Alors que la droite française se fracture sur la stratégie électorale vis-à-vis du Rassemblement national, la gauche s’unifie autour d’un nouveau " Front populaire ". Emmanuel Macron appelle à faire front contre les " extrêmes ", accentuant les tensions et les enjeux de ce scrutin crucial.

Fractures à droite, union à gauche: si Reconquête et Les Républicains continuent de se déchirer sur leur stratégie vis-à-vis du Rassemblement national en vue des législatives, la gauche semble s’allier largement derrière son nouveau " Front populaire ", même si Jean-Luc Mélenchon reste en embuscade.

A dix-sept jours du premier tour des élections législatives anticipées du 30 juin, le grand bouleversement des droites est en marche.

En face, Emmanuel Macron a appelé, mercredi soir, au cours d’une longue conférence de presse, à faire corps face aux deux " extrêmes ", quitte à résumer ce scrutin historique à une opposition de " trois blocs ".

Dans une journée de mercredi fournie en rebondissements, les Républicains se sont en effet déchirés: un bureau politique a décidé à l’unanimité d’exclure le président Eric Ciotti, isolé dans son choix de faire alliance avec le Rassemblement national, grand favori.

Mais ce dernier conteste cette sanction qu’il juge " illégale ", laissant augurer d’une longue bataille juridique en pleine campagne. Selon lui, 80 candidats se réclamant de sa démarche se présenteraient aux législatives.

La commission d’investiture de LR a, de son côté, promis de reconduire tous les députés sortants, à l’exception de M. Ciotti et de l’une de ses plus proches alliées.

"Il n’y aura qu’un seul label LR ", a martelé dans la soirée le président LR du Sénat Gérard Larcher, satisfait d’avoir vu la situation “clarifiée”.

Zemmour-Maréchal, le divorce

La crise est aussi ouverte à Reconquête, où la tête de liste aux européennes Marion Maréchal a acté sa rupture avec Eric Zemmour, l’accusant de vouloir présenter des candidats face au RN et assurant refuser de " participer à une énième division des droites ".

Des accusations niées par le candidat à la présidentielle de 2022, qui a répliqué en annonçant l’exclusion de Mme Maréchal de Reconquête: " Elle accomplit le bout du chemin, c’est-à-dire qu’elle s’exclut d’elle-même de ce parti qu’elle a toujours méprisé ", a lancé Eric Zemmour sur BFMTV dans la soirée.

Loin de ces dissensions, la gauche a réussi la prouesse de s’allier en quelques jours sous la formule du nouveau " Front populaire ". De La France insoumise au Parti socialiste, en passant par les Ecologistes et le PCF, les dirigeants sont parvenus à se partager la quasi-totalité des 577 circonscriptions.

Forts de leur score de 22% pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, les Insoumis auront le plus de candidats. Mais une centaine de moins qu’en 2022, car ils ont dû concéder un net rééquilibrage en faveur du Parti socialiste, gagnant à gauche des européennes avec l’allié de Place publique Raphaël Glucksmann.

Attal lance la campagne

Mais l’ombre de Jean-Luc Mélenchon continue de planer sur la campagne. Sur France 2, le leader LFI n’a pas fermé la porte à l’idée de prendre la tête de cette coalition. Pour Matignon, " je ne m’élimine pas mais je ne m’impose pas ", a-t-il déclaré, précisant s’en sentir " capable ".

Le camp présidentiel, lui, lance sa campagne jeudi au lendemain d’une conférence de presse d’Emmanuel Macron où il a fixé le cap face aux extrêmes.

Resté discret dans les premières heures de la campagne, le Premier ministre Gabriel Attal a rendez-vous jeudi matin sur France Inter, puis sur le terrain à Boulogne-sur-Mer, dans une circonscription du Pas-de-Calais où le Rassemblement national avait failli s’imposer en 2022.

" Je ne veux pas donner les clés du pouvoir à l’extrême droite en 2027 ", a prévenu Emmanuel Macron, qui a exclu un débat avec Marine Le Pen avant les législatives, tout en admettant avoir une " responsabilité " personnelle dans la montée du parti à la flamme.

Pendant ce temps, le président du RN Jordan Bardella est lancé sur sa dynamique. Les premiers sondages lui laissent entrevoir un score de 31% aux législatives, comme aux européennes de dimanche dernier. Avec une nette augmentation des troupes RN à l’Assemblée, estimées entre 220 et 270 sièges selon une enquête Elabe pour BFMTV, contre 88 avant la dissolution.

Il lui faudrait 289 députés pour obtenir une majorité absolue et s’ouvrir grand les portes de Matignon.

Par Antoine Maignan, AFP

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