Les alliés du président russe Vladimir Poutine ont été prompts à saluer sa réélection pour six années supplémentaires, à 87% du suffrage, selon des résultats quasi-complets, les résultats officiels devant être annoncés jeudi. Les Occidentaux ont, de leur côté, dénoncé un simulacre de démocratie.

Londres a ainsi déploré l’absence d’élections "libres et équitables" en Russie. Le chef de la diplomatie britannique, David Cameron, a dénoncé sur X "l’organisation illégale d’élections sur le territoire ukrainien, l’absence de choix pour les électeurs" et "l’absence de contrôle indépendant de l’OSCE", l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.

En Norvège, pays frontalier de la Russie dans le Grand Nord, le ministre des Affaires étrangères, Espen Barth Eide, a déclaré que "la soi-disant élection en Russie n’a été conduite de manière ni libre ni équitable". Il a également dénoncé le fait qu’une partie du scrutin ait eu lieu "dans une zone de l’Ukraine qui est illégalement occupée par la Russie", jugeant que "c’est une violation grave du droit international". Il a salué les Russes "qui osent encore œuvrer pour (…) une Russie meilleure et différente".

Paris a, quant à elle, regretté lundi matin que "les conditions d’une élection libre, pluraliste et démocratique" n’aient pas été "une nouvelle fois" réunies en Russie. Le ministère français des Affaires étrangères a salué "le courage des nombreux citoyens russes ayant manifesté pacifiquement leur opposition à cette atteinte à leurs droits politiques fondamentaux".

Peu avant une réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré lundi que la réélection de M. Poutine est basée sur "la répression et l’intimidation" et "n’a pas été un scrutin libre et juste". L’UE a également souligné dans un communiqué qu’elle ne reconnaîtra pas le résultat des élections "illégales" qui ont eu lieu dans les territoires ukrainiens sous contrôle russe.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, a estimé, dimanche soir, que la présidentielle russe n’a "aucune légitimité". Alors que la guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine est entrée dans sa troisième année, il a souligné que Vladimir Poutine est "ivre de pouvoir et fait tout ce qu’il peut pour régner éternellement".

Idem pour la Pologne qui a jugé dimanche que "l’élection présidentielle en Russie n’est pas légale, libre et équitable". Le scrutin s’est déroulé "dans un contexte de répressions sévères" et dans les régions occupées de l’Ukraine, en violation du droit international, selon son ministère des Affaires étrangères.

La République tchèque a, quant à elle, dénoncé "une farce et une parodie". Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky, a espérant, dans une déclaration sur X, qu’"un jour les Russes voteront lors d’un scrutin libre et démocratique".

En Italie, le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a estimé dimanche sur X que "les élections en Russie n’ont été ni libres ni régulières et elles ont concerné également des territoires ukrainiens occupés illégalement". "Nous continuons à travailler pour une paix juste qui porte la Russie à mettre un terme à la guerre d’agression contre l’Ukraine, dans le respect du droit international", a-t-il ajouté.

Enfin, l’Allemagne a dénoncé "une élection sans choix" montrant "l’action infâme de Poutine contre son propre peuple". En outre, a ajouté la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, "organiser de soi-disant élections dans certaines parties de l’Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie est contraire au droit international".

Les alliés de la Russie

Par contre, la victoire de Vladimir Poutine a été saluée par le président chinois Xi Jinping qui a estimé, dans un message de félicitations, rapporté par la télévision d’État chinoise CCTV, que cette réélection "prouve le plein soutien des Russes". Le ministère chinois des Affaires étrangères s’est de son côté dit convaincu que les relations "continueront à progresser" entre les deux pays, "partenaires de coopération stratégique globale" qui marquent cette année le 75ᵉ anniversaire de leurs relations diplomatiques.

Même son de cloche chez le président iranien Ebrahim Raïssi qui "a sincèrement félicité Vladimir Poutine pour sa solide victoire et sa réélection à la présidence de la Fédération de Russie", selon l’agence de presse officielle IRNA.

De leur côté, les dirigeants du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba et de Bolivie ont, dès dimanche soir, félicité M. Poutine. "Notre frère aîné a triomphé, ce qui est de bon augure pour le monde", a ainsi estimé le président vénézuélien Nicolas Maduro.

Le président de la Republika Srpska (l’entité serbe de Bosnie), Milorad Dodik, a, pour sa part, salué sur X la victoire d’"un ami sur lequel nous pouvons compter".

Avec AFP