Alors que les campagnes de 2012 et de 2017 soulignaient sa volonté de dédiaboliser son parti, la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, à dix jours du premier tour de l’élection présidentielle en France, s’appuie sur une image " normalisée " et une campagne axée sur le pouvoir d’achat, et continue de progresser dans les intentions de vote, sous l’œil inquiet du camp du président candidat Emmanuel Macron.
Retour en force
Changement " de façade "
Mais le changement n’est que " de façade ", s’alarmait jeudi le quotidien de gauche Libération, qui mettait en Une la candidate de 53 ans floutée sur fond noir, avec le titre: " elle est là. Plus dangereuse que jamais ". Son programme " n’a guère changé sur les fondamentaux comme l’immigration et l’identité nationale ", soulignait récemment pour l’AFP la chercheuse Cécile Alduy. Elle a simplement " choisi un autre vocabulaire pour le justifier: c’est au nom de la laïcité et des valeurs républicaines, voire du féminisme, qu’elle attaque l’islam et veut limiter drastiquement l’immigration non européenne ".
" Marine Le Pen et Eric Zemmour sont en réalité les deux faces de la même médaille ", constate pour sa part le chercheur Raphaël Llorca, auteur d’un essai sur " les nouveaux masques de l’extrême droite ". " Nous avons une chance historique avec Marine Le Pen de mettre les idées nationales au pouvoir ", a souligné M. Odoul, dont le parti prévoit d’inscrire la " préférence nationale " dans la Constitution et organiserait un référendum sur l’immigration dès son accession au pouvoir. Il supprimerait les allocations pour les étrangers travaillant depuis moins de 5 ans à temps plein et réserverait les prestations familiales aux foyers dont au moins un parent est français, affirmant que ces mesures permettraient 9,2 milliards d’économies par an.
Face à la progression de Mme Le Pen, le camp présidentiel, jusque-là très confiant, se remobilise.En campagne jeudi à Fouras (sud-ouest), M. Macron est parti à l’attaque contre le " tandem d’extrême droite " Le Pen-Zemmour, s’élevant contre la " banalisation " de leurs idées. Interrogé sur le risque d’une victoire de son adversaire, il s’est refusé à commenter " quelque chose qui n’existe pas ". " Je vais me battre pour convaincre plus de Français qu’il y a cinq ans au premier tour et encore davantage au second tour ", a-t-il seulement répondu.
Avec AFP