La Russie et la Chine ont mis leur veto vendredi à une résolution américaine soulignant la "nécessité d’un cessez-le-feu immédiat" à Gaza. L’ambassadeur russe notamment a dénoncé un texte "hypocrite" qui n’appelle pas directement à faire taire les armes. La France reste cependant déterminée à trouver "un accord" au Conseil de sécurité de l’ONU.

"La Chine et la Russie ne voulaient simplement pas voter pour un projet rédigé par les États-Unis, parce qu’ils préfèrent nous voir échouer plutôt que de voir le Conseil de sécurité réussir", a fustigé l’ambassadrice américaine, Linda Thomas-Greenfield, dénonçant une décision "cynique".Depuis le début de la guerre, les Américains s’étaient systématiquement opposés à l’utilisation du terme "cessez-le-feu" dans les résolutions de l’ONU, bloquant trois textes en ce sens.Mais ils avaient finalement décidé de mettre aux voix ce vendredi un texte qui notait "la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et durable pour protéger les civils de tous côtés, permettre la fourniture de l’aide humanitaire essentielle". Le projet de résolution soutient sans équivoque les efforts diplomatiques internationaux pour parvenir à un tel cessez-le-feu en lien avec la libération des otages encore détenus.Alors que les États-Unis sont sous pression de la communauté internationale pour atténuer leur soutien à Israël, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait qualifié cette initiative mercredi de "signal fort".

Mais le texte, qui a recueilli 11 voix favorables, trois voix contre (Russie, Chine et Algérie) et une abstention (Guyana), n’utilise pas les mots "appelle" ou "demande", au grand dam de la Russie.

"Alors que Gaza a quasiment été effacée de la carte, la représentante américaine, sans sourciller, assure que Washington reconnait le besoin d’un cessez-le-feu", a lancé l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia.

Il a dénoncé le "spectacle hypocrite" des États-Unis qui ont essayé de "vendre à la communauté internationale un produit totalement différent, une formulation diluée".

Le projet de texte américain d’autre part condamnait "tous les actes de terrorisme, y compris les attaques du Hamas du 7 octobre" contre Israël.

Cela aurait été la première fois que le Conseil de sécurité aurait condamner spécifiquement ces attaques sans précédent qui ont entraîné la mort d’au moins 1.160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Les deux résolutions humanitaires adoptées par le Conseil, ainsi que celles de l’Assemblée générale, ne mentionnaient pas le Hamas, une absence systématiquement fustigée par Israël.

Après ce rejet du texte américain, il est probable, selon des sources diplomatiques, qu’un texte alternatif de plusieurs membres non permanent du Conseil soit mis au vote plus tard dans la journée.

La France n’a pas pour autant baissé les bras. Le président français Emmanuel Macron a ainsi exprimé vendredi sa volonté de trouver "un accord" au Conseil de sécurité de l’ONU, après le veto de la Russie et la Chine.

"Il faut maintenant que le Conseil de sécurité se prononce sur un cessez-le-feu immédiat et un accès humanitaire. Après le veto posé par la Russie et la Chine il y a quelques minutes, nous allons reprendre sur la base du projet de résolution français au Conseil de sécurité et travailler avec nos partenaires américains, européens, arabes en ce sens pour trouver un accord", a-t-il déclaré à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles.

"Je pense que ce projet, s’il est, comme nous avons commencé à le faire, travaillé avec plusieurs partenaires régionaux, en particulier du monde arabe, peut lever les vetos qui se sont exprimés sur la proposition américaine", a poursuivi Emmanuel Macron, citant comme partenaires la Jordanie et les Émirats arabes unis.

Il a estimé que le travail diplomatique mené avec ces pays pouvait aider à "convaincre la Chine et la Russie de ne pas mettre un veto".

Le texte américain vu par l’AFP "exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat pour le mois du ramadan" et la libération immédiate de tous les otages, alors que l’offensive israélienne a fait près de 32.000 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé à Gaza.

Le Conseil, largement divisé sur le dossier israélo-palestinien depuis des années, n’a pu adopter depuis le 7 octobre sur ce dossier que deux résolutions, essentiellement humanitaires. Sans grand résultat: l’entrée de l’aide à Gaza reste largement insuffisante et la famine plane.

Plusieurs résolutions plus politiques ont été rejetées par des vétos américains d’un côté, russe et chinois de l’autre, ou par un nombre de voix insuffisant.