La Nasa a dévoilé lundi l’image infrarouge la plus profonde de l’Univers jamais prise, un somptueux cliché montrant de premières galaxies formées peu après le Big Bang, il y a plus de 13 milliards d’années.

Cette première image scientifique et en couleur du télescope James Webb marque un jour " historique ", a salué le président Joe Biden lors de cet événement tenu à la Maison Blanche, six mois après le lancement en orbite de ce télescope spatial, le plus puissant jamais conçu.

Cette photographie est " l’image infrarouge la plus profonde et la plus claire jamais prise de l’Univers jusqu’ici ", a déclaré la Nasa. La lumière se décompose en différentes longueurs d’ondes, dont l’infrarouge, que l’oeil humain ne peut percevoir, contrairement à James Webb conçu dans ce but.

(AFP)
SMACS 0723

Il s’agit d’un cliché de l’amas de galaxies SMACS 0723 qui, agissant comme une loupe, a également permis de faire apparaître des objets cosmiques très lointains situés derrière lui — un effet appelé lentille gravitationnelle.

D’autres images doivent être révélées mardi par la Nasa, lors d’un événement attendu fébrilement par tous les passionnés d’espace.Leur publication marque à la fois l’aboutissement de nombreuses années d’attente pour les astronomes du monde entier, et le début d’une grande aventure scientifique. James Webb doit permettre aux experts d’étudier l’Univers d’une façon totalement inédite, notamment les premières galaxies, ainsi que des exoplanètes, en quête de possibilité de vie en dehors de notre système solaire.

James Webb avait été lancé à Noël depuis la Guyane française par une fusée Ariane 5. Issu d’une immense collaboration internationale, et en projet depuis les années 1990, ce bijou d’ingénierie posté à 1,5 million de kilomètres de la Terre a coûté environ 10 milliards de dollars.

(Capture d’écran Nasa Live)
Bijou d’ingénierie

Bijou d’ingénierie d’une valeur de 10 milliards de dollars, James Webb a parmi ses missions principales l’exploration des premiers âges de l’Univers.

(Licence Commons)

" Lorsque j’ai vu les images pour la première fois (…), j’ai appris d’un coup trois nouvelles choses sur l’Univers que je ne savais pas avant ", a confié à l’AFP Dan Coe, l’un des rares chanceux dans la confidence. " Ça m’a complètement soufflé ", a confié cet astronome au Space Telescope Science Institute de Baltimore, chargé des opérations de James Webb .

Ce télescope va " transformer notre compréhension de l’Univers ", a-t-il témoigné.

(AFP)

Les noms des autres objets cosmiques observés sont tout aussi poétiques qu’envoûtants: la nébuleuse de la Carène et de l’anneau austral (de gigantesques nuages de gaz et de poussières où se forment les étoiles), et le Quintette de Stephan (un groupement compact de galaxies).

Les couleurs probablement majestueuses qui seront dévoilées sur les photographies ne seront toutefois pas directement celles observées par le télescope.

La lumière se décompose en différentes longueurs d’ondes, et James Webb fonctionne lui dans l’infrarouge, que l’oeil humain ne peut percevoir. Les couleurs infrarouges seront donc " traduites " dans des couleurs visibles.

" Distinguer un écureuil d’un éléphant "

Grâce à ces observations dans l’infrarouge proche et moyen, James Webb pourra voir à travers des nuages de poussière impénétrables pour son prédécesseur, le mythique télescope spatial Hubble. Lancé en 1990 et toujours en fonctionnement, celui-ci a bien une petite capacité infrarouge, mais opère surtout dans la lumière visible et les ultraviolets.

(Licence Commons)

" Même quand Hubble réussissait à prendre l’image d’une galaxie lointaine, il n’était pas capable de distinguer un écureuil d’un éléphant ", a résumé pour l’AFP David Elbaz, astrophysicien français.

Autres grandes différences entre les deux télescopes: le miroir principal de James Webb est près de trois fois plus grand que celui de Hubble et il évolue bien plus loin: à 1,5 million de kilomètres de la Terre, contre 600 km pour Hubble.

Des mondes habitables

Mardi, la première spectroscopie du télescope James Webb doit également être rendue publique, une technique utilisée pour déterminer la composition chimique d’un objet lointain. En l’occurrence, WASP-96 b, une planète géante composée essentiellement de gaz et située en dehors de notre système solaire.

(Licence Commons)

Les exoplanètes (des planètes en orbite autour d’une autre étoile que notre Soleil) sont aussi l’un des axes de recherches principaux de James Webb. Environ 5.000 ont été découvertes depuis 1995, mais elles restent très mystérieuses.

Le but est d’étudier leur atmosphère afin de déterminer si certaines pourraient se révéler être des mondes habitables et propices au développement de la vie.

La publication de ces premières images marquera le début officiel du tout premier cycle d’observation scientifique du télescope.

Plusieurs centaines de projets d’observation, proposés par des chercheurs du monde entier, ont déjà été retenus par un comité de spécialistes pour cette première année de fonctionnement.

Avec AFP