L’ancien homme de confiance de Donald Trump, Michael Cohen, passe mardi sur le gril de la défense après avoir incriminé l’ancien président américain à son procès à New York pour paiements dissimulés à une star de films X.

À six mois de la présidentielle entre Joe Biden et Donald Trump, ce procès historique est de plus en plus politisé: le chef des républicains à la Chambre des représentants, Mike Johnson, est venu dénoncer les poursuites et a attaqué la légitimité du tribunal devant les portes du palais de Justice de Manhattan.

Mike Johnson, l’un des plus hauts personnages de l’État américain, a tempêté contre une justice "instrumentalisée", selon lui, contre son champion, faisant écho à Donald Trump qui dénonce "une chasse aux sorcières" depuis le début du procès, le 15 avril.

Quinze étages plus haut, dans la salle d’audience du tribunal, Michael Cohen, 57 ans, était de retour mardi après plus de cinq heures de témoignage la veille durant lesquelles il a incriminé son ancien patron.

Devant les jurés, l’ancien avocat personnel du milliardaire a enfoncé le clou.

Pourquoi, lui a demandé la procureure Susan Hoffinger, a-t-il payé, à la toute fin de la campagne présidentielle de 2016, 130.000 dollars à l’actrice de films X Stormy Daniels?

"Pour s’assurer que l’histoire ne sortirait pas, et n’affecterait pas les chances de Donald Trump de devenir président des États-Unis", a répondu son ancien avocat personnel.

Factures et chèques

Dans ce procès historique et inédit pour un ex-président américain, l’ex-président de 77 ans est poursuivi au pénal pour 34 délits de falsifications comptables.

Les remboursements à Michael Cohen, intervenus en 2017 alors qu’il était à la Maison Blanche, auraient été maquillés selon l’accusation en "frais juridiques" dans les comptes de la Trump Organization.

Dans un moment chargé d’intensité, la procureure a fait défiler une à une sur les écrans du tribunal les factures qui ont permis de rémunérer Michael Cohen, ainsi que 11 chèques, la plupart directement signés par Donald Trump.

L’ancien avocat a calmement répété pour chaque justificatif qu’ils mentionnaient des services qu’il n’avait pas rendus et qu’il s’agissait de le rembourser pour les paiements à Stormy Daniels.

Candidat des républicains pour la troisième fois à la présidentielle, Donald Trump risque la première condamnation pénale d’un ancien chef d’État américain, et encourt en théorie une peine de prison.

Cela ne l’empêcherait pas de se présenter contre Joe Biden le 5 novembre.

Après l’interrogatoire de l’accusation, dont il est le témoin clé, Michael Cohen va passer sous un feu roulant de questions de la défense, qui l’a déjà dépeint en menteur pathologique.

Quand l’affaire avait été révélée par le Wall Street Journal en 2018, Michael Cohen avait dit avoir payé Stormy Daniels de sa propre initiative, sans en informer Donald Trump.

Il avait retourné sa veste une fois rattrapé par la justice en 2018.

" Catastrophique "

Michael Cohen avait alors plaidé coupable de fraudes bancaire et fiscale, mensonge devant le Congrès américain et violation des lois de financement de campagne électorale, ce dernier délit étant directement lié au paiement à Stormy Daniels. Il avait été condamné à trois ans de prison dont 13 mois effectivement derrière les barreaux.

D’après l’ex-avocat, Donald Trump aurait approuvé en 2016 le paiement à Stormy Daniels car il redoutait un effet "catastrophique", voire la "haine" de l’électorat féminin, face à Hillary Clinton, sa rivale à la présidentielle qu’il avait finalement battue sur le fil.

Fidèle parmi les fidèles de Donald Trump, ne reniant pas le surnom de "pitbull" prêt à "prendre une balle" pour lui, Michael Cohen a aussi reconnu avoir menti, intimidé et menacé pour le compte du magnat new-yorkais.

Mardi, il s’est livré à un mea culpa : "pour rester loyal et faire ce qu’il me disait de faire, j’ai violé ma morale et j’en ai subi les conséquences, tout comme ma famille".

Son témoignage s’ajoute à celui de Stormy Daniels, qui a livré la semaine dernière un récit cru sur la relation sexuelle qu’elle affirme avoir eue avec Donald Trump en 2006.