Donald Trump est devenu, lundi, le premier ex-président américain à comparaître devant la justice pénale, pour un procès à New York qui pourrait se conclure moins de six mois avant son duel électoral contre Joe Biden.

Comme à son habitude, juste avant l’audience au tribunal de Manhattan, le candidat républicain a dénoncé une "persécution politique" ourdie par l’administration du président démocrate, qualifiant son procès "d’attaque contre l’Amérique".

Il est ensuite entré dans la salle du tribunal où il s’est assis, une expression de profonde gravité sur le visage, engageant un intense conciliabule avec son avocat sans prêter attention au procureur Alvin Bragg.

Le milliardaire est poursuivi pour des paiements destinés à acheter le silence de l’ancienne star du X Stormy Daniels , à quelques jours de l’élection de 2016, qu’il avait remportée sur le fil face à la candidate démocrate Hillary Clinton.

Le juge Juan Merchan a ouvert la séance par l’examen des recours présentés par la défense, rejetant notamment une demande de se récuser.

Il a exposé au prévenu les règles à suivre pour assister au procès.

Les procureurs ont également réclamé des amendes à l’encontre de Donald Trump pour "entrave à la bonne marche de la justice", affirmant qu’il a violé à plusieurs reprises ces derniers jours sur les réseaux sociaux un ordre lui interdisant de critiquer les témoins. Le juge a fixé une audience sur ce point au 24 avril.

Les débats se sont concentrés sur les questions d’admissibilité d’éléments de preuve réclamés par l’accusation.

Plus de trois ans après avoir quitté la Maison-Blanche dans le chaos, il risque, en théorie, une peine de prison. Cela ne l’empêcherait pas d’être candidat au scrutin présidentiel du 5 novembre, où il rêve d’une revanche contre Joe Biden, mais projetterait la campagne dans une situation totalement inédite.

En attendant, "Trump va se rendre compte que devoir rester assis au tribunal toute la journée pendant des semaines peut être désagréable, avec des limites aux pauses pour aller aux toilettes, avoir accès à son téléphone, à l’activité physique, au golf …presque comme…", a ironisé sur les réseaux sociaux l’ex-procureur fédéral Shanlon Wu, en référence à la peine encourue.

Affaire "secondaire"

S’il était déclaré non coupable, ce serait au contraire majeur pour le candidat républicain. D’autant plus qu’il est parvenu jusqu’à présent à différer ses trois autres procès au pénal, deux pour tentatives illicites d’inverser les résultats de l’élection de 2020 et un pour gestion présumée désinvolte de documents classifiés.

Cette affaire, une sorte de "spectacle secondaire" par rapport aux trois autres, a expliqué à l’AFP John Coffee, professeur à la faculté de droit de l’université de Columbia, pourrait donc être la seule jugée avant l’élection.

Elle ne porte "pas sur son comportement en tant que président, mais en tant que candidat à la présidence et en tant que mari assez infidèle. Mais la plupart des Américains savaient déjà cela de la vie privée de Donald Trump", ajoute-t-il.

L’ex-président est inculpé de 34 falsifications de documents comptables de son entreprise, la Trump Organization, qui auraient eu pour but de cacher, sous couvert de "frais juridiques", le paiement de 130.000 dollars à Stormy Daniels.

En échange, cette dernière avait accepté de se taire sur une fugace relation sexuelle avec le milliardaire dix ans plus tôt, alors qu’il était déjà marié avec Melania Trump. Donald Trump a toujours nié cette relation et sa défense entend démontrer que les paiements relevaient de la sphère privée.

Mais l’accusation entend démontrer des manœuvres frauduleuses pour cacher des informations aux électeurs quelques jours avant le vote.

Aux environs du tribunal placé sous très haute sécurité, quelques dizaines de manifestants pro et anti-Trump se sont rassemblés lundi. Les caméras des médias du monde entier sont présentes, mais les audiences ne seront pas télévisées, en vertu des lois de l’État de New York.

Avec AFP