Le parti travailliste a remporté les élections législatives en Australie, chassant du pouvoir le Premier ministre Scott Morisson, décrié pour son bilan contrasté en matière de lutte contre le changement climatique. Le Parti travailliste a remporté 72 députés sur 151, quatre sièges de moins que la majorité absolue, ce qui le force à négocier avec les candidats indépendants principalement issus de la mouvance écologiste. Le nouveau Premier ministre a notamment promis de faire de l’Australie un leader en termes d’énergies renouvelables,  d’augmenter le salaire minimum et de réduire de 43% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. 

Le premier ministre sortant Scott Morisson a mené une campagne essentiellement autour de l’économie et de son bilan favorable en termes de croissance et de création d’emplois. (AFP)

 

Le Parti travailliste d’Anthony Albanese a remporté samedi les législatives en Australie, chassant du pouvoir le Premier ministre conservateur Scott Morrison dont l’inaction contre le changement climatique a été sévèrement sanctionnée par les électeurs.

Assuré du plus grand nombre de députés, il a proclamé sa victoire, affirmant que les Australiens avaient " voté pour le changement ", et indiqué qu’il prendrait ses fonctions dès lundi. Il a, dans la foulée, annoncé sa participation au sommet du Quad (États-Unis, Inde, Japon, Australie) prévu mardi à Tokyo en compagnie de sa future ministre des Affaires étrangères, Penny Wong.

Selon des projections de la chaîne ABC après dépouillement de plus de la moitié des suffrages, le Parti travailliste remportait 72 députés sur 151, quatre sièges de moins que la majorité absolue.

À la suite de trois années marquées par des catastrophes naturelles majeures et par la pandémie, les Australiens ont plébiscité un nombre inhabituel de " petits " candidats pro-environnement, qui pourraient détenir les clés du pouvoir en négociant leur soutien à M. Albanese si celui-ci n’atteignait pas la majorité absolue.

La question écologique au cœur de la campagne 

Le parti conservateur doit principalement sa défaite à sa mauvaise gestion des catastrophes climatiques et de la pandémie du COVID-19. (AFP)

Le Parti vert et les candidats indépendants surnommés " teals " (les " sarcelles ") – pour la plupart des femmes prônant la défense de l’environnement, l’égalité des sexes et la lutte contre la corruption – étaient en passe de conquérir une série de circonscriptions urbaines traditionnellement dévolues aux conservateurs.

" Les gens ont dit que la crise climatique est un sujet sur lequel ils veulent agir "a exulté Adam Bandt, leader du Parti vert. " Nous venons de connaître trois années de sécheresse, puis des incendies et maintenant des inondations et encore des inondations. Les gens peuvent le voir, c’est en train de se produire, c’est en train de s’aggraver ", a-t-il ajouté.

La défaite de M. Morrison met fin à neuf ans de règne des conservateurs sur l’immense pays-continent. La campagne électorale s’est focalisée sur la personnalité de MM. Morrison et Albanese, reléguant les idées politiques au second plan.

Mais les jeunes Australiens sont de plus en plus excédés par les politiques pro-charbon du gouvernement, les difficultés pour trouver un logement abordable et la mauvaise utilisation de l’argent public.

" J’ai grandi dans une communauté qui a été très fortement touchée par les incendies et les inondations au cours des cinq dernières années ", a raconté dans un bureau de vote de Melbourne Jordan Neville, qui votait pour la première fois. " Si quelque chose pouvait être fait pour empêcher que cela se reproduise, ce serait incroyable ".

Un bilan contrasté du Premier ministre sortant 

M. Morrison avait résisté aux appels à réduire plus rapidement les émissions de CO2 de l’Australie d’ici à 2030, et soutenait sans réserves l’industrie du charbon, un des moteurs de l’économie du pays.

À la traîne dans les sondages depuis un an, il s’était prévalu de la reprise économique et d’un taux de chômage actuellement au plus bas depuis 48 ans. Il avait dépeint son rival travailliste comme un " électron libre " inapte à diriger l’économie.

Mais il a souffert d’une faible popularité personnelle et d’accusations de malhonnêteté. Il a aussi causé une brouille diplomatique monumentale entre Canberra et Paris, en cassant au profit de Washington un méga-contrat de sous-marins français l’été dernier.

" La défaite du Premier ministre me convient très bien "a réagi samedi l’ex-ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. " Les actes posés au moment où ils ont été posés étaient d’une brutalité et d’un cynisme, et je serais même tenté de dire d’une incompétence notoires ", a-t-il asséné.

Anthony Albanese, un Premier ministre au profil détonnant 

Anthony Albanese, nouveau Premier ministre australien, a promis de faire de son pays un leader mondial dans les énergies renouvelables. (AFP)

Anthony Albanese, issu des classes populaires et élevé par une mère célibataire dans un logement social de Sydney, sera le premier chef de gouvernement australien à ne pas porter un nom de famille anglo-saxon ou celtique. Anthony Albanese est un miraculé d’accident de la route qui a su redresser le Parti travailliste et le mener à une victoire sur le fil, mettant fin à neuf ans de règne des conservateurs sur l’immense pays-continent.

Il s’est engagé à mettre fin au retard pris par l’Australie en matière de lutte contre le changement climatique, à aider les personnes confrontées à la flambée des prix et à renforcer la participation des populations indigènes à l’élaboration de la politique nationale. Il a promis de faire de son pays une " super-puissance " en matière d’énergies renouvelables.

Il a promis de mettre en place un puissant organisme anticorruption, d’augmenter le salaire minimum au gré de l’inflation et de réduire de 43% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Dans son discours de victoire, il a aussi promis de transformer l’Australie en " super-puissance " des énergies renouvelables. Il s’est, jusqu’à présent, abstenu de dire s’il comptait renoncer au charbon ou interdire l’ouverture de nouvelles mines, un secteur dont dépend encore lourdement l’économie du pays.

Mais il pourrait maintenant, pour gouverner, devoir conclure des accords avec des candidats exigeant des mesures plus fermes en matière de climat, risquant ainsi de s’attirer l’ire des factions de son parti favorables au charbon et aux syndicats miniers.

Avec AFP