de Gaza" et ne libèrerait pas "des milliers de terroristes" palestiniens, en échange d’otages.

Adel Zaanoun et Nicolas Garcia/AFP