Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a fixé mercredi la date des élections législatives au 4 juillet, mettant fin à des mois de spéculation, mais pas aux prévisions catastrophistes concernant l’ampleur de la défaite attendue du gouvernement.

Après des mois de suspense, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a annoncé, mercredi, la tenue d’élections législatives le 4 juillet, les travaillistes partant grands favoris pour déloger les conservateurs, au pouvoir depuis 14 ans.

C’est sous la pluie et la voix parfois couverte par de la musique venant des rues voisines que le chef du gouvernement, sur le perron du 10, Downing Street, a fait part de sa décision surprise de demander à Charles III de dissoudre le Parlement.

"Le roi a accédé à cette demande et des élections législatives se tiendront le 4 juillet", a-t-il déclaré.

"Temps du changement"

Après 14 ans de pouvoir conservateur marqués par le référendum du Brexit et cinq Premiers ministres conservateurs successifs, les Britanniques semblent pourtant décidés à tourner la page et à envoyer le travailliste Keir Starmer, ancien avocat de 61 ans au 10, Downing Street.

Les sondages donnent le Labour, positionné au centre-gauche, autour de 45% des intentions de vote, loin devant les conservateurs, relégués entre 20% et 25% et le parti anti-immigration et antipolitiques climatiques Reform UK (12%).

Avec un mode de scrutin à la majorité simple à un tour dans les 650 circonscriptions du Royaume-Uni, de tels résultats se traduiraient par une large majorité pour les travaillistes.

Pour les Tories, que Boris Johnson avait menés à une victoire historique en 2019, les pronostics sont cataclysmiques.

Plus de 60 députés conservateurs sur 344 ont déjà renoncé à se représenter, y compris des poids-lourds du parti.

Même en Écosse, les indépendantistes, tout-puissants ces dernières années, sont désormais distancés dans les sondages par le Labour.

Succession de crises

Choisi par les députés de son parti en octobre 2022, Rishi Sunak était censé incarner avec son passé de banquier d’affaires et de ministre des Finances travailleur le retour du sérieux après les scandales de l’ère Boris Johnson et la quasi-crise financière provoquée par les 49 jours de Liz Truss au pouvoir.

Mais son mandat a tourné au chemin de croix, les Britanniques semblant épuisés par la baisse du pouvoir d’achat des deux dernières années, le déclin des services publics – surtout du système de santé, à bout de souffle –, la hausse des taux d’intérêt ou encore la crise du logement. Sans parler des déchirements dans la majorité, où les luttes internes s’affichent ouvertement.

De son côté, Keir Starmer, élu à la tête de son parti en 2020 à la suite du très à gauche Jeremy Corbyn, a méthodiquement recentré le Labour. Il s’est attelé à se construire une image de dirigeant compétent et sérieux, prudent sur le plan économique et financier et ferme sur les questions sécuritaires et migratoires.

Cette stratégie semble avoir payé: selon un sondage YouGov, Keir Starmer, avec 51% d’opinions défavorables, est l’homme politique le moins impopulaire du Royaume-Uni, contre 71% pour Rishi Sunak.

Germain Moyon, avec AFP