Le 26 juin s’est terminé, à Nairobi (Kenya), une réunion de six jours visant à préparer la COP15 biodiversité, qui aura lieu en décembre à Montréal. Quelques progrès sont à noter, mais beaucoup de travail reste encore à faire. Les 196 pays membres de la Convention pour la diversité biologique de l’ONU ayant encore trop régulièrement des points de vue divergents sur les solutions à mettre en place pour sauver la planète.

Au terme de six jours de travail acharnés à Nairobi, quelques progrès ont été réalisés pour préparer la COP15 biodiversité, mais un travail important reste à accomplir à moins de six mois de cette rencontre internationale cruciale.

Cette réunion à Nairobi devait permettre, au moins en partie, d’aplanir des différends entre les 196 membres de la Convention pour la diversité biologique (CDB) de l’ONU pour arriver à la COP15 à Montréal en décembre avec un texte ambitieux et un nombre le plus limité possible de points d’achoppement restants à régler.

Ils négocient depuis plus de deux ans un cadre mondial visant à mieux protéger d’ici 2050 la nature et ses ressources indispensables aux humains, alors que la communauté internationale a échoué à tenir ses engagements sur la décennie écoulée.

Des divergences encore trop importantes

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Les divergences entre les 196 pays membres de la convention de l’ONU restent encore importantes (AFP)

" Des progrès ont été faits, limités ", a commenté Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire exécutive de la CDB, lors de la conférence de presse finale. Les délégations " sont parvenues à un consensus sur plusieurs objectifs ", souligne un communiqué de presse du secrétariat de la CDB.

Les ONG, des observateurs et une partie des délégués ont une vision autre : ils jugent les divergences entre membres trop importantes, alors que l’adoption du texte à Montréal se fera par consensus. Des ONG évoquent déjà le risque d’un " Copenhague bis ", en référence à la COP15 climat en 2009 qui avait été un échec.

" La majeure partie du temps a servi à des chamailleries techniques, laissant les décisions majeures irrésolues et repoussées à la COP ", se désole Brian O’Donnell, directeur de Campaign for Nature, auprès de l’AFP. Une déléguée du Sud se disait samedi soir " désespérée ".

" Nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer ", a insisté Elizabeth Maruma Mrema lors de la conférence de presse.

" Il y a beaucoup de travail, beaucoup plus que ce que nous pensions ", mais " ce travail est faisable ", a insisté Basile van Havre, un des coprésidents des négociations.

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Le déclin de l’environnement par continent (AFP)

Prochaine session de travail juste avant la COP

Pour préparer les négociations finales, une autre session de travail aura lieu " juste avant la COP ", a fait savoir Basile van Havre. Avant cela, des rencontres seront organisées en plus petit comité.

Le temps presse, alors qu’un million d’espèces sont menacées de disparition, que les forêts tropicales disparaissent, que l’agriculture intensive épuise les sols et que des pollutions atteignent les zones les plus reculées de la planète.

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L’accélération des extinctions d’espèces plus d’un siècle (AFP)

" Ce n’est plus uniquement un problème écologique (…) c’est un enjeu sécuritaire pour l’humanité ", a rappelé Marco Lambertini, directeur général de WWF International, lors d’une conférence de presse, appelant à un " accord à l’image de celui de Paris " pour le climat.

Des pays tentent de retarder ces négociations fondées sur le consensus, a-t-il reproché : " C’est le Brésil, suivis par d’autres ". Dans les couloirs, l’Argentine et l’Afrique du Sud sont aussi pointées du doigt par certains délégués.

" Le Brésil a été utile ici " et " personne n’a bloqué les autres ", a assuré Francis Ogwal, autre coprésident des négociations, lors de la conférence de presse.

Les pays en développement demande des aides financières

Un des principaux points d’achoppement concerne l’agriculture. Des délégués du Sud mettent en avant le besoin de produire plus, dans un contexte de crise alimentaire, quand d’autres, l’Union européenne en particulier, veulent réduire la pollution par les pesticides et les intrants chimiques et favoriser des types d’agriculture plus bénéfique à la biodiversité comme l’agroécologie, ce qui ne fait pas l’unanimité.

Les pays se divisent aussi sur la question des ressources financières. Le Brésil, soutenu par 22 pays dont l’Argentine, l’Afrique du Sud, le Cameroun, l’Égypte ou encore l’Indonésie, a renouvelé la demande que les pays riches fournissent " au moins 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 " pour aider les pays en développement à préserver leur riche biodiversité.

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La Chine et l’Amérique latine, premières utilisatrices de pesticides (AFP)

Bien que les dirigeants de 93 pays se soient engagés en septembre 2020 à mettre fin à la crise de la biodiversité, ce thème peine à s’imposer dans l’agenda politique international au même niveau que le climat.

" Un succès à la COP15 nécessitera un leadership politique, une véritable ambition (…), pas seulement des déclarations et des promesses ", réclame An Lambrechts de Greenpeace International.

Avec AFP