Des militants ont déclaré jeudi qu’ils déposaient une plainte pour torture contre un citoyen iranien détenu en France, qui aurait été un ancien haut responsable de la télévision d’État de la République islamique.

Un ressortissant iranien est en détention administrative en France, sous le coup d’une expulsion que son avocat qualifie de "politique". Des opposants iraniens cherchent à empêcher cette expulsion afin qu’il puisse être jugé. Cette situation se déroule dans un contexte de relations bilatérales extrêmement tendues entre les deux pays.

Arrêté à Dijon (centre) le 3 juin et placé dans un centre de rétention administrative à Metz (est), Bashir Biazar est présenté par le site Iran International, basé à Londres, comme un ancien responsable de la télévision publique iranienne IRIB. Les médias d’État iraniens, eux, le qualifient de "figure culturelle".

À Paris, une source policière a indiqué à l’AFP qu’une "procédure d’expulsion" avait été enclenchée à son encontre, "notamment parce qu’il a tenu publiquement des propos anti-français", sans en préciser la nature.

Les ministères français des Affaires étrangères et de l’Intérieur n’ont pas répondu aux questions de l’AFP.

Bashir Biazar a manifesté un fort activisme pro-palestinien sur les réseaux sociaux. Il "s’est exprimé sur son compte Instagram comme n’importe qui pourrait le faire librement dans un État de droit", a expliqué à l’AFP son avocat, Me Rachid Lemoudaa.

Son client, qui, selon lui, a l’intention "d’entamer une grève de la faim", fait l’objet d’un arrêté d’expulsion, mais sa rétention a été prolongée de 28 jours le 6 juin. "Je n’ai rien vu qui justifie (son maintien) en rétention: les vols (pour l’Iran) sont disponibles", fait valoir l’avocat.

"Je pense que cette procédure est politique, et la politique n’a rien à faire dans le droit."

"Complicité de torture"

Cette affaire intervient alors que trois Français sont encore emprisonnés en Iran, qualifiés par Paris "d’otages d’État".

Kazem Gharibabadi, président du Haut Conseil iranien pour les Droits de l’homme, organe proche du régime, a, de son côté, dénoncé la décision "illégale" de la justice française.

"Le billet retour lui a été préparé et son départ n’est pas interdit par la loi, alors pourquoi la France continue-t-elle de détenir arbitrairement ce citoyen iranien?", a-t-il ajouté.

Selon l’hebdomadaire français Le Point, Bashir Biazar serait considéré par Paris comme un agent d’influence.

"Quand on soupçonne quelqu’un d’être un agent d’influence ou un espion, pourquoi on ne va pas perquisitionner chez lui? Pourquoi on ne va pas voir s’il porte vraiment une menace ? (…). Rien de tout cela n’a été fait", assure son avocat.

L’affaire a pris une autre tournure judiciaire jeudi avec la plainte déposée à Paris contre X et contre M. Biazar par des "militants franco-iraniens des Droits humains, anciens prisonniers politiques arbitrairement détenus, condamnés et torturés par la République islamique d’Iran".

La procédure, consultée par l’AFP, porte sur les chefs de "complicité (…) d’actes de torture psychologique, physique, traitements cruels, inhumains et dégradants" ainsi qu’"intelligence avec une puissance étrangère", selon un communiqué envoyé à l’AFP par leur avocate Chirinne Ardakanni.

Me Ardakanni, qui défend aussi la lauréate du prix Nobel de la paix Narges Mohammadi, détenue à la prison d’Evin de Téhéran, s’oppose à l’expulsion de l’Iranien afin qu’il soit jugé.

L’enquête et, le cas échéant, "les poursuites qui en découleraient doivent nécessairement faire obstacle à son expulsion", estime l’avocate dans le communiqué. À défaut, "les nombreuses victimes de la République islamique d’Iran perdraient l’occasion d’obtenir vérité et justice".

Didier Lauras, avec AFP

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