La Corée du Nord pourrait bien profiter de la visite de Joe Biden en Corée du Sud le 21 mai pour procéder un à essai nucléaire, semblent craindre Washington et Séoul. Selon les deux alliés, Pyongyang aurait terminé ses préparatifs et lanceraient ce nouveau test, vu comme une énième provocation.

La Corée du Nord est sur le point de procéder à un essai nucléaire, ont déclaré jeudi 19 mai Séoul et Washington, les États-Unis avertissant que cela pourrait se produire lors de la visite du président américain Joe Biden en Corée du Sud cette semaine.

Le premier voyage de M. Biden en tant que président dans la région semble devoir être éclipsé par une Corée du Nord de plus en plus belliqueuse.

Malgré la récente vague de Covid-19 en Corée du Nord, " les préparatifs d’un essai nucléaire sont terminés et ils ne cherchent que le bon moment " pour le réaliser, a déclaré le député Ha Tae-keung à la presse, citant des informations du Service national de renseignement de Séoul.

Corée du Nord nucléaire
La crise du Covid n’a pas freiné la Corée du Nord dans sa course à l’armement nucléaire (AFP)

Selon les services de renseignement américains, il existe une " réelle possibilité " que la Corée du Nord choisisse d’organiser une " provocation " après l’arrivée de Joe Biden à Séoul vendredi en fin de journée, a déclaré son administration.

Cela pourrait signifier " de nouveaux essais de missiles, des essais de missiles à longue portée ou un essai nucléaire, ou carrément les deux ", avant, pendant ou après la tournée de M. Biden dans la région, a indiqué Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche.

Images satellites à l’appui

Des images satellites indiquent que la Corée du Nord se prépare à effectuer ce qui serait son septième essai nucléaire, après un nombre record de tests cette année, notamment de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM).

" La Corée du Nord voudra attirer l’attention mondiale en procédant à un essai nucléaire pendant la visite du président Biden en Corée du Sud et au Japon ", a déclaré à l’AFP Cheong Seong-chang, du Centre d’études sur la Corée du Nord de l’Institut Sejong à Séoul.

M. Biden, qui rendra visite à certains des quelque 30.000 soldats américains stationnés en Corée du Sud, est prêt à procéder à des " ajustements " du dispositif militaire américain dans la région, et le nouveau président de Séoul, Yoon Suk-yeol, est désireux de renforcer les liens.

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L’information a notamment été annoncée sur les chaînes sud-coréennes (AFP)

Biden et Yoon ont tous deux déclaré qu’ils étaient ouverts aux pourparlers avec Pyongyang, mais qu’ils attendaient de réels progrès en matière de dénucléarisation. "

Biden juge que la question nord-coréenne ne peut pas être résolue par des réunions improvisées entre les dirigeants comme l’a fait Trump ", a déclaré Woo Jung-yeop, chercheur au Sejong Instute de Séoul.

La Corée du Nord suivra de très près l’issue de la rencontre Yoon-Biden samedi 21 mai, a déclaré Yang Moo-jin, professeur à l’Université des études nord-coréennes, ajoutant qu' "en fonction du résultat, la Corée du Nord décidera d’accélérer ou de ralentir ses essais nucléaires et ICBM ".

Pyongyang veut profiter de la faiblesse de l’ONU

Kim Jong Un est également bien conscient de l’impasse au Conseil de sécurité de l’ONU après l’invasion de l’Ukraine par la Russie et il est donc " très probable " qu’un essai nucléaire ou ICBM ait lieu pendant la tournée asiatique de Biden, ajoute Cheong Seong-chang.

Moscou bloquerait probablement toute tentative des Nations unies d’imposer de nouvelles sanctions à Pyongyang à la suite d’un essai d’armement.

Sous le coup de sanctions internationales, la Corée du Nord a considérablement intensifié ses tests de missiles cette année, tout en ignorant les propositions de négociation des États-Unis.

Le pays avait cessé en 2017 les tirs de missiles balistiques intercontinentaux et les essais nucléaires. Il a déjà en partie rompu ce moratoire en tirant fin mars un missile intercontinental.

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Joe Biden est attendu par son homologue sud-coréen le 21 mai (AFP)

Les pourparlers sont au point mort depuis l’échec du sommet Trump-Kim en 2019, et Kim Jong Un a récemment déclaré son intention de renforcer son arsenal nucléaire " le plus rapidement possible ".

La responsabilité de cette situation est en partie imputable à la " négligence stratégique " de la Corée du Nord par le président Biden depuis son entrée en fonction, a jugé Park Won-gon, professeur à l’université Ewha à Séoul.

" Il n’y a aucun moyen de vraiment arrêter la Corée du Nord maintenant ", a-t-il ajouté.

Avec AFP