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À près d’un an du début de la guerre de Gaza et de l’ouverture du front libanais, Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, jouit du plus grand taux de popularité depuis le début de son mandat. Un an après, il est clair que ce conflit n’est pas près de s’achever. Ces derniers mois ont vu une intensification des tensions entre Israël et le Hezbollah au Liban, culminant avec une frappe israélienne d’une dizaine de tonnes de bombes dans la banlieue sud de Beyrouth, visant à éliminer le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Ce qui est particulièrement notable, c’est la remontée spectaculaire de Netanyahou dans les sondages de popularité. Après avoir traversé une période d’impopularité à la suite des échecs sécuritaires du 7 octobre, son parti, le Likoud, est à nouveau en tête des intentions de vote, profitant d’une opinion publique de plus en plus radicalisée à l’égard du Hamas et du Hezbollah.
Comment Netanyahou a-t-il su retourner cette situation? Comment a-t-il exploité cette radicalisation de l’électorat pour affaiblir une opposition plus modérée et faire de sa politique militaire agressive un levier de popularité?
Depuis le début de l’année, le Likoud a amorcé une lente reconquête de sa position au sein du paysage politique israélien, un phénomène qui s’est considérablement accentué à la fin du mois de juillet. Pour rappel, en moins de 24 heures les 30 et 31 juillet derniers, Israël avait orchestré des frappes ciblées d’envergure, éliminant le plus haut responsable militaire du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth, Fouad Chokr et le chef du Hamas à Téhéran, Ismaïl Haniyé. Ces dernières semaines ont vu une intensification des actions militaires israéliennes, infligeant des revers cinglants au Hezbollah, notamment avec une frappe aérienne éliminant plusieurs commandants de la redoutée force d’élite Radwan, les bombardements dévastateurs du Sud et de la vallée de la Békaa ainsi que l’assassinat du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
Cette recrudescence de la violence, bien qu’ayant suscité une vive inquiétude au sein de la communauté internationale, notamment de la part des Nations unies qui appellent à une désescalade, ainsi que des alliés d’Israël mettant en garde contre les risques d’un conflit de grande envergure, a paradoxalement eu un effet contraire sur l’opinion publique israélienne. En effet, après avoir traversé une période d’impopularité inédite dans les mois ayant suivi l’attaque du Hamas du 7 octobre, qualifiée de pire échec sécuritaire de l’histoire d’Israël, le Likoud a entrepris une remontée spectaculaire dans les intentions de vote. Là où les sondages lui attribuaient un maigre score de 16 sièges, ce chiffre est aujourd’hui réévalué, avec des projections oscillant entre 23 et 25 sièges à la Knesset, soit 23,4% des intentions de vote. Le Likoud se positionne ainsi devant son principal rival, le parti d’Unité nationale dirigé par Benny Gantz, crédité de 21,1%. Cependant, la coalition gouvernementale dans sa globalité, bien qu’encore minoritaire, tend à réduire l’écart avec l’opposition: les sondages récents lui accordent désormais 53 sièges contre 61 pour l’opposition, témoignant d’un rééquilibrage notable après des mois de déclin.
Mais pourquoi Netanyahou était-il si impopulaire? Les défaillances sécuritaires résultant de l’incursion du Hamas en Israël ont certes provoqué une chute vertigineuse de la popularité de Benjamin Netanyahou, mais c’est sa réforme judiciaire hautement controversée qui a véritablement marqué le début de son déclin dans les sondages. En janvier 2023, le Premier ministre a en effet dévoilé un projet de réforme qui, entre autres dispositions, prévoyait de lui octroyer une immunité judiciaire, déclenchant un tollé général dans la société israélienne. Ce projet a suscité une vague de critiques acerbes et a été à l’origine de manifestations massives à travers le pays, portant un coup sévère à la crédibilité du gouvernement.
