Une véritable guerre de communication oppose l’Union Européenne à la Russie, cette dernière cherchant à tout prix à diviser l’opinion publique européenne et affaiblir le soutien occidental aux Ukrainiens. Sur le long-terme, il est probable que la lassitude de la guerre et le coût économique de celle-ci provoque une érosion du soutien à l’Ukraine, un scénario que Moscou tente de hâter le plus vite possible. Cinq grands narratifs russes sont mobilisés pour inciter à la division: accentuer le mécontentement vis-à-vis des dirigeants, noircir l’image des réfugiés ukrainiens, exploiter les craintes économiques sur l’énergie et la nourriture, faire de l’Ukraine une racine du fascisme et décrédibiliser les médias occidentaux.

Lors du sommet du G7 en fin juin dernier, le président Zélensky s’est adressé en visioconférence aux dirigeants occidentaux, les exhortant à mettre fin à la guerre avant l’hiver de peur que le conflit ne s’éternise. (AFP)

L’appareil d’influence informationnelle russe est en ordre de marche pour exploiter les divisions à venir au sein des opinions publiques européennes sur le soutien à l’Ukraine, selon une étude d’un cabinet américain publiée jeudi.

Plus la guerre va durer, " plus il est probable que cela entraîne naturellement une érosion du soutien à la coalition occidentale, provoquée par la lassitude de la guerre et le peu d’enthousiasme pour subir des effets économiques de long terme ", estime le cabinet américain spécialisé dans le renseignement, Recorded Future.

Et " il est presque certain que les opérations informationnelles russes vont encore plus tenter d’exploiter cette opportunité pour retourner l’opinion internationale en leur faveur ", selon cette étude.

De très nombreux observateurs estiment que le temps joue en faveur des Russes, entre autres parce qu’il usera le soutien occidental à l’Ukraine contre l’invasion russe lancée le 24 février. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a d’ailleurs récemment insisté sur l’urgence de mettre fin au conflit avant l’hiver.

Plusieurs manifestations ont eu lieu en soutien à la Russie, notamment en Hongrie, dont le dirigeant Viktor Orban a toujours cultivé une ambigüité dans ses relations avec Moscou. (AFP)

Recorded Future affirme que la Russie est en train de mener une série d’opérations d’influence pour travailler sur les opinions publiques internationales sous plusieurs angles, ciblant particulièrement certains pays.

" En se basant sur les observations des réseaux d’influence russe, Recorded Future croit que les tentatives directes pour saper et diviser la coalition occidentale en créant ou exacerbant les divisions visent avant tout la France, l’Allemagne, la Pologne et la Turquie ", selon le rapport.

Ces opérations sont lancées par une multitude de vecteurs : des médias d’État russe comme RT, des sites suspectés d’être des couvertures des services, comme Southfront, ou des relais de désinformation et de propagande déjà connus, comme la chaîne Telegram de la ferme à troll Cyber Front Z, selon le cabinet.

En prenant plusieurs exemples, il a défini cinq grands narratifs incitant à la division : accentuer le mécontentement vis-à-vis des dirigeants, noircir l’image des réfugiés ukrainiens, exploiter les craintes économiques sur l’énergie et la nourriture, faire de l’Ukraine une racine du nazisme et du fascisme, et décrédibiliser les médias occidentaux.

La Russie a, par le passé, été accusée à plusieurs reprises par gouvernements et observateurs d’exploiter les réseaux sociaux à fin de perturber ou parasiter les sociétés occidentales, comme lors des élections américaines de 2016 par exemple.

Face à une guerre en Ukraine qui s’inscrirait dans la durée et une Russie organisée de la sorte, " une réponse globale de l’ensemble des acteurs sera nécessaire pour identifier efficacement, isoler, informer, et contrer les tentatives directes et indirectes de la Russie ", estime Recorded Future.

Avec AFP

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