Un nouveau Rwanda ?
Évoquant l’invasion de l’Ukraine par les forces russes, François a affirmé avoir " appelé au téléphone " le président ukrainien Volodymyr Zelensky " le premier jour de la guerre ". " En revanche je n’ai pas appelé Poutine. Je lui avais parlé en décembre, pour mon anniversaire, mais cette fois-ci non, je n’ai pas appelé ", a ajouté le pontife argentin.
" Par la suite, après 20 jours de guerre, j’ai demandé au cardinal (Pietro) Parolin ", numéro deux du Vatican, " de faire parvenir à Poutine le message que j’étais disposé à me rendre à Moscou ", a-t-il poursuivi. " Nous n’avons pas encore reçu de réponse et nous insistons encore, même si je crains que Poutine ne puisse pas et ne veuille pas avoir cette rencontre maintenant ", a ajouté le pape François.
" Comment ne parvenons-nous pas à arrêter toute cette brutalité? Nous avons vu la même chose il y a 25 ans avec le Rwanda ", a-t-il ajouté, évoquant le génocide de 1994 au cours duquel 800.000 personnes, principalement issues de la minorité tutsi, ont été tuées, selon l’ONU.
Des paroles faisant écho à l’accusation très politique portée par plusieurs dirigeants occidentaux, ainsi que l’Ukraine, de " génocide " commis par les troupes russes après les charniers découverts à Boutcha.
" Aboiements de l’Otan "
S’interrogeant sur les causes du conflit, le chef spirituel des catholiques a évoqué une " colère " du Kremlin ayant pu être " facilitée " par " les aboiements de l’Otan à la porte de la Russie ", des propos qui ont provoqué de vives réactions des autorités polonaises. " À coup sûr, nous sommes nombreux à nous prendre la tête entre les mains en entendant ce que le pape a dit ", a réagi à la télévision publique le ministre polonais de l’Education, Przemyslaw Czarnek.
Si les services du Vatican ont laissé passer ces propos " sur les aboiements (…) de l’Otan, autrement dit du flanc oriental, donc aussi de la Pologne, alors le pape tout simplement a voulu le dire ". Et, ajoute le ministre, " par là même il nous a offensés, nous les Polonais ".
" Je dois d’abord aller à Moscou "
Le souverain pontife a exclu par ailleurs de se rendre pour le moment à Kiev, en dépit des invitations des Ukrainiens. " A Kiev, je n’y vais pas pour le moment ", dit-il, rappelant y avoir envoyé deux cardinaux. " Je sens que je ne dois pas y aller ", a-t-il insisté. " Je dois d’abord aller à Moscou, je dois d’abord rencontrer Poutine ", a assuré François qui a multiplié les appels à la cessation des combats en Ukraine.
Il a également évoqué un entretien par visio-conférence avec le patriarche Kirill, le chef de l’Église orthodoxe russe et soutien de Vladimir Poutine. " Les vingt premières minutes, avec un papier en main, il m’a lu toutes sortes de justifications de la guerre. J’ai écouté et je lui ai dit: je ne comprends rien de tout cela. Nous ne pouvons pas utiliser le langage de la politique mais celui de Jésus" , a dit François.
Avec AFP