Les dirigeants des pays de l’Otan ont déclaré, mercredi, s’inquiéter de l’approfondissement des liens entre la Chine et la Russie en Ukraine, tandis que Pékin mène des exercices militaires au Bélarus.

Les pays de l’Otan, inquiets de l’aide apportée par la Chine à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine, vont en discuter, jeudi, avec leurs partenaires d’Asie-Pacifique, avant une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Ce dernier va retrouver les dirigeants des 32 pays de l’Otan, en marge d’un sommet marquant les 75 ans d’existence de l’organisation et dont la dernière journée sera en partie consacrée à la Chine.

Ce partenariat stratégique entre Moscou et Pékin suscite de "profondes préoccupations" au sein de l’Alliance atlantique, indique une déclaration commune des pays de l’Otan, adoptée mercredi à Washington.

"La Chine aide de façon décisive la Russie dans sa guerre illégale d’agression contre l’Ukraine", a dénoncé mercredi le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, lors d’une conférence de presse.

L’Otan accuse la Chine de fournir des équipements à double usage, civil et militaire, à la Russie, comme des micro-processeurs. Tous ces équipements permettent à Moscou de "produire des missiles, des bombes, des avions et des armes", a affirmé M. Stoltenberg.

Et le fait que cette accusation soit désormais "clairement actée" par les pays de l’Otan est "un message très important" envers Pékin, a-t-il souligné.

De son côté, la Chine a dénoncé, jeudi, un communiqué de l’Otan "empreint d’une mentalité digne de la Guerre froide et d’une rhétorique belliqueuse", selon un communiqué du porte-parole de la mission chinoise auprès de l’Union européenne (UE).

"L’Otan devrait cesser de faire du tapage sur une soi-disant menace chinoise, cesser d’inciter à la confrontation et à la rivalité, et contribuer davantage à la paix et à la stabilité dans le monde", a-t-il souligné, dénonçant des propos "remplis" de "calomnies".

"Clairement acté"

Le sujet doit être abordé, jeudi, lors d’une rencontre entre les 32 dirigeants de l’Otan et leurs homologues du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Pékin voit dans cette invitation un prétexte de l’Otan pour étendre son influence en Asie.

Entre cyberattaques, désinformation et "activités hybrides", la Chine reste une menace pour l’Alliance, mais aussi pour la sécurité globale, selon la déclaration commune de l’Otan.

Les dirigeants de l’Alliance ont ainsi accusé la Chine "d’accroître la menace que la Russie représente pour ses voisins et pour la sécurité euro-atlantique".

Pékin "ne peut rendre possible la poursuite de la plus grande guerre que l’Europe ait connue dans son histoire récente sans que cela ne nuise à ses intérêts et à sa réputation", ont-ils mis en garde.

L’Otan s’efforce depuis des mois de mettre davantage l’accent sur les menaces posées par la Chine, par souci de répondre aussi aux préoccupations américaines sur ce point, selon des diplomates à Bruxelles.

La Suède a ainsi appelé, mardi, l’Otan, à intensifier ses efforts sur la Chine afin de s’assurer le soutien continu des États-Unis, alors que le candidat républicain à la Maison Blanche, Donald Trump, a vivement critiqué l’Alliance.

L’Alliance doit continuer à faire face à la Russie, mais l’Asie "devrait également être reconnue comme faisant partie des préoccupations de l’Otan", a jugé cette semaine à Washington le ministre suédois des Affaires étrangères, Tobias Billstrom.

La Chine, qui dément avec colère les accusations occidentales, a toujours refusé de condamner l’invasion russe en Ukraine en février 2022, entamant un rapprochement significatif avec Moscou.

Mardi, elle a dénoncé les "diffamations" et "attaques" de l’Otan, après des mises en cause de son secrétaire général.

Les pays de l’Otan vont ensuite retrouver le président ukrainien, lui aussi très inquiet de l’aide apportée par Pékin à Moscou.

Exercices sino-bélarusses

D’autant plus que l’armée chinoise a entamé, cette semaine, une série d’exercices militaires conjoints avec l’armée bélarusse à Brest, au Sud-Ouest du pays, à la frontière de la Pologne, et donc de l’Otan.

"Le 8 juillet a eu lieu la cérémonie d’ouverture de l’entraînement militaire conjoint ‘Assaut de Faucon – 2024’ entre la Chine et le Bélarus, à Brest, au Bélarus", selon un communiqué du ministère chinois de la Défense mercredi.

Le communiqué précise que les exercices dureront jusqu’à la mi-juillet, mais ne dit rien du nombre de soldats ni des équipements engagés côté chinois.

Le ministère bélarusse de la Défense n’a pas apporté plus de précisions, indiquant qu’il s’agissait de manœuvres "antiterroristes".

Si des exercices militaires chinois ont déjà eu lieu dans le passé au Bélarus, ceux de cette semaine sont les premiers depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022.

Olivier Baube, avec AFP