La Rapporteure spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens, l’Italienne Francesca Albanese, a accusé samedi Israël de "génocide" des Palestiniens après une frappe sur une école de Gaza, qui a fait 93 morts, selon la Défense civile du territoire palestinien.

"Israël commet un génocide des Palestiniens, un quartier à la fois, un hôpital à la fois, une école à la fois, un camp de réfugiés à la fois, une zone de sécurité à la fois", après plus de dix mois de guerre dans la bande de Gaza, a déclaré Mme Albanese sur le réseau social X.

Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, avait auparavant fait état de plusieurs frappe, ayant "visé deux étages de l’école coranique Al-Tabi’een et la mosquée (adjacente) avec trois missiles, causant la mort de 93 personnes parmi lesquelles onze enfants et six femmes".

"Des dizaines de personnes ont été blessées, dont certaines sont en soins intensifs, et il y a de nombreux morceaux de corps non identifiés et des personnes disparues", avait-t-il ajouté.

Ces frappes, dont le bilan ne peut être vérifié de source indépendante, sont parmi les plus meurtrières depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, selon les données fournies par le mouvement islamiste palestinien.

"Escalade dangereuse"

"Le massacre de l’école al-Tabi’een (…) est un crime horrible qui représente une escalade dangereuse", a pour sa part déclaré le Hamas dans un communiqué. Il s’agit de l’une des frappes les plus meurtrières depuis le début de la guerre.

L’armée israélienne a indiqué de son côté avoir "frappé avec précision des terroristes du Hamas opérant dans un centre de commandement et de contrôle du Hamas, intégré" dans cette école située à côté d’une mosquée dans le quartier d’al-Daraj, qui sert d’abri aux habitants de Gaza.

Le centre de commandement et de contrôle servait de "repaire aux terroristes et aux commandants du Hamas", à partir duquel diverses attaques étaient planifiées et préparées contre l’armée israélienne, selon le communiqué.

Condamnation internationale

Le ministère jordanien des affaires étrangères a déclaré que cette frappe constituait "une violation flagrante du droit international et de toutes les valeurs humanitaires", tandis que le Qatar a demandé une "enquête internationale urgente".

L’Arabie saoudite a aussi condamné l’attaque, appelant à l’arrêt des "massacres" dans la bande de Gaza.

La Turquie a dénoncé un "nouveau crime contre l’humanité", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

"Israël a commis un nouveau crime contre l’humanité en massacrant plus d’une centaine de civils qui avaient trouvé refuge dans une école", écrit le ministère, qui dénonce, "une fois de plus", la volonté du Premier ministre Benjamin Netanyahou "de saboter les négociations sur un cessez-le-feu".

"Les acteurs internationaux qui ne prennent pas de mesure pour arrêter Israël se rendent complices de ces crimes", ajoute le ministère turc.

Cette attaque a "prouvé une fois de plus que le régime d’apartheid d’Israël ne respecte aucune des règles et régulations du droit international ni les principes moraux et humains", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un communiqué.

M. Kanani a qualifié cette attaque "barbare d’exemple clair de la perpétration simultanée de génocide, de crime de guerre et de crime contre l’humanité" par Israël.

"La seule façon de faire face à ce régime brutal (Israël, NDLR) est une action ferme des pays musulmans et épris de liberté du monde entier pour soutenir concrètement la nation palestinienne", a affirmé le porte-parole iranien.

Même son de cloche chez les pays occidentaux. Le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell s’est dit sur X "horrifié par les images d’une école de Gaza servant d’abri, touchée par une frappe israélienne, qui aurait fait des dizaines de victimes palestiniennes. Au moins 10 écoles ont été ciblées ces dernières semaines. Il n’y a pas de justification à ces massacres".

"Depuis plusieurs semaines, des bâtiments scolaires sont visés de manière répétée, avec un nombre de victimes civiles intolérable", s’est de son côté indigné le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué, rappelant "que le respect du droit international humanitaire s’impose à Israël".

"Nous sommes profondément préoccupés par les informations faisant état de victimes civiles à Gaza à la suite d’une frappe de l’armée israélienne sur un complexe abritant une école", a déclaré dans un communiqué un porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Savett.

"Cela montre l’urgence d’un cessez-le-feu et d’un accord sur les otages, pour lesquels nous continuons à travailler sans relâche", a-t-il ajouté.

L’école al-Tabi’een est l’un des abris du centre de Gaza-ville, qui accueille environ 250 personnes déplacées, dont plus de la moitié sont des enfants et des femmes, selon des sources de médias du gouvernement du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza.

Avec AFP