On l’aperçoit se couvrir la tête pendant qu’il maintient le cercueil, qui manque de tomber. Amro Abou Khodeir, l’un des porteurs du cercueil de la journaliste Shirine Abou Akleh, tuée le 11 mai en Cisjordanie, a été arrêté par Israël, a annoncé la police jeudi. Cette dernière affirme détenir un " dossier secret " sur son appartenance à " une organisation terroriste ".

" Appartenance à une organisation terroriste "
L’armée a par ailleurs déclaré que l’enquête ouverte par la police après la mort de la journaliste vedette d’Al Jazeera, qui portait un gilet pare-balles siglé " presse " et un casque, était toujours " en cours ". Vendredi dernier, des milliers de Palestiniens ont participé aux obsèques de la journaliste tuée d’une balle dans la tête alors qu’elle couvrait un raid militaire israélien dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.Des policiers israéliens armés de matraques ont frappé les porteurs du cercueil, qui était recouvert d’un drapeau palestinien. Cette attaque a suscité une vive condamnation internationale. Amro Abou Khodeir faisait partie des porteurs du cercueil de la journaliste d’Al Jazeera lors de ses funérailles le 13 mai à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville occupé et annexé par Israël.

L’avocat d’Amro Abou Khodeir, Khaldoun Najm, a déclaré jeudi à l’AFP que son client avait été interrogé par la police sur son rôle lors des funérailles. Les Israéliens ont affirmé détenir " un dossier secret sur (son) appartenance à une organisation terroriste ", a-t-il ajouté. La police israélienne a elle rejeté tout lien entre les funérailles et l’arrestation d’Amro Abou Khodeir, parlant de " tentative de produire une théorie du complot ". " Le suspect a été arrêté dans le cadre d’une enquête en cours qui, contrairement aux allégations, n’avait rien à voir avec sa participation au cortège funéraire ", a ajouté la police, qui précise que " la détention du suspect a été prolongée ".

Une fresque murale commémorative à Jénine. (AFP)
Enquêtes parallèles

La police, qui a ordonné une enquête sur l’incident après le tollé international provoqué par son intervention, s’est justifiée en faisant état de la présence d' "émeutiers " qui ont lancé des projectiles sur les forces de l’ordre. Les Palestiniens et la chaîne Al Jazeera affirment que les troupes israéliennes ont abattu la journaliste, tandis que selon Israël, elle pourrait avoir été tuée par des tirs palestiniens ou par une balle perdue d’un sniper israélien.

L’armée a déclaré jeudi que la décision sur " la nécessité d’ouvrir une information judicaire " serait " déterminée par la justice militaire, conformément aux conclusions de l’enquête toujours en cours ". Selon l’armée, " au cours de l’échange de tirs entre les tireurs palestiniens et les soldats (israéliens), un soldat a tiré quelques balles depuis un véhicule (de l’armée) en utilisant une lunette de visée sur un Palestinien qui tirait sur le véhicule susmentionné ".

" Le tireur palestinien a tiré à de nombreuses fois sur le soldat (israélien) et il est possible que Mme Abou Akleh, qui était proche du tireur palestinien, derrière, ait été touchée par les tirs du soldat ", indique l’armée dans un communiqué. " La distance entre le véhicule et Mme Abou Akleh était d’environ 200 mètres ", est-il ajouté.

L’armée a exhorté l’Autorité palestinienne à fournir la balle extraite du corps de la journaliste afin de réaliser un examen balistique et faciliter la conclusion de l’enquête. Le président palestinien Mahmoud Abbas a dit tenir les autorités israéliennes pour " complètement responsables " de la mort de la journaliste, refusant une enquête conjointe avec Israël.

Avec AFP