Vieille de près de 1300 ans, avec des représentants tels que le mystique et poète Sanaï Ghaznavi (XI-XIIe siècles), persécutés durant le premier gouvernement taliban de 1996 à 2001, la communauté soufie afghane a été meurtrie lors de la prière du vendredi. Au moins 33 personnes, dont des enfants, ont été tuées dans une explosion dans une mosquée soufie au nord de l’Afghanistan, ont annoncé les talibans. Cela au lendemain de deux attentats revendiqués par le groupe Daech (État islamique ou EI).

Haine des " hérétiques "

" L’explosion s’est produite dans une mosquée du district d’Imam Sahib de Kunduz, provoquant la mort de 33 civils dont des enfants ", a déclaré sur Twitter le porte-parole du gouvernement Zabihullah Mujahid.

Depuis que les talibans ont pris le contrôle de l’Afghanistan en août après y avoir renversé les autorités soutenues par les États-Unis, le nombre d’attentats à la bombe a diminué mais les jihadistes et l’EI ont poursuivi leurs attaques contre des cibles qu’ils jugent hérétiques.

Les groupes jihadistes tels que l’EI vouent une haine profonde à ce courant musulman qu’ils considèrent comme hérétique et qu’ils accusent de shirk (polythéisme ou associationnisme) – le plus grand péché dans l’islam – pour demander l’intercession de saints.

Le spectre de l’EI

Un membre du personnel soignant d’un hôpital proche a raconté à l’AFP au téléphone qu’entre 30 et 40 personnes avaient été admises dans cet établissement après cette explosion. " Les éclats que nous avons trouvés dans les corps des blessés indiquent qu’il s’agit bien de l’explosion d’une bombe ", a indiqué un médecin de l’hôpital provincial à l’AFP.

Cette explosion survient au lendemain de deux attentats revendiqués par le groupe État Islamique en Afghanistan, qui ont au total fait au moins 16 morts et des dizaines de blessés. Douze fidèles ont péri et 58 ont été blessés dans un attentat jeudi contre une mosquée chiite dans la ville de Mazar-i-Sharif (nord).

Le même jour, au moins quatre personnes ont été tuées et 18 blessées à Kunduz dans l’explosion d’une bombe placée sur un vélo, au passage d’un véhicule transportant des civils mécaniciens travaillant pour une unité militaire talibane. Aucun groupe n’a en revanche encore revendiqué les deux explosions survenues mardi dans une école de garçons d’un quartier chiite de Kaboul, qui ont fait six morts et plus de 25 blessés.

Les Afghans chiites, issus pour la plupart de la communauté hazara qui constitue entre 10 et 20% des 38 millions d’habitants de l’Afghanistan, sont depuis longtemps la cible de l’EI, qui voient en eux des hérétiques.

Prétention sécuritaire

Plus tôt vendredi, les autorités talibanes ont déclaré avoir arrêté le " cerveau " de l’attentat à la bombe de jeudi à la mosquée de Mazar-i-Sharif. Les responsables talibans insistent sur le fait que leurs forces ont vaincu le groupe État islamique, mais les analystes estiment que cette organisation jihadiste représente toujours un danger majeur au plan de la sécurité en Afghanistan.

" Depuis que la prise de pouvoir par les talibans, la seule chose dont ils se vantaient était l’amélioration de la sécurité ", a déclaré Hekmatullah Hekmat, un expert indépendant en politique et en sécurité. " Si cela ne se maintient pas et s’ils ne parviennent pas à contenir l’EI, alors ils échoueront comme le gouvernement précédent ", a-t-il ajouté.

Avec AFP