Au moins 40 personnes ont été tuées et plus de 100 ont été blessées lors d’une fusillade dans une salle de concert non loin de Moscou. L’attaque a été revendiquée par le groupe jihadiste, État Islamique (EI)

Tard dans la soirée de vendredi, le groupe jihadiste, État islamique (EI), a revendiqué l’attaque contre une salle de concert dans la banlieue de Moscou, où au moins 40 personnes ont été tuées et plus de cent autres ont été blessées, selon un premier bilan.

Des combattants de l’EI "ont attaqué un grand rassemblement (…) dans les environs de la capitale russe Moscou", a affirmé ce groupe sur l’un de ses comptes Telegram.

Plusieurs individus armés avaient lancé une attaque vendredi en début de soirée contre le Crocus City Hall, une salle de concert située à Krasnogorsk, une banlieue au nord-ouest de la capitale russe.

Les services de secours russes, cités par l’agence Interfax, ont fait état d’un "groupe de deux à cinq personnes non identifiées portant des uniformes tactiques et armées d’armes automatiques" qui ont "ouvert le feu sur les agents de sécurité à l’entrée de la salle de concert " puis " commencé à tirer sur le public".

Selon un journaliste de l’agence de presse publique Ria Novosti, des individus en tenue de camouflage ont fait irruption sur le parterre de la salle de concert avant d’ouvrir le feu et de lancer " une grenade ou une bombe incendiaire, ce qui a provoqué un incendie ".

" Les personnes qui se trouvaient dans la salle se sont allongées sur le sol pour se protéger des tirs, pendant 15 à 20 minutes, après quoi elles ont commencé à sortir en rampant. Beaucoup ont réussi à sortir ", a indiqué ce journaliste de Ria Novosti.

Des opérations ont été menées pour " sauver des personnes se trouvant sur le toit du bâtiment, à l’aide d’équipements de levage ".

L’attaque n’avait pas été revendiquée dans l’immédiat. Des soupçons pesaient sur l’Ukraine, balayés d’emblée par les États-Unis, un porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby, ayant affirmé qu’il n’y avait pas d' "indications " sur une éventuelle implication ukrainienne dans l’attentat. " Nous sommes en pensée aux côtés des victimes de la terrible attaque ", a-t-il dit, évoquant des " images horribles et difficiles à regarder ".

La présidence ukrainienne devait s’empresser de nier toute implication dans l’attaque. L’Ukraine "n’a absolument rien à voir" dans la fusillade, a déclaré un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, en désignant l’attaque comme étant un "acte terroriste". "L’Ukraine n’a jamais utilisé de méthodes de guerre terroristes", a-t-il insisté.

Les services de renseignements militaires ukrainiens ont accusé le Kremlin et ses services d’avoir orchestré l’attaque meurtrière. "L’attentat terroriste de Moscou est une provocation planifiée et délibérée des services spéciaux russes sur ordre de (Vladimir) Poutine. Son objectif est de justifier des frappes encore plus dures contre l’Ukraine et une mobilisation totale en Russie", a assuré le GUR, estimant que l’attaque "doit être comprise comme une menace de Poutine de provoquer l’escalade et d’étendre la guerre".

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a dénoncé un "attentat terroriste sanglant" et un "crime monstrueux", alors que les forces de l’ordre russes ont indiqué être "à la recherche" des assaillants responsable de l’attaque.

"Des unités spéciales de la garde nationale russe travaillent sur le site de l’attaque terroriste du Crocus City Hall. Elles sont à la recherche des criminels et évacuent les citoyens du bâtiment", a indiqué la garde nationale, Rosgvardia, sur son compte Telegram.

Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a annoncé l’annulation de tous les événements publics. Selon le ministère russe des Situations d’urgence, les pompiers sont parvenus à évacuer une centaine de personnes qui se trouvaient dans le sous-sol de la salle de concert.

Tard dans la soirée, la France a dénoncé des "actes odieux" et demandé que toute la lumière soit faite sur l’attaque. "Les images qui nous parviennent depuis Moscou sont terribles", a réagi le ministère français des Affaires étrangères dans un message posté sur X. "Nos pensées vont aux victimes et blessés et au peuple russe".

 

 

Hommes armés

Selon l’agence de presse TASS, environ un tiers du bâtiment est en feu. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent le toit du bâtiment en feu, de larges volutes de fumée noire s’échappant vers le ciel.

Les forces de l’ordre se sont immédiatement déployées sur place, selon les agences russes. Cette attaque s’est produite lors d’un concert du groupe de rock russe Piknik, dont les membres ont été évacués, a encore rapporté TASS.

Les chaînes Telegram d’actualités Baza et Mash, réputées proches des forces de l’ordre, ont publié des vidéos montrant au moins deux hommes armés avançant dans le hall et d’autres sur lesquelles on voit des cadavres et des groupes de personnes se précipitant vers la sortie.

D’autres images montrent des spectateurs se cachant derrière des sièges ou en train d’évacuer la salle de concert.

Moscou et d’autres villes russes ont déjà été la cible d’attentats perpétrés par des groupes islamistes, mais il y a également eu des incidents sans motif politique clair.

Au début du mois, l’ambassade des États-Unis en Russie a averti que "les extrémistes ont des plans imminents pour cibler les grands rassemblements à Moscou", y compris les concerts.

En 2002, des combattants tchétchènes avaient pris en otage 912 personnes dans le théâtre moscovite de la Doubrovka pour réclamer le retrait des troupes russes de Tchétchénie.

La prise d’otages s’était achevée par un assaut des forces spéciales, et la mort de 130 personnes, la quasi-totalité asphyxiée par le gaz utilisé par les forces de l’ordre.

Cette attaque intervient en outre alors que la Russie mène depuis deux ans un assaut sur son voisin ukrainien et qu’elle est la cible d’attaques de combattants russes anti-Kremlin depuis plusieurs jours dans les régions frontalières de l’Ukraine.

 

Avec AFP