Le président français Emmanuel Macron conclut une visite d’État au Brésil, ce jeudi, en abordant les divergences avec son homologue brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, sur l’Ukraine et en rejetant l’accord commercial UE-Mercosur.

Le président français Emmanuel Macron achève jeudi une visite d’État de trois jours au Brésil sur un volet plus politique, avec en ligne de mire le désaccord avec son homologue Luiz Inacio Lula da Silva sur l’Ukraine.

Déjà mercredi, le chef de l’État a enfoncé le clou sur un autre sujet qui fâche en proclamant, devant des entrepreneurs brésiliens, que l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie) devait être enterré.

L’accord UE-Mercosur "tel qu’il est aujourd’hui négocié est un très mauvais accord, pour vous et pour nous", a affirmé M. Macron à Sao Paulo (sud-est), la capitale économique.

"Bâtissons un nouvel accord (…) qui soit responsable du point de vue du développement, du climat et de la biodiversité", a-t-il défendu alors que le Brésil, poids lourd du Mercosur, souhaite la conclusion de ce traité, tout comme certains partenaires européens clés comme l’Allemagne et l’Espagne.

"Nous devrions exploiter au maximum les opportunités en vue d’échanges plus importants entre l’Union européenne et le Mercosur. Nous avons encore du temps", a répondu le ministre brésilien de l’Économie, Fernando Haddad, mercredi, à Sao Paulo.

"Fermeté"

Avant de "mettre les pieds dans le plat" sur l’accord UE-Mercosur, Emmanuel Macron avait célébré, avec son homologue brésilien, la "force" du partenariat bilatéral en assistant au baptême du troisième sous-marin brésilien de conception française sur le chantier naval d’Itaguai, près de Rio.

Cela "va permettre que deux pays importants, chacun dans un continent, se préparent pour que l’on puisse faire face à l’adversité", a lancé Lula.

Évoquant "une même vision du monde", M. Macron a jugé qu’"il nous faut parfois savoir tenir le langage de la fermeté pour protéger la paix".

Le président Macron a aussi souligné que la France continuerait à se tenir "aux côtés" du Brésil alors qu’il compte réaliser son premier sous-marin nucléaire d’attaque. Mais le projet accumule les retards.

"Si le Brésil veut avoir accès aux connaissances de la technologie nucléaire, ce n’est pas pour faire la guerre", mais pour soutenir les pays "qui veulent la paix", a assuré Lula.

Sud global

Pour le dernier jour de sa visite, jeudi, le président français sera accueilli dans la capitale Brasilia par Lula pour des échanges dominés par les grands enjeux internationaux.

Macron devrait rappeler toute la place que le G20, présidé cette année par le Brésil, doit selon lui continuer à accorder à la guerre en Ukraine.

Lula, qui se pose en champion du "Sud global", martèle pour sa part que les responsabilités sont partagées en Ukraine et refuse de prendre parti contre la Russie.

Il faut "savoir défendre avec crédibilité l’ordre international auquel nous croyons", a jugé le président français sur le site du chantier naval, sans toutefois citer l’Ukraine.

Le président brésilien persiste aussi à accuser Israël de "génocide" envers les Palestiniens à Gaza, tout comme l’Afrique du Sud.

La France n’est pas sur cette ligne parce que cela ne correspond pas à la "vérité sur le terrain", a réitéré dernièrement Emmanuel Macron.

Valérie Leroux, avec AFP