Suite à la candidature de la Finlande à l’OTAN, la Russie a décidé de cesser de fournir du gaz naturel à la Finlande sous prétexte que celle-ci a refusé de payer le fournisseur Gazprom en roubles. Moscou avait déjà suspendu la fourniture de gaz à la Bulgarie et la Pologne en fin avril pour les mêmes raisons. Cependant, le risque de pénurie énergétique est écarté selon les responsables finlandais, la Finlande ayant prévu de compenser le manque à partir du gazoduc Balticconnector et de l’importation de gaz naturel liquéfié. Les importations russes constituent 10% de la production d’électricité en Finlande, qui ne compte par ailleurs qu’à 8% sur le gaz naturel pour son mix énergétique. 

 

La Russie a cessé samedi de fournir du gaz naturel à la Finlande voisine, qui a refusé de payer le fournisseur Gazprom en roubles et provoqué sa colère en demandant à adhérer à l’Otan. N’ayant pas reçu de paiement en roubles de la compagnie énergétique publique finlandaise Gasum à la date butoir du 20 mai, Gazprom a " complètement arrêté ses livraisons de gaz ", a expliqué le géant russe de l’énergie dans un communiqué.

Après le début de l’opération militaire russe en Ukraine le 24 février et l’imposition de sanctions occidentales, le président russe Vladimir Poutine avait réclamé le 31 mars aux acheteurs de gaz russe de pays " inamicaux " de payer en roubles depuis des comptes en Russie, sous peine d’être privés d’approvisionnements.

La liste des " pays inamicaux ", publié début mars, comprend notamment les États-Unis, les membres de l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon, la Suisse, Taïwan, la Corée du Sud, la Norvège et l’Australie. Les États de l’UE sont les principaux consommateurs de gaz russe.

" À compter du 1er avril, les paiements pour le gaz doivent être effectués en roubles en utilisant de nouvelles coordonnées bancaires, ce dont les partenaires ont été informés en temps voulu ", a justifié Gazprom.

Fin avril, le géant russe avait déjà suspendu ses livraisons de gaz à la Bulgarie et la Pologne en expliquant que ces deux pays de l’UE n’avaient pas effectué de paiement en roubles. L’Union européenne avait qualifié cette mesure de " chantage ".

Pas de risque de pénurie d’électricité

La Finlande, dirigée par la Première ministre Sanna Marin, a soumis une demande d’adhésion à l’Otan, alors que durant des décennies, elle avait fait le choix du non-alignement. (AFP)

Gazprom indique avoir fourni 1,49 milliard de mètres cube de gaz naturel à la Finlande en 2021, soit les deux tiers de la consommation du pays nordique. Le gaz naturel ne représente toutefois que 8% de l’énergie consommée en Finlande.

La compagnie finlandaise Gasum a expliqué qu’elle comblerait le manque à partir d’autres sources par le biais du gazoduc Balticconnector, qui relie la Finlande à l’Estonie.

" Il est très regrettable que la livraison contractuelle en gaz naturel soit suspendue. Nous avons cependant veillé soigneusement à nous préparer à cette situation "avait indiqué le directeur général de Gasum, Mika Wiljanen, dans un communiqué publié vendredi soir, annonçant la mesure russe imminente. " Il n’y aura pas de coupures dans le réseau de distribution de gaz ", avait-il assuré.

Gasum, qui rejette l’exigence d’un paiement en roubles, a annoncé mardi qu’il demandait un arbitrage en justice. Gazprom Export s’est dit prêt à défendre ses intérêts devant les tribunaux par tous les " moyens disponibles ". Interrogé vendredi par la presse, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a jugé " évident que personne ne va livrer quoi que ce soit gratuitement ".

La Finlande a déjà dévoilé des plans pour se passer de gaz russe l’hiver prochain en annonçant notamment la location sur dix ans, conjointement avec l’Estonie voisine, d’un terminal flottant de regazéification du gaz naturel liquéfié (GNL).

Une escalade entre la Russie et les pays nordiques 

La semaine passée, la Russie avait déjà suspendu les livraisons d’électricité à la Finlande après que son entreprise énergétique RAO Nordic a réclamé à Helsinki des arriérés de paiement. Interrogé par l’AFP, l’opérateur du réseau électrique finlandais Fingrid avait assuré pouvoir se passer du courant russe, qui représente environ 10% de l’électricité consommée dans le pays.

La Finlande, qui partage quelque 1.300 km de frontières avec la Russie et la Suède voisine ont soumis mercredi une demande d’adhésion à l’Otan, alors que durant des décennies, notamment pendant toute la Guerre Froide, les deux pays avaient fait le choix du non-alignement.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov a estimé que les candidatures suédoise et finlandaise constituaient " une grave erreur " dont " les conséquences auront une portée considérable ". En réaction, Moscou a déjà annoncé qu’elle allait créer douze nouvelles bases militaires dans l’ouest du pays.

Avec AFP

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