Après un an durant lequel elle a épluché près de 140.000 documents et interrogé plus de mille témoins, la commission parlementaire chargée de l’enquête sur l’assaut du Capitole démontrera mardi le rôle des milices d’extrême droite dans l’évènement, avec l’appui de Donald Trump. Une série d’auditions publiques a eu lieu durant le mois juin, dévoilant comment l’ancien président et ses fidèles sont au cœur d’une véritable tentative de " coup d’État " qui a fait trembler la démocratie américaine. Des travaux rejetés par le milliardaire républicain, qu’il a qualifiés de " chasse aux sorcières ", ainsi que par le Parti républicain qui a promis d’enterrer les conclusions de cette commission s’il venait à prendre le contrôle de la Chambre des représentants lors des législatives de mi-mandat en novembre. 

La commission a examiné comment l’ancien président est devenu de plus en plus désespéré suite à sa défaite électorale provoquant l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. (AFP)

Un groupe d’élus du Congrès américain démontrera mardi comment des milices d’extrême droite ont joué un rôle prépondérant dans l’assaut du Capitole après avoir répondu à un appel de leur héros Donald Trump.

Depuis le début du mois de juin, cette commission parlementaire – sept démocrates et deux républicains répudiés par leur parti – déroule lors d’auditions publiques un récit plaçant l’ancien président américain et ses fidèles au cœur d’une " tentative de coup d’État ".

Vidéos et témoignages à l’appui, elle détaille méticuleusement les pressions exercées par le milliardaire pour se maintenir au pouvoir, de l’élection présidentielle de 2020 jusqu’à l’assaut du Capitole par ses partisans, le 6 janvier 2021.

Les tweets de Donald Trump, à l’origine de l’attaque 

Lors de sa septième audition mardi, la commission compte " examiner comment, dans les semaines précédant le 6 (janvier), Donald Trump est devenu de plus en plus désespéré et a convoqué la foule à Washington ", a indiqué une source parlementaire.

Au cœur de l’exposé des enquêteurs, un tweet de l’ex-homme d’affaires datant du 19 décembre, lors duquel il appelle la foule à se rassembler dans la capitale américaine le jour de la certification de la victoire de Joe Biden. " Grosse manifestation à Washington le 6 janvier. Soyez-y, ce sera fou ", écrit le locataire de la Maison Blanche sur Twitter, son mégaphone favori à l’époque.

Les enquêteurs comptent montrer comment ce tweet a été perçu par plusieurs milices d’extrême droite, nommément les Proud Boys et les Oath Keepers, comme une invitation à prendre part au cortège. Et a déclenché leurs premiers préparatifs. " Nous montrerons comment cela a été un moment crucial qui a provoqué une succession d’événements ", a assuré la source parlementaire.

Inculpations pour sédition

Près de 1,000 témoins, dont plusieurs responsables politiques, ont été convoqués depuis près d’un an par la commission parlementaire pour faire la lumière sur l’implication de l’ancien président dans l’assaut du Capitole. (AFP)

Des milliers de trumpistes avaient répondu présent à l’appel du président. Réunie dans un froid glacial, une marée de casquettes rouges avait écouté Donald Trump parler, avant d’attaquer le siège du Congrès américain dans un chaos sans nom. Au sein de cette foule, des membres des Proud Boys et des Oath Keepers arrivés par petits groupes et avec des équipements paramilitaires laissant supposer une forme de planification, ont rapidement intéressé les procureurs fédéraux.

Plusieurs d’entre eux ont été inculpés de " sédition ", une accusation très rare qui implique d’avoir comploté contre le gouvernement ou une de ses lois. Leur lien direct avec la Maison Blanche n’a jamais été publiquement établi. Jason Van Tatenhove, un ancien porte-parole des Oath Keepers, devrait témoigner publiquement devant la commission parlementaire mardi.

Depuis près d’un an, ces élus ont entendu plus de 1.000 témoins, dont deux enfants de l’ancien président, et épluché 140.000 documents, pour faire la lumière sur les faits et gestes précis de Donald Trump avant, pendant et après cet événement qui a fait trembler la démocratie américaine.

Le milliardaire républicain, qui flirte ouvertement avec l’idée de se représenter à la présidentielle de 2024, dénonce avec véhémence les travaux de la commission, fustigeant tour à tour une " parodie de justice " ou une " chasse aux sorcières ".

Son parti, qu’il contrôle encore d’une main de fer, a d’ores et déjà promis d’enterrer les conclusions de cette commission s’il venait à prendre le contrôle de la Chambre des représentants lors des législatives de mi-mandat en novembre.

Avec AFP