Le président français Emmanuel Macron a réuni lundi plus de 25 pays alliés de l’Ukraine à Paris, appelant à une action concertée face à l’escalade des tensions avec la Russie. Cette réunion intervient dans un contexte critique pour l’Ukraine, qui attend avec impatience un soutien occidental crucial pour sa survie.

Le président français Emmanuel Macron a réuni lundi à Paris plus de 25 pays alliés de Kiev qu’il a appelés à un " sursaut " face à un " durcissement manifeste " de Moscou, à un moment critique pour l’Ukraine en attente des armes occidentales nécessaires à sa survie.

Juste avant cette conférence au palais présidentiel de l’Élysée, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky a posé le décor à distance, déplorant n’avoir " malheureusement " reçu que 30% du " million d’obus que l’Union européenne " a " promis " à l’Ukraine.

" Ensemble nous devons faire en sorte que Poutine ne puisse pas détruire ce que nous avons réalisé et ne puisse pas étendre son agression à d’autres pays, a également lancé M. Zelensky, dans une vidéo pré-enregistrée diffusée devant les 21 chefs d’État et de gouvernement réunis autour d’Emmanuel Macron, dont l’Allemand Olaf Scholz, le Polonais Andrzej Duda et le Slovaque Robert Fico, avec également le chef de la diplomatie britannique David Cameron et des représentants américain et canadien.

" Nous sommes à coup sûr au moment d’un sursaut qui est nécessaire de notre part à tous ", a exhorté le chef de l’État français au début de ce sommet qui devait se poursuivre à huis clos, avant sa conférence de presse finale dans la soirée.

Il a expliqué que la réunion organisée à la hâte, juste après le deuxième anniversaire de l’invasion russe de l’Ukraine déclenchée le 24 février 2022, visait à " voir sur le plan national et collectif comment nous pouvons faire plus ", en " soutien budgétaire " comme " militaire ".

Depuis qu’il a reçu Volodymyr Zelensky il y a dix jours à l’Elysée pour signer un accord de sécurité bilatéral, Emmanuel Macron peint un tableau très sombre des intentions de son homologue russe Vladimir Poutine et tente de se positionner en première ligne de l’appui apporté à Kiev.

" Nous voyons, et tout particulièrement ces derniers mois, un durcissement de la Russie ", " qui s’est malheureusement cruellement illustré avec la mort d’Alexeï Navalny ", le principal opposant russe, a réaffirmé lundi M. Macron. Il a aussi réitéré ses accusations autour de cyberattaques de Moscou et sur des campagnes de désinformation.

" Sur le front ukrainien, les positions sont de plus en plus dures et nous savons aussi que la Russie prépare des attaques nouvelles, en particulier pour sidérer l’opinion ukrainienne ", a-t-il averti.

Il a également fait état d’un " consensus " chez de nombreux dirigeants et personnalités européens sur le fait " que d’ici à quelques années, il fallait s’apprêter à ce que la Russie attaque " leurs pays.

La victoire ou la défaite de l’Ukraine " dépendent de vous ", a lancé dimanche à ses alliés le président ukrainien qui multiplie les appels pressants.

Les Ukrainiens accumulent depuis quelques semaines les revers dans l’Est, notamment avec la perte il y a plus d’une semaine de la ville forteresse d’Avdiïvka, et, ce lundi, leur retrait du village de Lastotchkyné, près de là.

 

Pas de " lassitude "

À un moment où la guerre totale de la Russie contre l’Ukraine est entrée dans sa troisième année et que l’aide américaine, cruciale pour Kiev, est bloquée au Congrès par les Républicains de Donald Trump, les Européens veulent faire " plus et mieux ", selon l’Élysée.

" La Russie du président Poutine ne doit pas compter sur une quelconque lassitude des Européens ", avait déjà assuré samedi sur le réseau social X Emmanuel Macron.

" Il s’agit de contredire l’impression que les choses sont en train de se déliter, de réaffirmer que nous ne sommes pas fatigués et que nous sommes déterminés à faire échec à l’agression russe. Nous voulons envoyer le message clair à Poutine qu’il ne l’emportera pas en Ukraine ", insiste la présidence française.

Au cœur des discussions, la question lancinante des fournitures d’armes.

" Les armes promises doivent arriver sur le front. Notre soutien à long terme doit se poursuivre ", a lancé sur X la Première ministre estonienne Kaja Kallas à son arrivée à Paris.

Plusieurs pays, dont la France, l’Allemagne et l’Italie, ont signé des accords de sécurité bilatéraux avec Kiev ces dernières semaines mais l’UE, qui a livré depuis le début de la guerre pour 28 milliards d’euros d’aide militaire, peine à tenir ses engagements, en particulier en matière d’obus.

" Les Européens ont les moyens de faire des choses significatives ", a relevé vendredi l’ex-diplomate américaine Debra Cagan au cours d’une conférence du centre de réflexion américain The Atlantic Council.

Mais " si l’Ukraine avait déjà eu les avions de combat F16, si elle avait les (missiles) Taurus de l’Allemagne, nous verrions un conflit entièrement différent aujourd’hui ", a-t-elle ajouté.

Avec AFP