Le marathon électoral pour renouveler le Parlement européen a confirmé dimanche une poussée de l’extrême droite, qui s’impose devant les partis des dirigeants au pouvoir en Allemagne et en France, et tentera de peser sur le cap politique de l’UE.

Le scrutin, où plus de 360 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner 720 eurodéputés, s’est déroulé depuis jeudi dans un climat alourdi par une conjoncture économique morose et la guerre en Ukraine, au moment où l’UE affronte des défis stratégiques face à la Chine et aux États-Unis.

À l’orée d’une soirée où seront égrenés les résultats nationaux, de premiers sondages sortie des urnes confirment une nette progression des droites nationalistes et radicales, et un revers pour Olaf Scholz et Emmanuel Macron, à la tête des deux premières puissances de l’UE.

En France, le Rassemblement national mené par Jordan Bardella a dominé le scrutin avec plus de 31,5% des voix, loin devant le parti Renaissance du président Macron (15,2%) et la gauche sociale-démocrate emmenée par Raphaël Glucksmann (autour de 14%), selon des estimations des instituts de sondage.La participation est estimée à 52,5%, quelque 2,5 points de plus qu’en 2019.

Le RN engrangerait ainsi 31 des 81 eurodéputés français.

Outre-Rhin, où la participation a sensiblement progressé à environ 65%, l’extrême droite allemande AfD est créditée en seconde place, avec 16,5-16% des voix, derrière les conservateurs CDU-CSU (29,5-30%).

En dépit des derniers scandales qui ont éclaboussé sa tête de liste, l’AfD a devancé les sociaux-démocrates (14%) de la coalition au pouvoir, un revers cuisant pour le chancelier Olaf Scholz. Autre parti au gouvernement, les Verts sont tombés à 12-12,5%, très loin des 20,5% obtenus en 2019.

En Autriche, le parti d’extrême droite FPÖ est crédité de 27% des voix, en tête du scrutin. Les Néerlandais, premiers à voter jeudi, ont confirmé une hausse du parti d’extrême droite de Geert Wilders – en deuxième place derrière la coalition sociale-démocrate/écologiste, selon des estimations.

Et en Italie, où le vote a débuté samedi, le parti post-fasciste Fratelli d’Italia (FDI) de la cheffe de gouvernement Giorgia Meloni pourrait envoyer 22 eurodéputés dans l’hémicycle, contre six actuellement.

Mme Meloni, qui s’est présentée comme tête de liste à cette élection, a réaffirmé vouloir "défendre les frontières contre l’immigration illégale, protéger l’économie réelle, lutter contre la concurrence déloyale".

Si la poussée de l’extrême droite dans nombre de pays est confirmée, la "grande coalition" actuelle droite/socialistes/libéraux qui forge les compromis dans l’hémicycle européen devrait néanmoins y conserver la majorité.

Mais elle pourrait voir sa marge de manœuvre réduite, l’obligeant à trouver des forces d’appoint et augurant d’intenses tractations dans les semaines à venir : les eurodéputés auront comme première tâche de confirmer les choix des dirigeants des Vingt-Sept pour la présidence de la Commission européenne.

Avec AFP