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Les relations entre les États-Unis et l’Irak se distinguent par leur singularité; l’influence américaine sur le pays des deux fleuves a pris de l’ampleur depuis l’invasion de ce dernier en avril 2003, entraînant la chute de Bagdad et du régime politique établi depuis des années par l’ancien président Saddam Hussein. Comme l’histoire le révèle, le rapport entre les deux pays a connu des hauts et des bas, en raison de la complexité des dossiers qu’ils partagent. 

Gérer un État aussi diversifié que l’Irak n’est pas chose aisée, surtout si cette gestion se fait par la gouvernance directe – comme cela a été le cas lors de l’invasion américaine de l’Irak, lorsque Paul Bremer a été chargé de régir les affaires du pays à la manière des puissances coloniales. Cependant, il s’est vite avéré que ce système était voué à l’échec, compte tenu des multiples décisions improvisées prises, telles que le démantèlement de l’armée irakienne, entraînant un vide sécuritaire considérable et la naissance de nouvelles factions, dont certaines influent actuellement sur la politique et la sécurité de l’Irak. 

Il est difficile de savoir si le silence américain concernant l’influence iranienne grandissante est intentionnel. Cependant, il ne fait aucun doute que la puissance de l’Iran et sa capacité à influencer les affaires intérieures de l’Irak pour servir ses propres intérêts ne peuvent plus être niés. 

En théorie, c’est l’accord-cadre stratégique signé en 2008 qui régit les relations entre les États-Unis et l’Irak. Cependant, dans la pratique, les aspects politiques et militaires s’imbriquent, ajoutant ainsi une couche de complexité sur les interactions entre les deux pays, notamment après le réengagement des forces américaines en Irak en 2014, afin de joindre à la coalition internationale dans la lutte contre l’État Islamique. 

En dépit de l’assassinat par les Américains de Qassem Soleimani, commandant de la Force Al-Qods, (la branche extérieure du corps des gardiens de la révolution iranienne) sur le territoire irakien – et malgré la colère de l’Iran – la recommandation émise par le Parlement irakien en 2020, appelant au retrait des troupes américaines, n’a pas été contraignante pour le Conseil des ministres. Plus encore, les formations pro-iraniennes n’ont pas exercé suffisamment de pression pour réaliser cet objectif, laissant croire à un échange d’intérêt – malgré l’adversité – entre Téhéran et Washington. 

Les deux dossiers principaux qui suscitent l’intérêt des États-Unis en Irak sont ceux liés à l’avenir du Kurdistan et sa stabilité ainsi qu’aux ressources pétrolières et à la richesse du pays. Tout le reste revêt une importance variable pour l’oncle Sam, y compris le jeu politique en Irak, le développement de l’expérience démocratique dans le pays entre autres projets pour lesquels Washington n’a pas déployé suffisamment d’efforts –bien que les États-Unis se vantent d’avoir libéré l’Irak d’un régime opprimant (chose faite), même s’il s’est avéré que le motif de l’invasion, à savoir les armes de destruction massive, était infondé. 

De toute évidence, il n’est dans l’intérêt de personne que les relations irako-américaines se détériorent complètement. Celles-ci ont connu bien des périodes difficiles durant les dernières années, puis les ont surmontées dans une certaine mesure avec quelques succès mineurs. Il est également certain que les États-Unis n’ont pas intérêt à ce que l’Irak demeure un territoire ouvert à l’influence iranienne, qui a bien progressé au fil des années ayant suivies l’invasion. 

L’Irak est un grand État arabe dont l’influence et la puissance étaient remarquables par le passé. De plus, ce pays possède des ressources humaines et naturelles substantielles, ainsi qu’un potentiel culturel scientifique considérable. Toutefois, tout ceci restera constamment en danger tant que le pays ne connaîtra pas la stabilité. Pour y parvenir, une formule politique participative doit être élaborée, empêchant toute partie locale ou régionale de s’imposer et de menacer l’équilibre du pays. 

Mais comment une telle entreprise peut-elle être mise en place?

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