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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a menacé d’intervenir contre Israël dimanche, lors d’un discours dans sa ville natale de Rize. Il a déclaré: "Nous devons être très forts afin d’empêcher Israël de commettre ces absurdités contre la Palestine. Tout comme nous sommes intervenus au Karabakh et en Libye, nous pourrions faire de même en Israël."

La Turquie a menacé de reproduire ses interventions en Libye et au Nagorny Karabakh, cette fois-ci contre Israël. Cependant, ces interventions varient en gravité, et M. Erdogan n’a pas précisé les mesures envisagées. En Libye, la Turquie a d’abord déployé des troupes dans le cadre d’une coalition avec les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Italie. Après l’échec de cette opération, elle a formé 3.000 soldats libyens et transféré des armes à Tripoli en secret. En 2020, elle a également envoyé quelques centaines de soldats et un fourni un soutien tactique pour aider le gouvernement internationalement reconnu.

Au Nagorny Karabakh, la Turquie n’est pas intervenue directement comme en Libye. En septembre 2023, un responsable turc de la défense a déclaré que la Turquie déployait "tous les moyens" pour soutenir l’Azerbaïdjan. Ce soutien comprenait la formation par des exercices militaires communs, la modernisation de l’armée, l’équipement militaire et une assistance organisationnelle. Parmi les équipements fournis à l’Azerbaïdjan figuraient les drones turcs Bayraktar, utilisés pour la reconnaissance et les frappes de précision.

Relations israélo-turques

Les relations entre la Turquie et Israël ont toujours été compliquées, marquées par des discours acerbes et des critiques, tout en maintenant une coopération bilatérale constante. En 2010, le président turc a suspendu les relations diplomatiques après qu’une attaque de l’armée israélienne a tué des civils turcs lors d’une tentative de briser le blocus de Gaza par voie maritime. La Turquie a alors commencé à soutenir diplomatiquement le Hamas et à offrir un refuge à ses responsables. Les relations avec Israël ont été rétablies en 2022, avec le soutien d’Erdogan et le Premier ministre israélien, Yair Lapid. Cependant, le 28 octobre 2023, M. Erdogan a organisé un grand rassemblement en soutien à la Palestine, où il a critiqué Israël et exprimé son soutien au Hamas, déclarant: "Je réitère que le Hamas n’est pas une organisation terroriste […]. Israël est un occupant."

Rôle de l’Otan

L’Otan, qui compte la Turquie parmi ses membres ainsi que des alliés israéliens importants comme les États-Unis, ne serait pas tenue d’intervenir en cas d’attaque turque contre Israël en vertu de l’article 5 de la clause de défense mutuelle de l’organisation. Cependant, des tensions pourraient surgir au sein de l’Otan, car Israël est un allié majeur des États-Unis et a collaboré avec l’organisation sur de nombreux projets communs. Israël est un des États partenaires de l’Otan et membre de son Dialogue méditerranéen. Selon la Fondation pour la défense des démocraties, "au cours des trente dernières années, Israël et l’Otan ont élargi leur coopération dans des domaines tels que la science et la technologie, la lutte contre le terrorisme, la préparation civile et la lutte contre les armes de destruction massive."

M. Erdogan s’est également opposé aux attaques militaires occidentales contre les Houthis et a déclaré que les États-Unis et le Royaume-Uni cherchaient à "transformer la mer Rouge en mer de sang" lors d’un discours à Ankara le 12 janvier. Il a maintenu des contacts réguliers avec Vladimir Poutine et acheté des systèmes de missiles russes. En réponse à cet achat turc, les États-Unis ont exclu la Turquie du Programme d’avions de combat interarmées F-35 en juillet 2019. Une intervention turque en Israël pourrait donc amener les États-Unis et d’autres membres de l’Otan à réagir.

Motivations du discours

Bien que les modalités d’une éventuelle intervention turque demeurent floues, le discours de M. Erdogan semble avoir été destiné à mobiliser sa base de soutien islamiste. Ce discours intervient dans un contexte de déception parmi les groupes conservateurs et nationalistes en Turquie concernant la réponse initiale du président turc à la guerre. Les ambitions de ce dernier incluent également le désir d’être perçu comme un leader influent du monde musulman. Son discours virulent contre Israël peut donc être vu comme une tentative de se présenter comme le défenseur des musulmans dans la région. Selon Helin Sari Ertem, professeure associée à l’Université d’Istanbul et citée par la BBC, ces attaques rhétoriques contre Israël modifient rarement la politique étrangère turque. Elle considère que le discours de M. Erdogan reflète une pression croissante de ses électeurs pour adopter une position plus ferme contre Israël, mais elle doute qu’il débouche sur des actions concrètes.

 

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