Les frappes américaines qui ont tué dans la nuit du 2 au 3 février au moins 23 personnes en Syrie et 16 autres en Irak, en majorité des combattants pro-iraniens, ont provoqué de vives réactions dans les deux pays. De quoi, potentiellement, remettre en cause la présence militaire des États-Unis dans la région, en particulier en Irak.

" L’occupation de certaines parties du territoire syrien par les forces américaines ne peut plus durer ", ont ainsi déclaré les autorités syriennes, affirmant leur " détermination à libérer l’ensemble du territoire syrien du terrorisme et de l’occupation ".

L’Irak a estimé pour sa part que la présence sur son sol d’une coalition internationale antijihadiste menée par Washington était " devenue une menace pour la sécurité et la stabilité " du pays. La diplomatie irakienne a annoncé plus tard qu’elle allait convoquer le chargé d’affaires américain à Bagdad pour lui remettre une " lettre officielle de protestation ".

Le 25 janvier dernier, l’Irak et les États-Unis avaient déjà annoncé de prochaines discussions sur l’avenir de la coalition internationale antijihadiste, en vue d’aboutir à un calendrier permettant une réduction de ses effectifs. Depuis plusieurs semaines, le Premier ministre irakien Mohammed Chia al-Soudani fait régulièrement état de sa volonté de voir les troupes américaines quitter son pays.

Quelque 900 soldats américains sont déployés en Syrie et 2.500 en Irak voisin dans le cadre de la coalition créée pour combattre le groupe Etat islamique lorsque ce dernier contrôlait des pans entiers de territoires syrien et irakien.

La défaite de l’EI en Syrie a été proclamée en 2019 (et en Irak en 2017), mais la coalition est restée dans le pays pour lutter contre des cellules jihadistes qui continuent d’y mener des attaques.

La Maison Blanche a assuré que les Etats-Unis avaient " prévenu le gouvernement irakien avant les frappes ", ce que Bagdad a démenti samedi.

Les Etats-Unis ont mené des frappes visant des forces d’élite iraniennes et des groupes pro-iraniens en Irak et en Syrie, en représailles à une attaque de drone le 28 janvier en Jordanie qui avait tué trois militaires américains. Cette attaque a été attribuée par Washington à des groupes soutenus par l’Iran.

Et ces frappes ne pourraient être que le début. " Notre riposte a commencé aujourd’hui. Elle continuera selon le calendrier et aux endroits que nous déciderons ", a fait savoir le président américain Joe Biden.

Plusieurs autres pays ont réagi négativement aux attaques américaines. " L’attaque de la nuit dernière est une action aventureuse et une autre erreur stratégique de la part des Américains, qui n’aura d’autre résultat que d’intensifier les tensions et l’instabilité dans la région ", a ainsi réagi un porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, qui n’a pas précisé si des ressortissants de son pays avaient été tués.

De son côté, la diplomatie russe a condamné samedi les frappes de représailles américaines menées en Syrie et en Irak, accusant Washington de croire en " son impunité " et de " semer le chaos et la destruction " au Proche-Orient. " Nous condamnons fermement ce nouvel acte flagrant d’agression américano-britannique contre des États souverains. Nous nous efforçons d’examiner d’urgence la situation dans le cadre du Conseil de sécurité de l’ONU ", a indiqué un communiqué de la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a également condamné samedi les frappes nocturnes américaines en Syrie et en Irak, estimant que les Etats-Unis " mettaient de l’huile sur le feu " au Proche-Orient et étaient " pleinement responsables " des répercussions éventuelles.

Avec AFP

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