Après la démission du Premier ministre Boris Johnson, les aspirants à sa succession se bousculent au portillon, son ancien ministre de Finances Rishi Sunak a été l’un des premiers à annoncer sa candidature. Si Johnson a démissionné, il n’a pas pour autant quitté Downing Street, précisant qu’il resterait au pouvoir le temps que son successeur soit nommé. Cette situation pourrait persister jusqu’à l’automne, ce qui provoque le mécontentement d’une partie de la classe politique qui appelle au départ immédiat du " champion du Brexit ". 

Les manœuvres ont commencé vendredi pour remplacer le Premier ministre britannique Boris Johnson après sa démission provoquée par une crise politique sans précédent et son ancien ministre de Finances Rishi Sunak a été l’un des tout premiers à se positionner pour sa succession.

M. Johnson a démissionné jeudi, lâché par le parti conservateur épuisé par les scandales à répétition qui ont marqué les 2 ans et 349 jours au pouvoir de l’ancien héros charismatique du Brexit.

Entre mardi et jeudi, quelque 60 membres de son gouvernement – ministres, secrétaires d’État et autres collaborateurs aux responsabilités moindres – avaient démissionné après un nouveau scandale, ne lui laissant pas d’autre option.

" Je me présente pour être le prochain chef du parti conservateur et votre Premier ministre. Rétablissons la confiance, reconstruisons l’économie et réunissons le pays ", a déclaré vendredi soir sur Twitter Rishi Sunak, qui figure parmi les favoris d’une course encore très ouverte. " Mes valeurs ne sont pas négociables, patriotisme, justice et travailler dur ", a-t-il ajouté dans une vidéo où il souligne notamment l’importance de sa famille.

L’ancien ministre des Finances de 42 ans avait été l’un des premiers à jeter l’éponge mardi soir, apparemment sans même en prévenir Boris Johnson, avec le ministre de la Santé Sajid Javid. Ces deux démissions à quelques minutes d’intervalle avaient ouvert la voie à des dizaines d’autres, d’élus reprochant à Boris Johnson son manque d’intégrité.

Une paralysie politique jusqu’à l’automne 
L’ancien ministre de Finances de Boris Johnson, Rishi Sunak a été l’un des tout premiers à annoncer sa candidature pour le poste de Premier ministre, après avoir été le premier ministre à démissionner du cabinet. (AFP)

Si le Premier ministre a démissionné, il n’a pas encore pour autant quitté Downing Street, précisant qu’il resterait au pouvoir le temps que son successeur soit nommé. Cette situation qui pourrait durer jusqu’à l’automne fait grincer des dents, alors que le pays est confronté à une inflation record de 9%, la pire des pays du G7, et une montée des mouvements sociaux, dans un contexte de guerre en Ukraine.

M. Johnson " est un menteur avéré noyé dans la corruption, nous ne pouvons pas passer encore deux mois comme ça ", a déclaré la cheffe adjointe de l’opposition travailliste Angela Rayner, appelant vendredi à la désignation d’un Premier ministre intérimaire, sur la BBC. " S’ils ne le font pas, nous sommes très clairs sur le fait que nous présenterons une motion de défiance avant les vacances parlementaires " le 22 juillet, a-t-elle ajouté.

Le porte-parole de M. Johnson a cependant exclu que le vice-Premier ministre Dominic Raab assure l’intérim. " Le Premier ministre agit conformément à la convention. Il reste Premier ministre jusqu’à ce qu’un nouveau chef de parti soit en place et le travail du gouvernement se poursuivra pendant ce temps ", a-t-il déclaré.

Le tout nouveau ministre de l’Éducation, James Cleverly, a assuré que le processus de désignation du nouveau leader conservateur serait mené " de manière professionnelle mais rapidement ". Certains élus redoutent néanmoins un été chaotique.

M. Johnson a assuré après sa démission que son gouvernement recomposé à la hâte (12 ministres et secrétaires d’État ont été nommés jeudi et 7 vendredi) ne chercherait pas à mettre en œuvre de nouvelles politiques ou à faire des changements majeurs. Les grosses décisions budgétaires seront laissées au prochain Premier ministre.

Le défilé des candidats à la succession 

Les détails de la procédure pour lui succéder seront annoncés lundi par le Comité 1922, un groupe parlementaire conservateur. La désignation du nouveau chef du parti, qui deviendra Premier ministre – le parti étant majoritaire à la Chambre des communes – doit intervenir avant la convention annuelle du parti le 2 octobre à Birmingham.

Le député Tom Tugendhat, président de la commission des Affaires étrangères au Parlement, s’est déjà annoncé candidat. La procureure générale Suella Braveman s’est aussi dite intéressée.

Parmi les candidats pressentis, le mieux placé serait le ministre de la Défense Ben Wallace. Viennent ensuite Rishi Sunak, la secrétaire d’État au commerce extérieur Penny Mordaunt, la ministre des Affaires étrangères Liz Truss et l’ancien ministre de la Santé Sajid Javid.

Et déjà, les couteaux sont sortis : Jacob Rees-Mogg, fidèle de Boris Johnson dont il est le ministre pour les opportunités du Brexit, a lancé une attaque en règle vendredi contre M. Sunak, dont la démission aurait mis Boris Johnson en rage. " Rishi Sunak n’a pas réussi comme chancelier de l’Echiquier. C’était un chancelier des impôts élevés, qui n’était pas conscient du problème de l’inflation ", a-t-il déclaré avant même l’annonce de sa candidature.

En annonçant sa démission, M. Johnson, 58 ans, n’avait pas eu un mot pour la vague de départs sans précédent en 48 heures, ou les turbulences de son mandat et les accusations dénonçant ses mensonges et son manque d’intégrité.

Il s’était dit " immensément fier " de son bilan et avait dénoncé " l’instinct grégaire puissant " à Westminster, une attaque directe contre ceux qui l’avaient abandonné en masse.

Avec AFP

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