La nouvelle candidate démocrate à la présidentielle américaine, Kamala Harris, s’est exprimée lundi, pour la première fois, depuis la Maison Blanche. Cinq nouveaux gouverneurs démocrates ont annoncé durant ces dernières heures soutenir la vice-présidente des États-Unis, dont de potentiels rivaux. 

Kamala Harris est en pole position, lundi, vers l’investiture démocrate pour la présidentielle de novembre contre Donald Trump, avec une vague de ralliements au sein de son parti après le retrait choc de Joe Biden qui a plongé la campagne dans l’incertitude.

À 59 ans, la première femme vice-présidente de l’histoire des États-Unis a salué le bilan de Joe Biden, "sans équivalent dans l’histoire moderne".

Kamala Harris n’a toutefois pas évoqué l’échéance électorale du 5 novembre dans cette première prise de parole depuis dimanche, forte en symbole, car faite à partir de la Maison Blanche, tandis que le président est en convalescence hors de Washington.

Elle s’était déclarée la veille prête à "remporter l’investiture" lors de la convention démocrate qui se tiendra mi-août à Chicago, ayant obtenu le soutien du président usé par ses 81 années.

Toutefois, divers ténors démocrates, au premier rang desquels Barack Obama, se gardent encore d’apporter un appui direct à celle qui est également la première vice-présidente noire.

"Nous allons naviguer en terrain inconnu dans les jours à venir", a averti l’ancien président, les délégués à la convention restant libres de leur vote. Autre figure majeure du parti, Nancy Pelosi a pour l’instant gardé le silence et serait en faveur d’un processus "ouvert" de désignation.

En huit jours seulement, la course à la Maison Blanche a connu deux rebondissements historiques majeurs qui ont complètement rebattu les cartes d’une élection qui ne passionnait guère les Américains: d’abord la tentative d’assassinat de Donald Trump le 13 juillet, puis le coup de tonnerre dimanche du retrait de Joe Biden, contraint à céder sous la pression de son propre camp.

Désormais probablement le plus vieux candidat dans la course, à 78 ans, Donald Trump n’a pas manqué de continuer d’ironiser sur les capacités mentales du président. "Joe Biden ne se souvient pas d’avoir abandonné la course hier!", a-t-il raillé sur son réseau social.

Cinq nouveaux gouverneurs démocrates, dont certains étaient vus comme de possibles rivaux de Kamala Harris, ont apporté lundi leur soutien à la vice-présidente américaine pour remplacer Joe Biden en tant que candidate à l’élection de novembre.

"Je suis très enthousiaste à l’idée de soutenir la candidature de Kamala Harris", a écrit Gretchen Whitmer, à la tête du Michigan, dans un communiqué également signé par trois autres gouverneurs. Le gouverneur du Maryland, Wes Moore, s’est aussi rangé derrière la candidature de la vice-présidente.

Soutien d’ex-potentiels rivaux

C’est confiné dans sa villa balnéaire du Delaware pour soigner un Covid que Joe Biden a annoncé son intention de passer le flambeau.

"Je pense qu’il est dans l’intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur l’exercice de mes fonctions de président", a-t-il écrit, vaincu après des semaines de doutes sur son acuité mentale.

À un mois de la convention qui aurait dû l’introniser candidat, il a également annoncé qu’il s’adresserait au pays "plus tard cette semaine".

La vice-présidente a rapidement reçu le soutien appuyé de Bill et Hillary Clinton, mais aussi de plusieurs gouverneurs importants, dont certains considérés comme de potentiels rivaux: Gretchen Whitmer (Michigan), Gavin Newsom (Californie), Wes Moore (Maryland), Andy Beshear (Kentucky) ou encore J.B. Pritzker (Illinois).

Les soutiens sont aussi venus d’une ribambelle d’élus démocrates, de l’aile modérée du parti à celle la plus à gauche représentée notamment par Alexandria Ocasio-Cortez, influente élue de New-York.

Autre éclaircie pour Kamala Harris, le sénateur indépendant Joe Manchin, un ancien démocrate connu pour ses positions conservatrices, a annoncé lundi ne pas être candidat à la présidentielle.

Le retrait de Joe Biden a aussi rapporté gros aux démocrates qui se sont félicités de la plus grande collecte de fonds en une seule journée pour la présidentielle: 46,7 millions de dollars.

L’ancienne présidente de la Chambre américaine des représentants et figure majeure du Parti démocrate Nancy Pelosi a annoncé lundi soutenir Kamala Harris pour remplacer Joe Biden en tant que candidate à l’élection de novembre.

Campagne Trump chamboulée

Côté républicain, cette annonce chamboule complètement la candidature de Donald Trump, obligé de revoir sa stratégie électorale, très focalisée sur l’état de forme du président, mettant en scène un Joe Biden gaffeur, bégayeur ou qui trébuche.

Autant d’arguments qui risquent de se retourner directement contre le républicain s’il est opposé à Kamala Harris, de près de 20 ans sa cadette. Nul doute que cette ancienne procureure fera tout pour replacer les ennuis judiciaires de Donald Trump, condamné au pénal fin mai, sur le devant de la scène.

Elle pourrait par ailleurs faire de l’avortement un de ses principaux angles d’attaque, ce thème ayant prouvé son efficacité auprès des électeurs.

Selon une moyenne de sondages réalisés avant le tournant de dimanche, Kamala Harris obtiendrait le 5 novembre un score légèrement meilleur que Joe Biden face à Donald Trump, mais resterait toutefois à la traîne du républicain de deux points de pourcentage (46%, contre 48% pour lui).

L’équipe de campagne de Donald Trump assure ne pas être prise de court, des responsables ayant travaillé en coulisse à la préparation de publicités électorales attaquant Kamala Harris.

Profitant des déboires démocrates, le candidat républicain continue par ailleurs d’arpenter le terrain électoral, capitalisant sur l’effet rassembleur de la convention de son parti qui l’a officiellement intronisé candidat la semaine dernière.

Il tiendra un nouveau meeting de campagne mercredi, en Caroline du Nord.