Avant même la guerre en Ukraine, l’insécurité alimentaire s’était aggravée dans le monde en raison des conflits, des crises climatiques et économiques. La Banque mondiale va consacrer au cours des quinze prochains mois 12 milliards de dollars à la lutte contre l’insécurité alimentaire, participant ainsi à l’effort international qui devrait redoubler d’intensité lors de réunions mercredi et jeudi de l’ONU

Lors d’une réunion ce mercredi aux Nations Unies, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a présidé la session dans le but de passer à l’action.
Crise alimentaire
Depuis que la Russie a envahi l’Ukraine, la crise a empiré, les deux pays assurant à eux seuls 30% du commerce mondial de blé. La communauté internationale s’efforce désormais de trouver des solutions immédiates. La majorité des 12 milliards de dollars de la Banque mondiale ira aux pays d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Europe de l’Est et d’Asie centrale et du Sud, a précisé l’institution.Cette enveloppe doit soutenir en particulier leur agriculture, " la protection sociale pour amortir les effets de la hausse des prix des denrées alimentaires ", et favoriser des projets d’approvisionnement en eau et d’irrigation. La Banque mondiale a par ailleurs annoncé qu’elle disposait de 18,7 milliards de dollars non utilisés qui vont aussi pouvoir être dédiés aux projets. "Au total, cela représente plus de 30 milliards de dollars disponibles pour la mise en œuvre de la lutte contre l’insécurité alimentaire au cours des 15 prochains mois ", a relevé la Banque mondiale. " La hausse des prix alimentaires a des effets dévastateurs sur les plus pauvres et les plus vulnérables ", a déploré le président de la Banque mondiale, David Malpass.

Le quartier général de la Banque mondiale.
" Efforts concertés "

Il recommande aux pays de faire " des efforts concertés " non seulement pour augmenter l’approvisionnement en énergie et en engrais, aider les agriculteurs à augmenter les plantations et les rendements des cultures, mais encore pour " supprimer les politiques qui bloquent les exportations et les importations (…) ou encouragent le stockage inutile ".

La sécurité alimentaire va aussi être au cœur de discussions à New York, lors de réunions aux Nations Unies mercredi et jeudi. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken présidera lui-même mercredi après-midi une réunion ministérielle avec l’objectif de mobiliser et de passer à l’action, a annoncé le département d’État. " Les États-Unis se sont engagés à faire cesser la faim et la malnutrition et à construire des systèmes alimentaires plus durables, équitables et résilients dans le monde ", a-t-il souligné dans un communiqué.

M. Blinken rencontrera notamment de hauts responsables de pays d’Afrique et le ministre des Affaires étrangères du Pakistan. Jeudi, le responsable américain présidera une réunion du Conseil de sécurité focalisée sur les liens entre insécurité alimentaire et conflits. Lundi, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, avait indiqué que l’objectif était " de réunir des pays pour examiner lesquels d’entre eux pourraient aider à combler le déficit " de blé provoqué par le conflit en Ukraine.

À la sortie d’un supermarché, une famille colombienne regarde le sac de courses d’une mère de famille. La crise alimentaire s’est aggravée en raison de la pandémie de Covid-19. (AFP)
193 millions de personnes

Mercredi, le Trésor américain a, lui, salué l’action collective des institutions financières internationales (IFI) dont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et les banques de développement. Ces institutions ont en effet annoncé une série de mesures, soulignant qu’elles pouvaient mettre à profit non seulement leur financement mais encore leur savoir-faire technique.

" Il s’agit notamment de tirer parti des outils et programmes existants de manière accélérée (…), de réorienter les programmes actuels, (…) de cibler les travaux qui répondent aux besoins immédiats ", ont-elles expliqué dans un communiqué. Parmi leurs objectifs prioritaires: atténuer les pénuries d’engrais, soutenir la production alimentaire immédiatement, investir dans une agriculture résiliente au changement climatique pour l’avenir ou encore promouvoir le libre-échange.

L’an passé, 193 millions de personnes dans 53 pays se trouvaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë, c’est-à-dire qu’elles ont eu besoin d’une aide urgente pour survivre, selon l’ONU. Et l’inquiétude grandit alors que l’Inde, frappée par une canicule exceptionnelle, entend interdire ses exportations de blé pour assurer la sécurité alimentaire de ses 1,4 milliard d’habitants.

Avec AFP