Miné par le scandale du " partygate " et l’envolée des prix, le Parti conservateur du Premier ministre britannique Boris Johnson sort affaibli vendredi d’élections locales qui laissent également augurer un tournant historique en Irlande du Nord.

Trou d’air de mi-mandat ou début de la fin pour le dirigeant conservateur ? Le renouvellement jeudi de 200 conseils locaux en Angleterre, Pays de Galles et Ecosse s’est traduit par un net recul dans les urnes des Tories, mais sans donner lieu à l’effondrement redouté par certains après les révélations en cascades sur les fêtes à Downing Street pendant les confinements, qui ont valu une amende au chef du gouvernement.

Le lent décompte a commencé vendredi matin par des victoires très symboliques pour l’opposition travailliste qui a remporté à Londres les conseils de Westminster, contrôlé par les Tories depuis sa création en 1964, de Barnet ainsi que Wandsworth, " conseil favori " de l’ex-Première ministre Margaret Thatcher.

Les gains du Labour sont plus limités hors de la capitale et notamment dans les régions populaires du centre et du nord de l’Angleterre, que le parti doit reconquérir s’il veut prendre le pouvoir.

Au total, selon des résultats encore partiels, les conservateurs perdent 11 conseils et plus de 200 sièges tandis que les travaillistes remportent sept conseils et plus de 120 conseillers.

Boris Johnson a évoqué des résultats " mitigés ". Il a reconnu une " dure soirée " jeudi pour les conservateurs dans certaines régions mais revendiqué une progression dans d’autres.

Enhardi par les résultats à Londres, le chef du parti travailliste Keir Starmer a salué un " tournant ": " Nous avons envoyé un message au Premier ministre, la Grande-Bretagne mérite mieux ", a-t-il déclaré, avant de tweeter " le changement commence maintenant ".

" Pas un signal assez fort "

Marqués traditionnellement par des enjeux très locaux et une faible participation, ces élections jaugeaient pour la première fois les effets du scandale des fêtes à Downing Street pendant les confinements.

Au pouvoir depuis 12 ans, les conservateurs se voient aussi reprocher leur soutien insuffisant à des ménages étranglés par l’inflation, attendue à plus de 10% dans les mois qui viennent.

Si la popularité de Boris Johnson, 57 ans dont bientôt trois à Downing Street, s’est effondrée ces derniers mois, il a pour l’instant traversé la tempête, mettant en avant son rôle moteur dans le soutien occidental à l’Ukraine, et se dit déterminé à rester au pouvoir et mener la bataille des législatives en 2024.

Malgré la " mauvaise performance " électorale des Tories, le politologue Simon Usherwood, de l’Open University, estime que le Premier ministre n’est pas menacé dans l’immédiat. " Ce n’est un signal assez fort pour convaincre de nombreux députés qu’il est temps de se débarrasser de Johnson ", explique-t-il à l’AFP.

Pour le Labour, la fête est d’ailleurs gâchée par l’ouverture par la police d’une enquête visant Keir Starmer, soupçonné d’avoir enfreint les règles sanitaires pour avoir partagé bières et currys avec son équipe fin avril 2021 lors d’une campagne électorale. De quoi le mettre en position délicate, lui qui a appelé maintes fois le Premier ministre à la démission dans le " partygate ".

Risque de paralysie

En Irlande du Nord, où sont renouvelés les 90 élus de l’assemblée locale de Stormont, le décompte pourrait se prolonger samedi voire au-delà.

Un séisme politique s’annonce: les sondages donnent le Sinn Féin en tête de l’Assemblée locale pour la première fois en cent ans d’histoire de la province britannique, sous tensions depuis le Brexit.

Une victoire du Sinn Féin, l’ex-vitrine politique de l’organisation paramilitaire Armée républicaine irlandaise (IRA), propulserait sa vice-présidente Michelle O’Neill au poste de cheffe du gouvernement local, qui doit être dirigé conjointement par nationalistes et unionistes en vertu de l’accord de paix de 1998.

Elle amorcerait une possible redéfinition du Royaume-Uni: le parti prône une réunification avec la République d’Irlande, même s’il a relégué cette revendication au second plan au profit des questions sociales.

Le risque d’une paralysie politique plane. Les unionistes du DUP, jusqu’alors en tête, conditionnent leur participation à un nouvel exécutif à " une action décisive " du gouvernement de Londres, comme l’a répété vendredi leur chef Jeffrey Donaldson, face aux contrôles douaniers post-Brexit qui menacent selon eux la place de la province au sein du Royaume-Uni.

 

AFP

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