Severodonetsk est tombée

Les forces russes se sont emparées mardi d’une grande partie de la ville-clef de Severodonetsk, poursuivant leur progression dans l’Est de l’Ukraine.

" Malheureusement, aujourd’hui, les soldats russes contrôlent la majeure partie de la ville ", a indiqué le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, à la télévision ukrainienne, estimant la cité " détruite à 90% ".

" Les combats se déroulent au cœur de la ville ", a-t-il précisé. Mais " nos militaires ne seront pas encerclés ", a-t-il assuré dans son intervention. " Nos soldats sont sur la défensive, mais tiennent leurs positions ".

Scènes de la vie à Slovyansk, probablement prochaine cible de l’armée russe au Donbass

 

Le gouverneur régional a précisé qu’il n’y avait " désormais aucune possibilité de quitter Severodonetsk ", les combats étant trop dangereux pour permettre une quelconque évacuation de civils.

Un réservoir d’acide nitrique touché par les frappes

Le gouverneur Gaïdaï a, quelques heures plus tard, indiqué qu’un " réservoir d’acide nitrique " d’une usine chimique de Severodonetsk avait été " touché " par une frappe russe. " Ne quittez pas les abris " et " préparez des masques pour le visage trempés dans une solution de soude ", a écrit le gouverneur sur Telegram, à l’adresse des civils encore terrés dans les abris.

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Les forces russes ont pour objectif affiché de contrôler l’intégralité du grand bassin minier du Donbass, dont des forces séparatistes prorusses appuyées par Moscou ont pris le contrôle partiel en 2014.

La ville de Severodonetsk, avec celle voisine de Lyssytchansk, situées à quelque 80 km de la capitale administrative régionale de Kramatorsk, est une agglomération-clef pour y parvenir.

C’est dans cette zone qu’a été tué lundi un journaliste français de la chaîne BFMTV, Frédéric Leclerc-Imhoff, qui accompagnait un véhicule humanitaire qui évacuait des civils.

12.000 civils pris au piège

Il pourrait rester quelque 12.000 civils pris au piège des combats et des bombardements dans cette ville qui comptait 100.000 habitants avant la guerre, a indiqué mardi le Norwegian Refugee Council (NRC), une ONG dont l’essentiel du personnel en Ukraine y était basé jusqu’à l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février.

A Kharkiv, récemment délivrée des frappes russes

Alors qu’elle avait distribué jusqu’à la semaine dernière de la nourriture et des biens de première nécessité aux habitants de Severodonetsk et de la région alentour, " l’intensification des combats rend maintenant les distributions impossible ", a indiqué son secrétaire général Jan Egeland dans un communiqué.

Par ailleurs Pavlo Kyrylenko, gouverneur de la région de Donetsk, a indiqué sur Telegram que quatre civils avaient été tués et sept blessés par des tirs des forces russes dans sa région.

Actuellement, un cessez-le-feu même ponctuel paraît improbable, en l’absence de tout pourparler de paix.

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Déblocage des ports ukrainiens

L’une des prochaines priorités des Occidentaux semble être le déblocage des ports ukrainiens de la mer Noire. Un blocus russe paralyse l’exportation de centaines de tonnes de céréales ukrainiennes, faisant craindre le risque d’une crise alimentaire mondiale.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se rendra le 8 juin en Turquie pour discuter de la mise en place de " corridors sécurisés " pour le transport des céréales ukrainiennes, a annoncé mardi son homologue turc Mevlüt Cavusoglu.

 

Lundi, le président russe Vladimir Poutine avait déclaré au téléphone au président turc Recep Tayyip Erdogan que la Russie était prête à travailler avec la Turquie à la libre circulation des marchandises en mer Noire, dont " l’exportation des céréales provenant des ports ukrainiens ", selon un communiqué du Kremlin.

L’Union européenne (UE) cherche, elle aussi, une solution pour les céréales ukrainiennes. Le président français Emmanuel Macron, qui assume la présidence tournante de l’UE, a indiqué mardi avoir proposé samedi à Vladimir Poutine l’adoption d’une résolution de l’ONU qui " donnerait un cadre très clair " à la levée du blocus du port d’Odessa, premier port ukrainien.

" Une opération à haut risque "

La levée du blocus d’Odessa par des moyens militaires serait " une opération à haut risque ", a prévenu mardi le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, à son arrivée à Londres, première étape d’une tournée européenne.

Le chef d’état-major américain, le général Mark Milley

" Actuellement, les voies maritimes sont bloquées par des mines et par la Marine russe ", a-t-il déclaré aux journalistes l’accompagnant dans sa tournée qui doit aussi le conduire en Finlande et Suède, deux pays souhaitant adhérer à l’Otan, avant la Normandie, pour des cérémonies commémorant le Débarquement.

" Pour ouvrir ces voies maritimes, cela nécessiterait un effort militaire très important de la part d’un pays ou d’un groupe de pays ", a-t-il ajouté.

Une décision, qui ne pourrait venir que de la Maison Blanche, serait " basée sur le coût, le risque, les bénéfices et les probabilités de succès ", a poursuivi le plus haut gradé américain, dont le rôle est de conseiller le président Joe Biden en matière militaire.

Embargo pétrolier

En attendant une percée sur ce dossier, l’UE a décroché dans la nuit de lundi à mardi un accord de ses 27 Etats membres sur un embargo sur le pétrole russe, longtemps bloqué par la Hongrie.

Les représentants des 27 réunis mardi au siège du Conseil européen

Les Ukrainiens réclament aussi un embargo sur le gaz russe, qui s’annonce beaucoup plus difficile à obtenir car les sources alternatives d’approvisionnement sont plus compliquées à trouver. Plusieurs dirigeants européens ont plaidé mardi à Bruxelles pour une " pause " dans les sanctions, et certains ont même carrément exclu l’adoption d’une telle mesure.

La Russie a cependant déjà coupé le robinet du gaz à certains pays européens qui refusaient de la payer en roubles: le géant gazier russe Gazprom a annoncé suspendre immédiatement ses livraisons au néerlandais GasTerra, appartenant en partie à l’Etat néerlandais, tandis que le groupe énergétique danois Orsted a indiqué que ses livraisons seraient coupées ce mercredi.

Des représentants du Procureur de Kharkiv procèdent à des recherches dans la ville dans le cadre des investigations sur de possibles crimes de guerre
Crimes de guerre

Sur le front judiciaire, la justice ukrainienne continue d’avancer tambour battant dans le jugement des " crimes de guerre " commis selon elle par les troupes russes.

Après la condamnation à la perpétuité le 23 mai d’un soldat russe pour le meurtre d’un civil, un tribunal ukrainien a condamné mardi à 11 ans et demi de prison deux soldats russes accusés d’avoir bombardé au lance-missile multiple deux villages de la région de Kharkiv, au premier jour de l’invasion russe.

Alexandre Bobykine et Alexandre Ivanov ont été reconnus coupables de " violation des lois et coutumes de la guerre ", a annoncé le parquet général d’Ukraine sur Telegram.

Des représentants du Procureur de Kharkiv procèdent à des recherches dans la ville dans le cadre des investigations sur de possibles crimes de guerre

 

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