L’armée israélienne a proposé un plan d’évacuation des civils dans la bande de Gaza, a annoncé lundi le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, toujours déterminé à lancer une offensive militaire contre la ville surpeuplée de Rafah.

De nombreux pays, dont les États-Unis, principal allié d’Israël, et organisations humanitaires, ont mis en garde contre une opération terrestre à Rafah, où s’entassent, selon l’ONU, près de 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés, dans des conditions extrêmement précaires.

Adossée à la frontière fermée de l’Égypte, la ville est aussi un point d’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
L’armée "a présenté au cabinet de guerre un plan pour l’évacuation des populations des zones de combat dans la bande de Gaza, ainsi que le plan d’opérations à venir", a indiqué le bureau du Premier ministre dans un communiqué. Aucun détail n’a toutefois été fourni sur les modalités d’une évacuation ni sur les endroits d’une relocalisation.

Alors que des pourparlers en vue d’une trêve ont repris au Qatar, M. Netanyahou veut lancer une opération terrestre contre Rafah qu’il présente comme le "dernier bastion" du mouvement islamiste Hamas. Une offensive ne serait que "retardée" si une trêve en cours de négociation était conclue, a-t-il déclaré dimanche sur la chaîne américaine CBS. Il a affirmé, qu’en lançant cette opération, Israël sera "à quelques semaines" d’une "victoire totale" sur le mouvement islamiste.

Le ministère de la Santé à Gaza a annoncé lundi que 92 Palestiniens avaient été tués dans des frappes nocturnes. Selon le bureau de presse du Hamas, 15 des victimes étaient membres d’une même famille.

Forcés de manger du fourrage

Dans son communiqué, le bureau de Benjamin Netanyahou a aussi annoncé que le cabinet de guerre avait approuvé un plan de fourniture d’aide humanitaire "qui empêchera les pillages", sans plus de détails.

Des Palestiniens de Gaza ont confié ces derniers jours à l’AFP être forcés de manger des feuilles, du fourrage pour le bétail, voire d’abattre des animaux de trait pour se nourrir.

"Dans les dix prochains jours, beaucoup de gens vont mourir. Ils mourront de faim, pas des bombardements", a déclaré Marwan Awadieh, un habitant.

"Tuer notre peuple en l’affamant est un crime de génocide qui menace tout le processus de négociations", a affirmé à l’AFP un responsable du Hamas dans le nord de Gaza.

Une famine peut encore être "évitée" à Gaza si Israël permet aux agences humanitaires d’y faire entrer "une aide significative", a affirmé dimanche le commissaire général de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

Un "terrain d’entente"

De nombreux pays, y compris les États-Unis, principal allié d’Israël, et l’ONU, s’inquiètent du sort de la population à Rafah en cas d’offensive terrestre. "Il y a de la place" pour que les civils "aillent au nord de Rafah, dans les zones où nous avons terminé le combat", a affirmé M. Netanyahou sur CBS.

Les pays médiateurs tentent parallèlement d’arracher aux deux parties un compromis en vue d’une trêve.

Des représentants égyptiens, qataris et américains, ainsi que d’Israël et du Hamas, ont repris dimanche à Doha les négociations qui "seront suivies de réunions au Caire", selon une télévision proche du renseignement égyptien, AlQahera News.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a affirmé dimanche qu’un "terrain d’entente" a été trouvé lors d’une récente réunion à Paris entre des représentants d’Israël, des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar, sur les "contours" d’un possible accord portant sur la libération des otages et "un cessez-le-feu temporaire".

L’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, est par ailleurs attendu à Paris mardi ou mercredi pour évoquer les négociations en cours avec le président français Emmanuel Macron.

D’après une source du Hamas, les discussions portent sur la première phase d’un plan élaboré en janvier par les médiateurs, qui prévoit une trêve de six semaines associée à la libération d’otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi que l’entrée à Gaza d’une importante quantité d’aide humanitaire.

Mais pour conclure un accord, Israël exige au préalable la libération de tous les otages et a prévenu qu’une pause dans les combats ne signifiait pas la fin de la guerre.

Le Hamas réclame de son côté un cessez-le-feu complet, le retrait des troupes israéliennes de Gaza, la levée du blocus imposé par Israël depuis 2007 et un abri sûr pour les centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.

Adel Zaanoun avec Emmanuel Duparcq à Jérusalem / AFP