Les forces de l’ordre sont sur le qui-vive mercredi au Royaume-Uni, face à la multiplication des appels à manifester venant de l’extrême droite, qui font craindre de nouveaux heurts, plus d’une semaine après le début des violences en réaction au meurtre de trois fillettes.

Si la soirée de mardi s’est déroulée dans le calme par rapport aux jours précédents, les autorités surveillent comme le lait sur le feu une trentaine d’appels à des rassemblements devant des centres ou cabinets d’avocats apportant une assistance juridique aux immigrés et demandeurs d’asile.

La Law Society of England and Wales a dénoncé "une attaque directe" contre la profession qu’elle représente, tandis que la ministre de la Justice, Shabana Mahmood, a condamné des menaces "inacceptables" proférées contre les avocats. Elle a averti ceux qui prendraient part à de telles actions qu’ils "rejoindraient les centaines d’autres qui ont déjà été arrêtés par la police pendant la dernière semaine".

Environ 400 arrestations ont eu lieu depuis le début des heurts et une centaine de personnes ont été inculpées. Des poursuites pour terrorisme sont même envisagées. Un jeune homme de 18 ans a été condamné, mardi à Manchester, à deux mois de prison pour avoir brisé la vitre d’une voiture de police dans la ville de Bolton dimanche. Il serait, selon l’agence de presse britannique PA, le premier à être incarcéré depuis le début des violences.

À Belfast, en Irlande du Nord, la soirée de mardi a été émaillée d’incidents racistes et la police a arrêté six personnes âgées de 14 à 41 ans. Le personnel d’un magasin a été la cible d’injures racistes et un adolescent de 15 ans a été agressé et légèrement blessé au visage, selon la police.

Parmi les autres incidents signalés, des dégradations contre des habitations ou des voitures, ainsi que des incendies de poubelles. Par ailleurs, une voiture a foncé sur un magasin, endommageant le rideau métallique.

 "Haine et divison"

À l’issue d’une nouvelle réunion de crise mardi soir, le Premier ministre Keir Starmer, ancien chef du parquet en Angleterre et au Pays de Galles, a affirmé qu’il s’attendait à des peines "lourdes" pour les émeutiers et a assuré que sa priorité était la sécurité de la population.

Les tensions sont telles que dans le nord de l’Angleterre, la police a pris les devants en indiquant qu’un lieu ciblé par un appel à manifester correspondait en fait au domicile d’une personne âgée.

Dès mardi en fin de journée, la police de Londres a averti qu’elle avait "tous les pouvoirs, tactiques et outils disponibles pour empêcher de nouvelles scènes de désordre". Le gouvernement a indiqué qu’une "armée" de réserve comptant au total 6.000 policiers spécialisés dans le maintien de l’ordre serait sur pied cette semaine et que 567 places de prison seraient disponibles pour incarcérer les fauteurs de troubles.

"Sans crainte ni faveur"

Voilà maintenant une semaine que le Royaume-Uni est confronté à des scènes de violences racistes, après la circulation d’informations en partie démenties sur le profil de l’auteur présumé d’une attaque au couteau dans un cours de danse où trois enfants de 6 à 9 ans ont été tuées à Southport, dans le nord-ouest de l’Angleterre.

Le suspect a été présenté comme un demandeur d’asile de confession musulmane. Il est en réalité né à Cardiff, au Pays de Galles et sa famille est selon les médias britanniques originaire du Rwanda.

Depuis, mosquées et hôtels ont été pris pour cible, lors de heurts qui ont fait des dizaines de blessés dans les rangs des forces de l’ordre.

Par Sylvain PEUCHMAURD avec AFP