Ne craignant pas de crisper l’Occident, Xi Jinping a réaffirmé son amitié à Vladimir Poutine le 15 mai, et ce malgré la guerre en Ukraine. Jusqu’à présent, le président chinois n’avait jamais apporté son soutien à son homologue russe, sans pour autant condamner sa décision d’envahir l’Ukraine. Le soutien de Pékin assure à Moscou de ne jamais être isolé sur la totalité de la scène internationale.

Un soutien mutuel : le président chinois Xi Jinping a réaffirmé mercredi 15 mai sa proximité avec son " vieil ami " Vladimir Poutine malgré la guerre en Ukraine, au risque de crisper les relations entre Pékin et les Occidentaux.

Face à la résistance ukrainienne et à l’unité des démocraties occidentales, qui ont pris des sanctions sans précédent contre elle, la Russie ne peut compter que sur la puissance chinoise pour échapper à un isolement économique total.

À plusieurs reprises, les puissances occidentales ont mis en garde Pékin contre tout soutien au régime du président russe Vladimir Poutine qui permettrait à Moscou d’atténuer l’impact des sanctions.

Mercredi, au cours d’un échange téléphonique, le président chinois a assuré l’homme fort de Moscou du soutien de Pékin en matière de " souveraineté " et de " sécurité ".

Xi Jinping
Le président chinois continue d’apporter son soutien à son homologue russe, et s’abstient toujours de condamner l’invasion en Ukraine (AFP)

Toujours aucune condamnation de l’invasion de l’Ukraine

" La Chine est disposée à poursuivre avec la Russie le soutien mutuel sur les questions de souveraineté, de sécurité, ainsi que sur d’autres questions d’intérêt fondamental et préoccupations majeures ", a indiqué Xi Jinping à son homologue russe, selon des propos cités par l’agence de presse Chine nouvelle.

Le compte rendu de l’échange, qui intervient le jour du 69e anniversaire du président chinois, ne lie toutefois ces propos à aucun exemple précis, comme l’Ukraine ou Taïwan.

Le dernier appel connu entre les deux dirigeants remontait à fin février, au lendemain de l’invasion de l’Ukraine par les forces russes.

La Chine se refuse depuis l’intervention du 24 février à employer le mot " invasion " pour décrire l’opération militaire lancée par Moscou, et rejette la faute sur les États-Unis et l’Otan.

Proche du Kremlin, avec qui il veut faire front commun contre les États-Unis, le pouvoir chinois s’est par ailleurs abstenu de condamner l’invasion russe.

Les Etats-Unis ont appelé mercredi la Chine à cesser de soutenir l’invasion russe de l’Ukraine pour éviter de se placer " du mauvais côté de l’Histoire ".

" Nous sommes préoccupés par l’alignement de la Chine avec la Russie ", a déclaré un porte-parole de la diplomatie américaine en réaction à cet appel entre les deux présidents au cours duquel Pékin a assuré Moscou de son soutien en matière de " souveraineté " et de " sécurité ".

Vladimir Poutine
Grâce au soutien chinois, la Russie n’est pas totalement coupée du monde (AFP)

Quels contacts entre l’Ukraine et la Chine ?

" En dépit des bouleversements mondiaux, les relations entre la Chine et la Russie ont maintenu une bonne dynamique de développement ", a estimé mercredi M. Xi, appelant à " une coordination stratégique plus étroite " Pékin-Moscou.

Le président chinois a également exposé sa vision pour mettre un terme à la guerre en Ukraine.

" Chaque partie doit promouvoir une solution appropriée " et " de manière responsable ", a insisté M. Xi, précisant que la Chine était prête à jouer un rôle.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, aucun appel n’a toutefois été rendu public entre Pékin et le président Zelensky.

Le président chinois n’a jamais caché sa proximité avec Vladimir Poutine, qualifié de " vieil ami ".

Vladimir Poutine Xi Jinping
La dernière rencontre des deux dirigeants remonte à février 2022 (AFP)

Plus de trente rencontres entre Xi et Poutine

Depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi en 2012, les deux hommes se sont rencontrés à plus de trente reprises.

La dernière rencontre en date remonte au mois de février. Il s’agit alors du premier tête-à-tête depuis le début de la pandémie en 2020.

Trois semaines avant le début de la guerre, Xi Jinping avait reçu Vladimir Poutine à Pékin, en marge des Jeux olympiques d’hiver 2022.

Ils avaient alors proclamé " l’amitié sans limites " entre la Chine et la Russie et signé une multitude d’accords, notamment dans le domaine du gaz.

Symbole de ce rapprochement, la Chine et la Russie ont inauguré vendredi 10 juin le tout premier pont routier entre les deux pays.

Long d’un kilomètre, il relie par-dessus le fleuve Amour les villes de Heihe (nord de la Chine) et Blagovechtchensk (Extrême-Orient russe).

Avec AFP