Cependant, après des mois d’hésitations et de tractations politiques, cette réforme a été reléguée au second plan, éclipsée par la crise sécuritaire du 7 octobre 2023. Il est important de noter que, selon les conclusions d’une enquête détaillée, le Hamas aurait commencé à planifier cette attaque il y a sept à huit ans, ce qui signifie que les services de renseignement israéliens auraient dû être en mesure d’identifier les signaux d’alerte dès 2016. Pourtant, la division du renseignement des Forces de défense israéliennes a manqué ces premiers indices, tandis que le Mossad, de son côté, présumait que le Hamas avait été dissuadé par la puissance militaire israélienne. Le renseignement israélien avait alors conclu que le Hamas, dirigé par Yahya Sinwar, cherchait à améliorer la situation économique des résidents de Gaza tout en consolidant son statut souverain, et qu’il n’avait ni la volonté ni la capacité de mener une guerre contre Israël.
La gestion du conflit dans les premiers mois a fait l’objet de vives critiques et a été perçue comme extrêmement impopulaire au sein de l’opinion publique israélienne. Plusieurs erreurs stratégiques, probablement dues à l’impréparation des forces armées, du commandement militaire, des services de renseignement ainsi que de l’exécutif, tous pris de court par l’attaque surprise du Hamas, ont été dénoncées. Cependant, ces mêmes lacunes ont peut-être joué en faveur de Tel-Aviv dans son affrontement avec le Hezbollah libanais. En effet, l’ouverture d’un front nord, qui est demeuré pendant plusieurs mois d’une intensité relativement basse, pourrait avoir permis à Israël de mieux se préparer à une offensive de grande ampleur contre le Hezbollah. Il semble probable que la décision politique de déclencher une telle opération ait été prise plusieurs mois à l’avance, permettant ainsi aux services de renseignement israéliens de mener des préparatifs minutieux. Ces derniers se sont traduits par des frappes ciblées, éliminant quasi quotidiennement des figures importantes du Hezbollah et dans le cadre de la vaste opération d’explosions des bipeurs. Cette stratégie a finalement culminé récemment avec l’assassinat de Hassan Nasrallah.
Aujourd’hui, Benjamin Netanyahou semble résolu à en finir avec le Hezbollah au Liban, après le Hamas à Gaza. Cette politique paraît jouir d’un large soutien de l’opinion publique israélienne. En effet, la confrontation avec le Hezbollah et d’autres ennemis d’Israël liés à "l’axe de résistance" soutenu par l’Iran a provoqué un grand élan de solidarité nationale. L’opinion publique semble davantage se rassembler face à la menace que représente le Hezbollah et le risque d’une escalade régionale. L’assassinat de Nasrallah a sans doute satisfait le grand public israélien, étant donné son statut le plus élevé dans l’axe de résistance pro-iranien.
Tout dans la campagne militaire sur le Liban semble calculé avec une précision millimétrée. Outre l’élimination systématique des chefs du Hezbollah, la guerre s’inscrit dans une dynamique progressive: l’attaque des bipeurs, les bombardements intensifs du Liban-Sud causant des centaines de victimes, suivis par ceux de la vallée de la Békaa, l’assassinat de Hassan Nasrallah et enfin les frappes incessantes sur la banlieue sud de Beyrouth. Selon diverses sources concordantes dans les médias internationaux, dont CNN et ABC News, la prochaine étape pourrait bien être une incursion terrestre d’une quinzaine de kilomètres au Liban-Sud. Netanyahou semble aujourd’hui miser sur le conflit avec le Hezbollah pour renforcer sa position sur la scène politique intérieure, une stratégie qui, pour l’instant, semble porter ses fruits.
Ce changement de dynamique a joué en faveur de Benjamin Netanyahou, d’autant plus qu’Israël est encore loin d’avoir atteint ses objectifs de guerre à Gaza, à savoir l’anéantissement du Hamas et la libération des quelque cent otages israéliens toujours détenus dans l’enclave. Cependant, malgré l’embellie des perspectives du Likoud, maints observateurs avertissent que la situation pourrait radicalement changer d’ici les prochaines élections, prévues au plus tard en octobre 2026. Des figures politiques telles que l’ancien Premier ministre Naftali Bennett, actuellement en retrait de la scène politique, pourraient réintégrer le jeu, bouleversant ainsi la carte électorale. Bien entendu, le déroulement du conflit sur les deux fronts – celui de Gaza et du Liban – sera également déterminant pour l’avenir de Netanyahou. Sans compter que son avenir politique dépendra également de la capacité de l’opposition à former une coalition pour le renverser, surtout que dans l’hypothèse d’un Parlement sans majorité, Netanyahou resterait en fonction en tant que titulaire du poste.